Cet endroit, ce jour

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Une semaine plus tard, Arthur était debout et habillé bien avant les premières lueurs. En vérité, il n'avait pas dormi, et ce n'était pas la découverte du cadavre de sa femme dans un coin de sa chambre à Camelot qui en était responsable. De toute façon, cela faisait plusieurs jours qu'il ne dormait plus là-bas. Avec son armée, il avançait fermement vers Mordred.

La pensée qui l'avait maintenu éveillé à observer l'obscurité du plafond de sa tente était toujours présente dans sa tête. Des hommes allaient mourir aujourd'hui. Un grand nombre d'hommes, même si tout allait parfaitement bien. Rien de ce qu'il ferait maintenant ne pourrait y changer grand chose ; ce jour se déroulerait comme prédit de nombreuses années auparavant. Mais encore et encore, il retournait dans sa tête les décisions qu'il avait prises depuis qu'il avait sorti cette épée du rocher. Aurait-il pu faire quelque chose de différent, quelque chose qu'il lui aurait permis d'éviter ce jour, cet endroit ?

Pendant que l'obscurité dominait encore le ciel, les chevaliers de la Table Ronde vinrent le voir pour dire que les soldats étaient en place et prêts. Avec leur visage de marbre, aucune émotion ne se dévoilait. Pourtant, un étrange mélange d'exubérance et de pessimisme envahissait la tente royale. Léodagan, en fait, avait même un léger sourire sur le visage.

"Une bonne journée pour voir la fin de Mordred, dit-il.

- Si Dieu le veux, ajouta Perceval, nous trinquerons à la victoire avant le crépuscule.

- Mieux vaut ne pas parler de ce qui pourrait advenir, grommela Bohort, cela porte malchance. Le destin décidera pour nous."

Arthur hocha la tête.

"Espérons juste que Dieu ne décide pas d'augmenter le nombre de nos morts."

Les chevaliers sortirent. Si Camelot n'avait pas été attaqué en son sein une semaine plus tôt, ils auraient sûrement été un peu plus optimistes. Là, c'était tout juste s'il arrivait à cacher leur scepticisme sur leurs chances de gagner. Arthur aurait aimé dire qu'il s'en souciait, mais non. Il savait que cette bataille serait sûrement sa dernière, alors ce qui se passerai après ne le concernait plus vraiment. Il mourrait, mais il ferait en sorte d'emmener Mordred dans sa chute.

A la surprise d'Arthur, Y/N rentra dans la tente au moment où il s'apprêtait à sortir. Sa balafre barrait toujours son visage et il ne put s'empêcher, encore une fois, de se demander comme il se l'était faite.

"Est-ce que Merlin est avec vous ? demanda Arthur."

Il s'attendait à ce que le garçon soit collé à l'enchanteur.

"Il est dans sa tente. Il lit des grimoires sur les sortilèges météorologiques."

Arthur fronça les sourcils. Les magiciens n'avaient vraiment aucune idée d'à quel point ce qu'ils disaient ne faisait aucun sens au commun des mortels. Enfin, il n'était pas vraiment le commun des mortels. 

"Je crois qu'il est plutôt énervé, continua le garçon. Le temps perdu à lire au lieu de se mettre en place, sûrement.

- Cela nous énerve tous, dit Arthur d'un ton sec. Dites à Merlin que s'il a besoin d'aide, il peut demander aux magiciens qui combattent aux côtés des soldats. Vous n'êtes certainement pas venu pour me dire que Merlin rumine.

- Euh... non, c'est vrai. Merlin m'a envoyé pour vous demander pourquoi vous tenez tant à mener un groupe de soldat. Après tout, si vous ne vous mettez pas en première ligne, il n'y a aucune raison pour que vous soyez vaincu par Mordred. Et, si vous n'êtes pas vaincu, ça veut dire que ce jour n'est pas le Jour de Camlann.

- Je vais vous poser une autre question, répliqua Arthur. Si je pouvais trouver un moyen d'échapper à mon destin, est-ce que je le mérite ? Affronter Mordred sans aller au combat, c'est comme combattre un enfant. Ce n'est pas vraiment juste, n'est-ce pas ? De toute façon, je ne compte pas chercher Mordred, mais qui peut dire ce qui arrivera ? Il ne se reposera pas tant que nous serons tous deux en vie."

Hermione Granger x Lecteur (Reader) - Les Reliques de la Mort - Livre 7Where stories live. Discover now