Chapitre 29. Le compte à rebours

1K 38 3
                                    

L'envers, quarante-sept minutes avant l'éclipse

- Qu'avez-vous fait, chevalier ?

Une voix sensuelle de femme venait de se faire entendre. Les généalogistes firent leur apparition, enlacés à la taille.

- Il nous a trompé répondit le chevalier. Il n'a ramené qu'elle, dit-il en montrant Ophélie du menton. Il a toujours eu l'intention de partir seul. Et c'est MOI qui partirai à sa place, dit-il fermement en brandissant sa planche de bois.

L'homme fut secoué par un rire qui retentit dans toutes les têtes, immédiatement imité par sa compagne.

- Pour qui vous prenez-vous puceau imberbe ? Et où croyez-vous aller avec ce joujou ?

Le chevalier fouetta l'air de sa planche de bois. Le généalogiste s'était baissé pour esquiver le coup tandis que sa moitié s'était empressée de passer derrière l'adolescent pour poser ses deux mains de Tactile de part et d'autre de son visage. Thorn fut parcouru d'un frisson des pieds à la tête. Il avait jadis lui aussi été soumis à cette torture. Tandis que le chevalier se tordait de douleur en hurlant, Lazarus émergea du sommeil dans lequel il avait été plongé et se jeta sur la généalogiste, l'attrapant par les genoux ce qui provoqua sa chute.Pendant ce temps, Ophélie avait réussi à défaire les cordes. Ils profitèrent tous deux de la bataille généralisée pour se débarrasser des cordes, sans que personne ne les remarquent, occupés qu'ils étaient, à s'entre-déchirer. Ils fondirent sur la porte ouverte. Ophélie lança un regard en arrière. Le chevalier avait empoigné la généalogiste par les cheveux tandis que le généalogiste torturait Lazarus.

En quelques pas à l'extérieur, Ophélie et Thorn comprirent stupéfaits, l'ampleur de l'obstacle qui s'ouvrait sous leurs yeux. Ils se trouvaient au bord d'un précipice, entourés des sommets des montagnes auxquels la région devait son nom de Dents-du-dragon. Sous leurs pieds, le vide abyssal était empli d'un épais brouillard, qui permettait à peine d'apercevoir quelques bateaux de la taille de fourmis sur la rivière en contrebas. Ophélie fut parcourue par un frisson qui n'était pas seulement le fait de la température glaciale qui régnait à cette altitude.

- Il faut qu'on se cache quelque part, dit-elle, avant qu'ils réalisent qu'on s'est échappés.

- Ce n'est pas logique, répondit Thorn. Lazarus était sur le départ, il pensait pouvoir arriver à la grotte à temps pour l'éclipse. Il doit y avoir un dirigeable caché quelque part.

Ils parcoururent le plateau sur lequel ils se trouvaient avant de se rendre à l'évidence. Point de dirigeable. Soudain Ophélie leva la main vers le ciel et Thorn regarda la direction qu'elle indiquait. Des oiseaux de grande taille fondaient vers eux. Quand ils furent suffisamment proches ils purent constater qu'il ne s'agissait pas d'oiseaux mais de créatures qu'ils n'avaient jamais rencontrées dans leurs vies: des êtres humains avec des ailes.

- C'est Yang, l'esprit de famille. expliqua Thorn. Apparemment ses descendants ont des ailes eux aussi.

Ils étaient cinq. Deux femmes et trois hommes. Yang était de loin le plus grand d'entre eux. Il portait une tunique argentée largement fendue, qui dévoilait une partie des tatouages qui recouvraient son torse. Son crâne était rasé, à l'exception d'une bande de cheveux blancs au centre. Une épaisse barbe blanche couvrait la moitié de son visage. Il vint se poster face à Thorn, qu'il dépassait d'une bonne tête, tandis que ses acolytes se positionnaient autour d'eux. Ophélie et Thorn étaient encerclés.

- Qui êtes-vous ? dit Yang, le visage contracté.

- Je suis Thorn, fils d'Odin et mon épouse est Ophélie, fille d'Artémis.

L'exode. Une suite du tome 4 de la passe miroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant