Philosophe

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Ron allait et venait dans la salle commune des Gryffondor, agacé. Une fois de plus, Harry avait disparu il ne savait où et il n'aimait pas ça. Pas du tout.

Il suspectait que Harry s'était une fois de plus attiré des ennuis. Sauf qu'habituellement, il ne les tenait pas à l'écart.

Depuis leur rencontre, ils s'étaient toujours soutenus les uns les autres. Et même s'ils avaient traversé quelques disputes, Harry n'avait jamais affronté une situation potentiellement dangereuse sans aucun soutien.

Il n'y avait pas besoin d'être devin pour deviner que la confrontation avec Voldemort approchait. Et si Ron pouvait s'en rendre compte, il était évident que Harry en avait conscience.

Lorsque Harry avait commencé à s'isoler, la première réaction de Ron avait été d'être vexé. Il s'était senti mis à l'écart et il avait détesté la sensation.

La seule raison pour laquelle il n'avait pas attaqué frontalement Harry pour l'obliger à lui parler avait été que Hermione était elle-aussi mise à l'écart. Et à l'agacement, s'était mêlé une pointe d'angoisse.

Les premiers temps, il avait cru la version que Harry leur servait régulièrement : il avait besoin de s'isoler. Il aurait aimé en profiter pour le rejoindre et échapper ainsi à Hermione et son planning de révisions. Il avait écouté les conseils de leur amie et avait accepté de laisser de l'espace à Harry.

Un seul regard noir de Hermione l'avait convaincu qu'il valait mieux écouter soigneusement ses conseils, plutôt que de mettre la jeune fille en colère.

Mais Harry s'était éloigné d'eux davantage.

Il les avait repoussé inlassablement, encore et encore. Et si au départ Hermione était assez philosophe sur la situation, il était évident qu'elle commençait à bouillir.

Lorsqu'Hermione revint de la bibliothèque, Ron s'immobilisa, comme pris en défaut. Elle fronça les sourcils et secoua ses cheveux en broussaille.

- Il n'est pas encore revenu ?

Ron soupira et haussa les épaules.

- Ça ne t'inquiète pas, Hermione ? Il va finir par s'attirer des problèmes si ce n'est pas déjà fait.

Hermione soupira.

- Habituellement c'est moi qui m'inquiète et vous deux qui dédramatisez.

- J'aimerais savoir pourquoi tu le prends aussi bien ? Pourtant Harry doit briser un nombre incalculables de points du règlement, non ?

La jeune fille regarda un moment dans le vide puis eut un sourire triste.

- Je sais et ça me rend folle. Mais... Je suppose que Harry a besoin de ça pour se sentir mieux.

- Se sentir mieux ?

- Ron ! Voyons ! Tu sais comment il est, il se croit responsable de toutes les victimes des Mangemorts, à chaque fois qu'il y a une attaque. L'affrontement avec Voldemort approche à grands pas. Bien sûr que Harry ne va pas bien, réfléchis un peu !

- Et bien nous sommes là pour lui non ? Il pourrait nous en parler ! Nous sommes ses amis !

Hermione haussa les épaules.

- Harry a peut être besoin de temps.

- Il en a eu du temps. Mais depuis cette attaque à Pré-au-Lard, il a complètement disjoncté. Reconnais-le Hermione, il est différent.

- c'est toujours notre ami !

L'exclamation de Hermione avait figé Ron. Celui ci grogna d'exaspération puis souffla doucement pour se calmer.

- Bien entendu qu'il est notre ami. C'est justement pour ça que je suis inquiet. Il a quitté le cours de divination en furie !

Hermione laissa échapper un léger rire, mais ses sourcils étaient froncés et elle semblait réfléchir intensément à la situation.

- C'est quelque chose que j'ai fait en premier, si tu te souviens.

- Harry n'est pas toi. Il a supporté cette vieille chouette toutes ces années.

- Trewlanney est cinglée. Et elle n'arrête pas de lui répéter encore et encore qu'il va être tué dans d'atroces conditions. Je trouve que Harry a fait preuve d'un remarquable sang-froid jusqu'à maintenant.

Ron tourna le dos à Hermione, furieux qu'elle ne se range pas à son avis, et qu'elle ne semble pas plus inquiète que ça pour leur ami.

- Cependant...

Au ton songeur d'Hermione, Ron se retourna, attendant la suite de sa phrase.

- C'est vrai que Harry est étrange. D'abord cette histoire avec Malefoy, quand il le suivait sans arrêt. Et puis maintenant, il passe son temps à disparaître et ne lâche pas la carte du Maraudeur.

- C'est ce que je me tue à te dire !

- Ron. S'il a la carte avec lui, c'est qu'il ne veut pas que l'on sache où il va ou avec qui. Il faudrait...

Le rouquin la coupa, l'air gêné.

- Le suivre ? J'ai essayé. Il disparaît sous sa carte d'invisibilité et sans ce fichu parchemin...

- En attendant de trouver une solution pour savoir ce qui se passe, on devrait... lui faire un peu confiance et garder l'œil ouvert. S'assurer qu'il ne se précipite pas au devant du danger une fois de plus.

Ron grommela de mauvaise humeur.

- Garder l'œil ouvert ? Il est jamais là ! Ça va être compliqué de surveiller un courant d'air !

Hermione ne voulait pas montrer son inquiétude aussi, elle se força à glousser légèrement.

- Si ça se trouve Harry s'est trouvé une copine et il passe son temps avec elle dans la salle sur demande.

- Il m'en aurait parlé !

Hermione leva un sourcil septique, satisfaite d'avoir détourné Ron de son inquiétude. Face à son air de doute, Ron s'agaça.

- Harry me l'aurait dit ! C'est un peu... entre potes, on se dit se genre de choses, c'est obligatoire !

Cette fois, Hermione ricana.

Ils chahutèrent tous les deux, oubliant leurs inquiétudes, l'attitude étrange de Harry, la guerre et tout ce qui n'allait pas depuis quelques temps. Ils étaient juste deux adolescents, amis proches, profitant d'un moment de répit.

Pris dans le moment - leur moment - ils ne se rendirent même pas compte que tous leurs camarades rentraient les uns après les autres, leur jetant un regard amusé. Ils ne se rendirent pas compte non plus que l'heure du couvre-feu venait de passer.

S'ils avaient fait attention, ils auraient noté que Harry n'était toujours pas rentré de l'endroit mystérieux où il se rendait à chaque moment de libre.

Quand Ron monta dans son dortoir, il jeta un coup d'œil sur les rideaux fermés du lit de Harry. Il se fit la réflexion qu'il ne l'avait pas vu passer... Il hésita un bref instant à vérifier s'il allait bien, mais il décida de l'ignorer pour l'instant. Il lui en voulait beaucoup trop.

S'il avait vérifié, il se serait rendu compte que le lit de Harry était vide de tout occupant.

Obsession irrésistibleUnde poveștirile trăiesc. Descoperă acum