Chapitre 26 : une entaille au cœur.

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Le jeudi matin, Jane prit son petit déjeuner à l'infirmerie et profita de ses deux premières heures de la matinée pour aller se promener dans le parc, loin de tout. Gros-Chien la trouva en très peu de temps, et ils restèrent silencieux, assis près du lac. Jane ne dit pas un mot. Elle n'était plus d'humeur à papoter. Elle savait qu'il faudrait faire comme si, devant ses camarades, et cela la fatiguait déjà. Elle profitait de la compagnie de Gros-Chien pour être elle-même : c'est-à-dire triste, et peu encline au bavardage. Elle arriva juste à l'heure en cours de métamorphose afin de ne pas laisser le temps à Jean et Rosie de poser de questions ; elle se contenterait de les subir à l'heure du déjeuner.


— Jeannot, tu m'écoutes ?

— Hm ? Pardon, non je ne t'écoutais pas du tout, je rêvassais. Tu disais ?

— Je te demandais si ça allait mieux, dit Lise.


Elle s'était jointe à eux pour le déjeuner.


— Oui, oui, éluda Jane d'un geste de la main. Ce n'était rien.

— J'ai remarqué que tu portais toujours les mêmes boucles d'oreilles depuis Noël, elles sont vraiment jolies. C'est un cadeau ?

— Oui, répondit Jane en portant sa main à son oreille gauche. C'est un cadeau.

— Sympa !

— Oui.


Elle repoussa son assiette et croisa les bras sur la table.


— Au fait Jane, commença Rosie, ce matin nous sommes allés voir Hagrid.

— Ah oui ?

— Oui, il nous a dit qu'il avait reçu un courrier samedi lui annonçant que Buck serait exécuté.


Rosie posa sa tête sur l'épaule de Lise, et Jean soupira. Jane ne sut pas comment réagir. Elle ne pensait pas les juges capables de prendre une telle décision. Personne au ministère ne savait donc à quel point Malfoy était vicieux et mauvais ? Elle secoua sa tête de droite à gauche en expirant bruyamment, incapable de prononcer quoi que ce soit face à cette injustice. Elle se sentait démunie. Son malheur n'était pas suffisant ? Il fallait à cela ajouter la détresse de ses amis et l'injustice du ministère ? Elle prit son sac et sortit de table, sans un regard pour ses amis, sans un mot. Ils n'essayèrent pas de la retenir : ils avaient bien compris que ces derniers temps elle avait besoin d'être seule. Elle s'installa devant la salle de métamorphose en tailleur, son carnet sur l'une de ses cuisses. Ses cheveux formaient un rideaux brun autour de son visage. Elle était concentrée sur ce qu'elle dessinait, lorsqu'elle entendit des pas résonner au loin dans le couloir. Elle n'eut pas besoin de regarder qui passait par là ; elle aurait reconnu sa démarche à mille kilomètres ; l'espacement entre ses pas, le bruit de ses chaussures. Une pierre tomba au creux de son estomac et ses entrailles se nouèrent comme jamais elles ne l'avaient fait. Elle voulait qu'il s'arrête près d'elle, qu'il l'embrasse, qu'il lui dise qu'il regrettait tout. Et en même temps, elle aurait préféré qu'il prenne un autre chemin. Il y avait bien assez de couloirs dans le château, non ? Elle inspira son parfum à pleins poumons lorsqu'il passa devant elle, sans s'arrêter, sans lui adresser la parole. Lorsqu'elle ne l'entendit plus, elle leva les yeux : il avait bel et bien disparu de la circulation. Une larme roula sur sa joue, qu'elle essuya d'un revers de main. Les premiers élèves commencèrent à arriver et elle ne voulait pas qu'on la voit en train de craquer.

Dernière année à Poudlard. (OC x Remus Lupin)Where stories live. Discover now