CHAPITRE 37

721 39 40
                                    

BELLE

57 eme expédition extra muros

Forêt d'arbres géants

Nos rires s'élevèrent vers les hauteurs de ses sapins immenses, alors qu'Auruo se ridiculisait à vouloir agir comme Livaï. Petra se fichait de lui ouvertement par quelques remontrances, l'invitant à ne plus imiter leur caporal-chef. Il aurait beau tenter de reproduire la prestance et le charisme du noiraud, Auruo n'y arriverait jamais. Il n'avait pas ce... magnétisme si particulier que le chef de rang dégageait. Livaï était fait pour diriger, depuis toujours et sans trop d'efforts, ce qui n'était évidemment pas le cas de l'homme de dix-neuf ans qui en paraissait quarante. Cela dit, il s'intégrerait parfaitement dans un groupe de saltimbanques.

Eren aussi avait l'air détendu, et le savoir en sécurité désormais avait fait chuter la pression qui m'avait mise hors de moi, une demie heure plus tôt. Il était évident que je m'attachais à ce môme de plus en plus, et bien sûr, cela avait forcément à voir avec ce qui nous liait, tous les deux. J'agissais de sorte à ce que personne ne remarque cet instinct presque maternel qui prenait le dessus quand il s'agissait d'Eren, en le dénigrant, et en l'ignorant la plus part du temps. Mais la réalité était tout autre. Même si mon fils était parti sans que je n'ai pu endosser le rôle le plus important de toute ma vie, j'avais quand même pu développer, durant ma grossesse, cette chose si particulière, dont toutes mères possédaient : besoin irrépressible et incontrôlable de vouloir protéger son enfant à tout prix, et au dépend de sa propre vie. Alors je pouvais aisément comparer ce sentiment à la façon dont j'agissais avec l'adolescent.

Après tout, peut être que cela n'avait rien à voir avec son titan. Peut être étais-je simplement touchée par sa condition d'orphelin. J'en étais une moi aussi, et j'aurais donné n'importe quoi pour qu'un adulte se soucie de moi. De nous.

— Pourquoi vous ont-ils caché le réel but de cette mission ? Questionna Eren, l'air préoccupé, vous dites faire aveuglément confiance au caporal-chef, mais ça n'a pas l'air d'être réciproque.
— Le major Erwin a vu juste en imaginant qu'il se cachait un traitre dans nos rangs, si nous avions été mis au courant, l'information aurait pu fuiter, et alors l'ennemi se serait préparé en conséquence, expliqua Erd en changeant ses bouteilles de gaz.
— Livaï vous fait confiance, ajoutais-je en imitant mon collègue, il ne doutait pas une seule seconde de votre innocence.
— Vous étiez au courant ? S'insurgea l'adolescent du groupe, ses billes vertes posées sur moi.

M'en voudraient-ils d'avoir été mise dans la confidence alors que j'étais la suspecte parfaite ?

— Partiellement, je n'avais pas connaissance de cette partie là du plan, répondis-je en balayant du regard la nature qui nous entourait.
— Ce doit être difficile de concilier travail et mariage, remarqua Petra, je ne sais pas si j'en serai capable. Par exemple, tu ne savais pas tout du plan, en veux-tu au caporal-chef pour ça ?

Un petit rire m'échappa malgré moi, amusée par ce côté enfantin que la petite rousse dégageait. Évidement que je n'en voulais pas à Livaï de m'avoir dissimulée le reste des opérations. Il y avait forcément une raison valable derrière cette décision.

— Je ne lui en veux pas, mais tu dis vrai, c'est difficile de concilier les deux, vous avez pu le constater tout à l'heure d'ailleurs.

Ils rirent à leur tour, tandis que je secouais la tête, presque honteuse de mon propre comportement. J'avais eut l'air d'une folle à brailler pour qu'Eren se transforme, alors qu'il avait simplement fallut que je fasse confiance à Livaï, comme l'avait fait le reste de l'escouade. Je m'en voulais, quelque part, et j'espérais que lui ne serait pas trop fâché contre moi à notre retour au QG. 

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now