Tremblement de terre

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Drago était fou de rage depuis le départ précipité de Harry. Il ne comprenait pas pourquoi ce serait au Gryffondor de se mettre une fois de plus en première ligne pour le monde sorcier, alors que personne n'avait jamais rien fait pour lui. Il maudissait Dumbledore et ses idées, il en venait même à en vouloir à son parrain qui ne faisait rien pour empêcher le Gryffondor de se mettre une fois de plus en danger.

Peut être qu'à force de le côtoyer il s'était adouci. Il était devenu moins indifférent à ce qui l'entourait. Mais il n'avait pas peur de penser qu'il tenait énormément à l'étrange jeune homme qui l'avait sauvé alors qu'ils étaient ennemis. Il reconnaissait qu'il était terriblement inquiet pour lui, et qu'il voulait qu'il s'en sorte. A tout prix.

A une époque, il se serait agacé de ce constat. Il aurait probablement nié ses sentiments, refusé de considérer le Gryffondor comme un allié, ou même un ami. Il aurait été jusqu'à repousser son aide, même s'il avait dû en souffrir... Mais il avait changé, à cause d'un idiot aux yeux trop verts.

Lorsque le Gryffondor revint, Drago était sur le point de sortir de la chambre des secrets et de tenter sa chance dans les couloirs de Poudlard quel qu'en soit le risque.

En voyant l'expression de Harry, le Serpentard sut tout de suite que quelque chose n'allait pas. Il se doutait bien que la tête de mule à qui il s'était attaché ne dirait pas un mot, et qu'il devrait comprendre lui-même ce qui se passait.

Harry fixa Drago un long moment, l'air grave. Puis il hocha la tête.

- C'est fait.

Le Gryffondor ne pouvait s'empêcher de regarder Drago. S'il avait eu des doutes avant, ce n'était plus le cas. Il se disait que si son sacrifice pouvait sauver la vie du Serpentard alors ça en valait le coup. Il ne comptait pas le lui dire. Pas alors qu'ils avaient atteint une relation proche de l'amitié, pas alors que Drago avait semblé autant en colère lorsqu'il avait compris qu'il allait risquer sa vie.

Il soupira.

- J'ai pas vraiment envie de me disputer avec toi, Malefoy. Pas maintenant.

Contrairement à son habitude, Drago hésita, puis soupira à son tour.

- Moi non plus.

Ils échangèrent un sourire tendu, mais soulagé. Drago attrapa le bras de Harry et l'entraîna à sa suite jusqu'au lit, où ils se laissèrent tomber, assis face à face. Installés confortablement, ils restèrent un moment silencieux. Ce fut Drago qui brisa le silence.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?

Le Gryffondor eut un sourire triste et haussa les épaules.

- Les Mangemorts sont en route vers Poudlard avec Voldemort. Je suppose que ce n'est plus qu'une question de minutes avant que tout ne commence. Les horcruxes sont détruits, donc... Et bien c'est à moi de jouer.

Drago grogna et détourna la tête.

- Pourquoi pas quelqu'un d'autre Potter ? Dumbledore, s'il est un si grand sorcier que tout le monde le prétend, pourrait s'en charger non ?

Harry secoua la tête en signe de négation.

- Il y a la prophétie...

Le blond laissa échapper un ricanement moqueur, et légèrement méprisant.

- Depuis quand les prophéties sont fiables ? Ils sont tous lâches de t'envoyer face à ce monstre !

Le brun se frotta les yeux, passant les mains sous ses lunettes, ne sachant pas comment expliquer la nécessité que ce soit lui qui s'oppose à Voldemort sans révéler qu'il était un horcruxe et qu'il devait se sacrifier pour permettre la mort du mage noir.

- Malefoy...

Drago soupira en abdiquant.

- J'ai compris Potter. Tu iras quoi que je puisse dire. Mais... Juste, ne te fais pas tuer, ok ?

Harry eut un sourire triste, espérant que la vérité ne se lirait pas sur son visage.

- Je ferais de mon mieux.

Le Serpentard soupira dramatiquement en levant les yeux au ciel, exagérant volontairement pour détendre l'atmosphère.

Ils laissèrent échapper un rire un peu crispé.

- Potter... Tu es une fichue tête de mule, tu sais ça ?

Harry gloussa, maintenant amusé.

- Il est possible qu'on me l'ai déjà dit... Mais... merci Malefoy.

- Pourquoi me remercier ?

- D'avoir au moins essayé de... M'en empêcher.

Ils restèrent silencieux, somnolant presque, profitant de la présence l'un de l'autre. Harry se sentait étrangement apaisé, en compagnie de Malefoy et prenait tout le réconfort qu'il pouvait tirer de ce moment. Il serait bien assez tôt pour s'inquiéter de nouveau ou pour se souvenir qu'il ne verrait probablement le prochain lever de soleil.

D'un coup, il y eut un grondement sourd au loin, comme annonciateur d'un tremblement de  terre. Ils sursautèrent brusquement et échangèrent un regard paniqué, les pupilles dilatées par la peur.

Tremblant légèrement, Harry se leva d'un bond et sa voix tremblait légèrement lorsqu'il parla.

- C'est le moment.

Drago ferma les yeux, pour en chasser les larmes qui menaçaient. Puis, en voyant que Harry s'apprêtait à partir, il l'attira à lui et le prit dans ses bras, le serrant contre lui, comme s'il voulait se fondre en lui, lui donner sa force.

Après une légère hésitation, Harry répondit à son étreinte, nichant son visage dans le cou du blond, respirant son odeur et y trouvant du réconfort.

Lorsqu'ils s'écartèrent, leurs yeux brillaient un peu trop, mais ni l'un ni l'autre ne le mentionna. Harry dévisageait Drago comme pour graver ses traits dans sa mémoire - comme s'il ne connaissait pas déjà son visage parfaitement.

- Malefoy ? Tu peux faire quelque chose pour moi ?

Le blond hocha immédiatement la tête.

- Reste en sécurité. Jusqu'à ce que tout soit terminé. Je veux être sûr que tout aille bien pour toi.

- Potter...

- Non écoute. Je ne veux pas risquer d'être distrait. Si tu es en danger...

A contrecœur, Drago accepta. Il aurait aimé l'accompagner sur le champ de bataille, assurer ses arrières autant que possible. Faire en sorte que cette tête brûlée de Potter ne prenne pas de risques inconsidérés, l'obliger à faire attention à lui.

Harry soupira et tourna les talons, s'éloignant lentement. Arrivé à la porte de la chambre, il marqua un arrêt, et parla sans se retourner.

- Drago... Tu es quelqu'un de bien. Ne laisse jamais personne te dire le contraire.

Puis, il partit avant que le Serpentard ait eu le temps de réagir.

Obsession irrésistibleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant