Hermione Granger x Lecteur (Reader) - Les Reliques de la Mort - Livre 7

Ceux qui se battent

"Je regrette, dit froidement Voldemort."

Il se détourna. Y/N ne sentait aucune tristesse en Voldemort, aucun remord. Le Seigneur des Ténèbres sortit de la pièce dans un grand mouvement de cape, sans un regard en arrière, et le grand serpent le suivit, flottant derrière lui dans son immense sphère protectrice. Le moment était venu de reprendre le commandement des opérations, avec une baguette qui, à présent, lui obéirait pleinement. Du moins le croyait-il.

Y/N ne pouvait empêcher Pendragon de hurler à l'imposture, de rager que la Baguette de Sureau était sienne. Voleur ! Usurpateur ! Elle est à moi ! À moi, et à moi seul ! À MOI !

Il avait envie de crier en retour, d'ordonner à celui qui s'était définitivement loger à l'arrière de son crâne de partir et de dépérir sans un bruit. Mais il n'y arrivait pas. La colère de Pendragon était trop semblable à la sienne. Et il avait peur. Peur car il n'était même plus capable de savoir qui de lui ou Pendragon était le plus en colère, peur car il ne savait même pas exactement pourquoi il était lui-même en colère, peur car il ne savait pas si la colère qui le prenait était la sienne ou simplement celle de Pendragon. Il avait peur que ce ne soit Pendragon qui prenne le plus de place dans son propre esprit. Étaient-ce par sa propre colère que ses mains tremblaient alors qu'elles couvraient les oreilles d'Hermione, ou bien par celle de Pendragon ?

Un flash de douleur le ramena à la réalité, au tunnel dans lequel il se trouvait et à la caisse qui bloquait le passage ; dans son effort pour ne pas crier, il avait mordu jusqu'au sang dans sa joue. Il jeta un coup d'œil au travers de la fente minuscule entre la caisse et le mur et vit un pied chaussé d'une botte noire qui tremblait par terre.

"Harry ! murmura Ron."

Mais Harry avait déjà pointé sa baguette sur la caisse qui bouchait le passage. Elle se souleva de deux centimètres au-dessus du sol et s'écarta sans bruit. Le plus silencieusement possible, Harry se faufila à l'intérieur, et Y/N le suivit rapidement avec Hermione et Ron.

Le visage de Rogue était livide et ses doigts essayaient inutilement d'arrêter le flot de sang qui coulait de la plaie béante dans son cou. Y/N ne savait même pas ce qu'il ressentait pour cet homme en ce moment. Pas de la haine – certainement pas –, ni de la colère ; c'était Pendragon qui fulminait, pas lui. Non, juste un profond sentiment de... vide ? Peut-être était-ce la description la plus proche de ce qu'il ressentait. Du vide. Rogue, qui avait servi Voldemort, qui l'avait aidé... Mais aussi Rogue qui avait tué Dumbledore, non pas pour Voldemort, mais pour Dumbledore lui-même, qui avait trompé Voldemort... Cet homme qui ne pouvait être aimé, pour lequel on ne pouvait pas totalement éprouver de la pitié, quelles qu'aient été ses motivations, laissait un étrange sentiment de vide par son agonie.

Les yeux de Rogue se posèrent sur Harry. Il essaya de parler. Lorsque Harry se pencha, Rogue saisit le devant de sa robe et l'attira vers lui. Un râle, un gargouillement abominable sortit de sa gorge :

"Prenez... les... Prenez... les..."

Quelque chose d'autre que du sang ruisselait du visage de Rogue. D'un bleu argenté, ni gaz, ni liquide, la substance jaillissait de sa bouche, de ses oreilles, de ses yeux.

Frénétiquement, Y/N glissa une de ses mains dans le sac en perles d'Hermione et en sortit une flasque qu'il tendit à Harry. À l'aide de sa baguette, Harry y versa la substance argentée. Lorsque la flasque fut pleine et que Rogue sembla ne plus avoir en lui une goutte de sang, l'étreinte de sa main sur la robe de Harry se desserra.

"Regardez... moi, murmura-t-il."

Peut-être que le regard de Harry croisa celui de Rogue à ce moment, mais Y/N ne le sut jamais. Un instant plus tard, quelque chose s'éteignit au fond du regard sombre qui devint fixe, terne et vide. La main qui tenait encore Harry retomba avec un bruit sourd, et Rogue ne bougea plus.