Chapitre 22

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Quelle est la bonne réaction face à une personne complètement hors d'elle ? Louis hurle des insultes, des phrases que je n'arrive pas à comprendre. Il tourne en rond dans la chambre, fait les cent pas. Par moment, il tape le lit du pied mais ne se plaint pas de la douleur que procure le bois solide dans lequel il frappe. Puis la seconde qui suit, je sursaute alors qu’il frappe de toutes ses forces dans le mur.

J'ai pu entendre ses os se briser tellement il y est allé fort. Là, non plus, il ne se plaint pas de la douleur. Il continue de crier. Je ne l'ai jamais vu comme ça et il me fait vraiment peur. C'est un autre Louis que j'ai devant moi, une personne que je ne connais pas. Ses yeux sont sombres et ses pupilles dilatées. Je me sens impuissant face à cette situation ; si je m'approche de lui, je suis presque certain que je vais me prendre un coup. Il est aveuglé par sa colère. Je ne comprends définitivement pas ce qu'il se passe dans sa tête. J'ai beau essayé de lui parler pour qu'il se calme mais il ne m'écoute définitivement pas. Il est devenu sourd par sa colère. Alors j'attends. J'attends qu'il se calme. J'attends qu'il se fatigue.

Cela prend des heures. Je le regarde s'énerver sur tout ce qu'il se trouve. La chambre ressemble à un champ de bataille. Louis s'est éclaté toutes les phalanges, il a même envoyé balader le monsieur de l'hôtel qui était venu demander de faire moins de bruit. Je n'aurais pas aimé être à sa place. Ouvrir une porte pour recevoir des dizaines insultes n'est jamais agréable. Il a donc dû appeler la sécurité. On s'est donc retrouvés dans la rue. Mais ça n'a pas calmé Louis pour autant. Il s'est acharné encore quelques instants dans la petite ruelle, criant sur les passants, tirant dans les cailloux, frappant le mur.

Je le regardais faire de la voiture. Hors de question que je m'épuise à vouloir le résonner dans le froid et surtout sachant que ça ne servirait à rien. Kaya a fait pareil. Elle nous a acheté de quoi manger. On mange en silence en attendant que la crise de Louis se termine. C'est divertissant, nous devons le reconnaître.

« Tu crois qu'il en a encore pour longtemps ? » demande Kaya.

« Je ne sais pas du tout. » avouai-je

« C'est pas que je m'ennuie mais je dois être de retour à la maison bientôt. »

« Je croyais que tu avais arrêté. »

Je sais très bien pourquoi elle est pressée de rentrer. Malgré tous les centres de désintoxications, elle n'a jamais su réellement arrêter. Chaque fois qu'elle ressortait de ces centres, on croyait que c'était définitivement fini. Le premier mois était toujours impeccable. Elle ne touchait plus à rien. Seulement, à partir du deuxième mois, le manque se faisant ressentir, cela rendait les choses plus difficiles. Et même avec toute la volonté qu'elle avait, c'était une force bien plus forte qu'il contrôlait ce désir. Mais chaque fois, la rechute était plus puissante que la précédente. La chute était sans fin, un cercle vicieux. Ne tomber jamais dedans.

Au début, Kaya fumait simplement quelques pets par jours, parce que c'était cool, parce que c'est un comme un rythme de passage, parce que tout le monde essaye une fois, pour simplement dire : « j'ai essayé. ». Puis après, elle s'est mise à fumer de plus en plus, savourant les effets, les découvrant, les testant. Elle essayait la weed dans toute sa splendeur : en fumant de toutes les sortes possibles et imaginables pour découvrir leur effet à chacune d'entre elle, en fumant des royales, en claquant des douilles, en essayant le masque. Tout, elle essayait tout. Cherchant les sensations. Puis une fois encore, quand elle avait tout essayer. Elle s'attaqua à plus fort. LSD.... Elle était arrivée au point de se piquer toute seule comme petit déjeuner. Elle ne vivait que par ça. Sa drogue était sa nourriture.

J'ai essayé de l'aider mais quand je l'ai connue, elle était déjà accroc. Comment voulez-vous aidé quelqu'un qui ne veut pas s'en sortir. C'est impossible même avec toute la volonté du monde. Elle n'a pas été gâté par la vie. La mère de Kaya l'a élevée seule. Enchaînant les mecs, sans se préoccuper de sa fille. Sa mère n'a jamais été en capacité de l'élevée. C'était une grossesse non-désirée et sa mère lui a correctement fait remarquer. Alors, elle a du apprendre tôt à s'occuper d'elle et parfois même de sa mère trop bourrée se plaignant qu'un de ces mecs l'ait rejeté une fois de plus.

« I need you ! » [terminé] Where stories live. Discover now