Chapitre 17. Le reportage

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L'endroit

Octavio se tenait devant la porte d'Ophélie, anxieux. Il avait hésité tout le trajet, et une bonne partie de la nuit précédente, à venir lui parler. Il savait qu'à la minute où il lui parlerait, elle partirait. Cette perspective lui déplaisait doublement, car il se sentait terriblement coupable d'espérer même inconsciemment, même un peu, qu'Ophélie ne retrouve pas son mari. Il était aussi inquiet car elle était capable de se mettre en grand danger. Mais elle devait savoir, elle finirait par le savoir de toute façon et elle ne lui pardonnerait jamais de ne pas l'avoir appris par lui. Elle devait aller au bout de sa démarche, c'était la seule solution si jamais il devait avoir une chance un jour.Alors il frappa à sa porte.

- Bonjour, lui dit-elle d'un ton léger en lui ouvrant sa porte.

Il n'était pas revenu chez elle depuis leur dernière discussion houleuse, et il fut instantanément rassuré de voir qu'elle ne semblait pas nourrir de rancœur à son égard.

- Bonjour. J'ai quelque chose d'important à te dire.

- Octavio, si c'est à propos de ce qui s'est passé la dernière fois...

Elle était déterminée à oublier l'incident et à reprendre leur relation amicale comme si de rien n'était.

- Non, la coupa-t-il, embarrassé. J'ai des informations de gens de l'envers avec qui je travaille, reprit-il. Tu sais que j'essaie de dénoncer les injustices dont ils sont victimes.

Elle acquiesça, fière de la lutte qu'il menait contre les discriminations. Il lui raconta donc les faits que Forrest lui avait rapportés, et vit aussitôt son visage s'illuminer, ce qui l'inquiéta un peu.

- Je ne voudrais pas que tu te fasse de faux espoirs, lui dit-il sur un ton grave. On ne sait pas ce qui s'est réellement passé là-bas, si ça se trouve ces gens qui ont prétendument disparus se sont juste perdus et on les retrouvera demain matin.

- Et il se trouve où ce passage entre les mondes ? lui demanda Ophélie comme si elle n'avait rien entendu.

Il soupira.

- Quelque part sur une terre nouvelle à l'Est, qu'on appelle Dents-du-Dragon, dit-il. En ce moment même il y a des processions de gens de l'envers qui y vont. Et ça a commencé il y a plusieurs mois. C'est assez impressionnant, on dirait qu'ils partent en pèlerinage.

En effet, on pouvait apercevoir sur les bords des routes de Babel et d'ailleurs, des gens de l'envers, par centaines, qui se déplaçaient en silence, en charriots, à cheval, à dos d'ânes et à pieds.

- Tu as une carte ? lui demanda-t-elle.

Après une brève hésitation, il lui tendit une carte du nouveau monde sur laquelle une croix figurait sur un immense lac.

- Merci beaucoup Octavio. Je pars demain. Je ne pourrai pas trouver un dirigeable aussi vite, sinon je serais partie tout de suite.

- Je n'en doute pas une seconde, répondit-il, et je viens avec toi.

Elle écarquilla les yeux.

- Je suis journaliste Ophélie, j'ai un reportage à faire.

A peine Octavio était-il parti qu'Ophélie commença à faire ses bagages, le cœur rempli d'une énergie nouvelle. Bien que l'avertissement de son ami résonnât quelque part à l'arrière de sa tête, elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver de l'allégresse à l'idée d'une piste solide pour retrouver Thorn. En cherchant une veste dans une armoire, elle tomba sur une boîte ronde parfumée à la lavande envoyée par la tante Roseline plusieurs mois auparavant. Le baptême de sa filleule était dans deux jours, comment avait-elle pu oublier sa promesse à Victoire ? Le cœur lourd elle décida qu'elle pouvait prendre 3 jours de retard dans son entreprise. Il fallait qu'elle se rende au Pôle.

L'exode. Une suite du tome 4 de la passe miroirWhere stories live. Discover now