CHAPITRE 1

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- Fais gaffe, devant toi ! M'avertit Livaï qui volait au dessus de moi.

Mes grappins s'enfoncèrent dans la pierre pourrie du mur qui me faisait face, traversant froidement les entrailles d'un soldat des brigades spéciales. J'appuyais à plusieurs reprises sur la gâchette permettant de récupérer mon filin d'acier, mais j'étais bloquée dans le corps de l'homme que je venais d'abattre. Pendue au bout de mon câble, j'hurlais le prénom de mon mari alors que les brigades m'encerclaient.

- Cette fois, on la tient !

Je poussais sur mes pieds, provoquant un mouvement de bascule et essayai tant bien que mal d'arracher le grappins.

Putain, même morts ils arrivaient à me faire chier !

Le sang giclait partout sur mon visage, un million de gouttelette envahirent même ma bouche. J'étais écœurée, et mon cœur battait à mille à l'heure dans ma cage thoracique. Si je ne sortais pas vite d'ici, je serais bonne pour être donnée en pâture aux pauvres types qui vivaient à la surface.

Je n'avais plus qu'une seule issue. Nous étions à plus de dix mètres de hauteur et la chute me serait sûrement fatale, mais qui ne tente rien, n'a rien ! Je saisis le canif niché contre ma cuisse, et coupai mon câble d'un seul coup de lame.

- Merde ! Jura un des soldats, la laissez pas filer !

La vitesse à laquelle le sol se rapprochait me donnait le vertige, et je me recroquevillai sur moi-même pour amortir ma chute. Mais je continuai à voler, emportée par le petit voyou que j'avais épousé, un mois plus tôt.

- J'ai cru que tu n'arriverais jamais ! Lui lançai-je alors que nous nous engouffrions dans une maison abandonnée.
- Et j'ai cru que tu ne couperais jamais ton putain de câble, renchérit-il en me posant doucement sur le sol.

J'inspectai son corps à travers sa chemise blanche et son pantalon noir, m'assurant qu'il n'avait pas été blessé lors de cette petite dispute avec les niais envoyés par le gouvernement.

- J'ai rien, arrête.

Sa main se verrouilla fermement sur mon poignet, m'écartant de son buste que je tâtais encore. Livaï était la chose la plus précieuse que je possédais, et j'avais ce besoin urgent de toujours m'assurer qu'il aille bien.

- Isabel et Furlan ont pu fuir ? Demandais-je, inquiète pour nos coéquipiers.
- Ils sont sûrement déjà rentrés. Si tu ne narguais pas constamment les brigades spéciales, on serait déjà à la maison, nous aussi.

Sa mine boudeuse s'intensifia, et il prit cet air qui me faisait toujours sourire. Ce petit minois avait revêtit une mine fâchée, et ses sourcils étaient froncés. C'était parti pour les remontrances hebdomadaires.

- J'en ai ras le cul de te courir après pour t'arrêter. Un jour tu te feras prendre, tu le sais ça ?
- Mais non ! Le rassurai-je en m'agrippant à son cou, et faut bien leur montrer de quoi on est capables, à ces nazes.

Il déposa un baiser furtif sur mes lèvres, puis replaça une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Le contact de sa peau contre la mienne me fit frissonner et j'enfonçais un peu plus ma joue contre sa paume, lorsque sa main s'était posée sur mon visage. Son autre main s'affairait à éponger le sang du soldat qui gisait toujours sur ma joue.

- Tu dois faire attention à toi, tu sais que je ne pourrais pas vivre sans toi, se confia-t-il, le regard vissé dans le mien, je t'interdis de mettre ta vie en danger juste pour t'amuser.

J'embrassais ses lèvres à mon tour.

- Je te promets de faire plus attention.

Il leva les yeux au ciel, conscient que je n'en ferais qu'à ma tête à notre prochaine escapade en pleins « ciel ».

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now