Un frisson soudain

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Un coup de vent ouvrit à la volée une fenêtre. Y/N ouvrit les yeux d'un seul coup et se redressa, ses yeux s'agitant follement pour regarder de partout. Ses muscles étaient endoloris, ses paupières encore lourdes, mais il savait qu'il devait être vigilant, qu'il ne pouvait pas se permettre de ne pas l'être. Puis il comprit où il était et son cœur frappa moins fort contre sa poitrine.

Au travers de la fenêtre, la mer s'étendait à perte de vue. Le ciel n'était déjà plus bleuté mais commençait lentement à devenir crépusculaire ; les nuages prenaient une teinte rosâtre ou orangée. À l'intérieur de la pièce, si ce n'était le lit où il était allongé, il n'y avait pratiquement rien. Une petite table dans un coin avec une pile de livres posée dessus, une malle ouverte au bout du sommier, un miroir placé à côté. Il était dans sa chambre, à Tintagel, là où rien ne pouvait lui faire de mal. Il soupira et cligna une fois de plus des yeux pour faire passer la torpeur dans laquelle il se trouvait. Puis il se leva et alla fermer la fenêtre ; ce qu'il pouvait faire froid quand le vent s'engouffrait à l'intérieur.

Il était encore habillé ; sa robe et la chemise qu'il portait dessous se collaient contre sa peau. Son reflet dans le miroir faisait peine à voir. Une tâche foncée empreignait ses vêtements de la base de son cou jusqu'à sa taille et il pouvait la sentir encore poisseuse contre sa peau. Ses cheveux lui arrivaient au bas de la nuque et commençaient très légèrement à se boucler. La barbe que Merlin avait fait apparaître trois mois plus tôt cachait plutôt mal le trait blanc qui barrait son visage au niveau de l'œil gauche. Ses vêtements pendaient mollement, ternes et déchirés par endroits. Une de ses bottes était trouée, laissant apparaître son pied dans une chaussette. En somme, il était au summum de sa forme.

Il entreprit de faire passer la robe par-dessus ses épaules, opération qui s'avéra plus difficile que prévue tant ses muscles le tiraillaient. Quand il réussit enfin à l'enlever, elle tomba avec un flop mou sur le sol. En même temps, un bruit sec retentit sur la pierre. Les baguettes. Y/N se pencha et chercha dans les poches. Il en sortit la baguette en bois d'aulne et, évidemment, la Baguette de Sureau. Elles étaient si différentes, et pourtant elles le servaient toutes les deux. Après un an et demi, la première était comme une amie dans sa main, l'autre lui donnait l'impression d'avoir un halo bleu brillant autour de lui, d'être le plus puissant des hommes. C'est sûrement vrai.

Y/N secoua la tête et posa les deux baguettes sur son lit. Mieux valait éviter de penser comme ça. Il enleva sa chemise – ce ne fut pas plus facile qu'avec la robe – et alla observer sa cicatrice au cou dans le miroir. Les deux points n'étaient plus de la peau un peu rosée comme ça avait été le cas durant sa sixième année – une éternité semblait être passée depuis – mais une peau abîmée et gonflée, pas du tout soignée. Un miracle que Merlin l'ait guérie. Quand l'avait-il fait ? Y/N n'arrivait pas à s'en souvenir. Il finit de s'habiller et récupéra les deux baguettes, les enfonçant dans une poche du manteau qu'il venait de mettre.

Une fois dans les couloirs, il alla directement vers l'atelier de Merlin. Le château était vide mais Y/N avait l'impression d'être observé. Juste là, derrière lui, sur sa droite. Pourtant, quand il regarda, il n'y avait personne. Même pas une fourmi ou une araignée pour justifier son intuition. Ce ne fut pas pour autant que l'impression le quitta pas. Il se retourna trois fois tant elle était forte. Et chaque fois qu'il se retournait, il devenait de plus en plus énervé face à sa propre stupidité. Il n'y avait rien alors à quoi bon se retourner sans arrêt ? Finalement, tant bien que mal, il se força à ignorer la sensation.

Il entra dans l'atelier. Comme la dernière fois, une grande table en bois trônait au centre de la pièce, des dizaines d'outils posés en tous sens dessus et des piles de livres étaient éparpillées partout sur le sol si bien qu'il fallait suivre le chemin tortueux qu'elles formaient pour se déplacer sans que tout ne s'effondre. Merlin était assis sur un tabouret, juste à côté de la table, à moitié caché par une toile tendue sur une planche de bois alors qu'il... peignait. Depuis quand Merlin peignait-il ? Question idiote, bien sûr que Merlin peignait, depuis plus de vingt ans. Comment le savait-il ? Y/N essaya de se rappeler d'un moment où on le lui aurait dit, mais rien ne lui vint à l'esprit.

Hermione Granger x Lecteur (Reader) - Les Reliques de la Mort - Livre 7Where stories live. Discover now