Chapitre 24. La question

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L'endroit

Ophélie n'arrivait pas à dormir. Qui avait bien pu tuer ces deux malheureux et pourquoi ? Le mystère de leur disparition, de fait résolu, jetait un doute sur l'existence du passage entre les mondes. Elle chassa cette pensée, préférant se concentrer sur le souvenir de sa dernière "conversation" avec Thorn. Il était bien vivant, étrangement proche, même si elle ne pouvait ni le voir ni le toucher. Il était vivant, et c'était la seule chose qui importait à ses yeux à cet instant. Elle alla s'assoir sur un banc à l'extérieur de la ferme et contempla les étoiles, enveloppée dans un plaid. Elle fut surprise quelques instants plus tard, d'être rejointe par Octavio, qui prit place à côté d'elle.

- Pourquoi tu ne dors pas ? demanda-t-elle

- Farouk ronfle aussi fort qu'un ours et Archibald n'arrête pas de se retourner comme une crêpe.

Les hommes dormaient tous dans l'étable tandis que les femmes étaient sur des lits de camps dans le salon.

- Et toi ? demanda-t-il bien qu'il connaissait la réponse.

- Moi ... je n'arrête pas de cogiter. Tu avais raison, on a fini par retrouver les disparus. Et si toute cette histoire n'était qu'une légende ? ou une invention d'un esprit de famille dérangé ? Et si je vous conduisais tous à un piège mortel ?

Elle repensa au jour où Thorn lui avait dit qu'elle avait une capacité surnaturelle à se mettre en danger.

- Du calme cow boy, répondit Octavio. Déjà tu ne conduis personne, on est tous là de notre plein gré. Ensuite, n'oublie pas que ton mari a aussi entendu parler de cette histoire depuis l'envers. Sans parler de tous ces gens qui sont en pleine migration. Ça fait un peu beaucoup d'éléments juste pour une légende. Elle lui sourit.

- Tu as raison, dit-elle apaisée. Mais qui a bien pu tuer ces pauvres gens ? Il haussa les épaules

- Je n'en ai pas la moindre idée. Peut-être un de ces extrémistes qui croient à une race supérieure.

Ils demeurèrent un instant en silence, puis elle lui demanda, sans transition:

- Pourquoi tu te méfies de Forrest ?

Il la regarda d'un air surpris.

- Qu'est-ce qui te fait penser ça ?

- La façon dont tu la scrutes du regard. C'est aussi de cette façon que tu me regardais à l'observatoire avant qu'on apprenne à se connaître.

- Elle cache quelque chose, dit-il, le visage fermé.

- J'ai tendance à oublier que tu es visionnaire, dit Ophélie, réfléchissant à voix haute.

- Moi aussi je cachais quelque chose, reprit-elle. Ça ne signifie pas forcément que c'est quelque chose de mauvais.

- A mon tour de te poser une question. Pourquoi tu cherches absolument à me pousser vers elle ?

Ophélie prit une grande inspiration avant de répondre.

- Parce que tu perds ton temps. Mon cœur est pris, mon âme est prise. Je suis entièrement et définitivement prise, dit-elle en appuyant sur chaque mot.

- Je sais, souffla-t-il en détournant le regard.

- Alors, pourquoi tu te focalises sur ce que tu ne peux pas avoir au lieu de regarder ce que tu as sous les yeux ?

- C'est-à-dire ? demanda-t-il sur un ton légèrement contrarié.

- Elle boit tes paroles, Octavio, Elle te dévore du regard quand tu ne la vois pas. Elle rit à toutes tes blagues même celles qui sont très moyennes.

Il lui donna un coup de coude dans l'épaule. Elle rit, puis bailla.

- Bon, cette fois je vais dormir, dit-elle en se levant.

Elle posa une main sur son épaule. Il la recouvrit de la sienne.

- Bonne nuit, dit-elle en dégageant sa main.

- Bonne nuit.

L'exode. Une suite du tome 4 de la passe miroirTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang