CHAPITRE 44

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BELLE

Mes paupières s'ouvrirent brutalement, alors qu'une chaleur puissante s'était faufilée le long de mon échine. Je fis sursauter Livaï, certainement perdu dans ses pensées alors qu'il n'avait pas lâcher le prêtre une seule seconde. Je me redressai, et aperçu une lueur d'effroi sur le beau visage de ma moitié, surpris par mes soudaines pupilles vertes.

— Désolée, soufflais-je, tiraillée entre mes pensées et les émotions d'Eren qui fusaient dans ma tête, je ne voulais pas te faire peur.

Il positionna ses paumes contre mes joues, les traits plus détendus.

— Tout va bien, dit-il doucement, tu sais ce qu'il se passe ?

La voix d'Eren me parvenait difficilement, comme si le fait que ça ne me soit pas directement adressée m'empêchait de déchiffrer ses mots. Mais ses sentiments me frappaient en plein cœur, et je pris une grande inspiration pour tenter de dissocier ses émotions des miennes. Si je ne me maîtrisais pas, je serais vite submergée et je n'hésiterai pas à mettre le cap vers le mur rose.

— Il se sent trahi. Il est en colère, mais je ressens de la peur aussi.
— Je crois qu'Hansi avait raison à propos des ceux gamins, en conclut-il, rien d'autre ?

Je fis non de la tête et entrepris de masser mes tempes pour diminuer le mal de crâne qui prenait doucement place. Le fait de lutter pour ne pas le rejoindre me demandait un effort mental énorme. Ressentir toute cette détresse me tordait l'estomac, si bien que je pris l'initiative de m'agripper au banc pour m'empêcher de bouger.

— Il te force à venir, c'est ça ?
— Non, j'ai envie... besoin, me rectifiais-je, de le rejoindre.
— T'as besoin de te changer les idées surtout, on va aller prendre un petit déjeuner. Ça te va ?

Je frottai mes yeux pour éclaircir mon esprit, et inspirai profondément afin d'y chasser Eren. C'était cause perdu, mais j'arrivais tout de même à le foutre dans un petit coin, et à baisser le volume du bazar qu'il engendrait.

Le pasteur était toujours là, une mine horrifiée plaquée sur le visage. Je n'aurais pas été surprise qu'il ait eut la vision d'un mort, mais visiblement j'étais là seule responsable de son état. Raidis au fond de la charrette, il avait placé le plus de distance possible entre nous, comme si une proximité le condamnerait à l'enfer.

— Je... je ne pensais pas voir cela de mes propres yeux un jour, balbutia-t-il en me pointant du doigt.
—  Voir quoi ?
— Vous, ces yeux maléfiques, cette aura démoniaque...

Je me levai d'un bond, n'en pouvant plus d'entendre ce dégénéré m'insulter sans conséquences. S'il n'avait pas assez dormis, je l'assommerais avec joie pour lui permettre un petit somme forcé. J'approchais donc, tandis qu'il se recroquevillait sur lui même pour ne pas recevoir mon poing en pleins visage. Pour contrer sa piètre défensive, j'agrippais le col de sa longue robe noire, et il prit presque naturellement position debout, droit comme un piquet. Nick tenta de repousser ma main afin que je le lâche, mais il ne faisait pas le poids face à cette force qu'il qualifiait lui-même de surhumaine.

J'amenais mon coude vers l'arrière, le poing serré, prête à lui casser une partie de sa dentition. Mais je fus coupée dans mon élan. Mes phalanges s'écrasèrent contre la paume de Livaï, qui s'était placé tout prêt de mon supplicié pour le protéger.

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now