CHAPITRE 33

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Je me laissai tomber sur le lit, et fit se soulever une fine pellicule de poussière tout autour de ma silhouette affalée sur l'épais matelas qui y était apposé. J'éternuai à plusieurs reprise, avant d'en être extirpée par Livaï qui m'avait tirée par le bras.

— Pourquoi tu te fous là dedans alors que c'est dégueulasse ?
— Je suis épuisée ! Boudais-je en croisant les bras sur ma poitrine.

Le déménagement de Trost jusqu'au nouveau QG, un immense château abandonné à l'extérieur des murs, fut éprouvant. Il avait fallut rassembler l'entièreté de nos affaires, des vivres, des documents, des équipements et de tout ce qui permettait au bon fonctionnement de la logistique du bataillon d'exploration, dans plusieurs charriot pour les ramener jusqu'ici, tout en éliminant les titans qui nous barraient la route, évidemment. Le voyage avait duré plusieurs heures, et nous devions maintenant nettoyer de fond en comble cette demeure qui avait déjà servis de QG au bataillon, plusieurs années auparavant.

— Alors c'est ici que t'as commencé ton service ? Demandais-je en passant mes doigts sur la commode pour apprécier la tonne de poussière qui s'y était déposée.
— Ouais, affirma-t-il en déposant les sacs contenant nos affaires, mais je n'avais pas cette chambre. Je dormais au premier, c'est là qu'ils foutent les recrues, les chambres sont petites et les douches communes.
— Oh, pas terrible.

Nous avions été logés au dernier étage, celui réservé aux hauts gradés. Les chambres étaient très spacieuses, et elles étaient toutes dotées de leur salle de bain privatives.

— Je commence à prendre goût aux privilèges que t'octroies ton grade, admis-je en déposant un baiser sur ses lèvres alors qu'il nouait un foulard dans ses cheveux.
— Mon grade ne te dispense pas de te joindre à moi pour le ménage, tu le sais ça ?

Je roulais des yeux et lui fit dos pour qu'il puisse apposer un foulard dans mes cheveux.

— En tant qu'épouse du caporal-chef Livaï, meilleur soldat de l'humanité et héros de tous les gamins du pays, je devrais quand même pouvoir être dispensée.

Délicatement, il fit passer les pans du tissus blanc sous la couette haute que j'avais soigneusement élaborée ce matin, et effectua un noeud pour sécuriser le fichu.

— En tant qu'épouse du caporal-chef, tu as deux fois plus d'efforts à fournir que les autres pour prouver que ma réputation n'a rien à voir avec tous les compliments qu'on fait sur toi.

Livaï apposa un deuxième carré blanc plié en deux sur l'arrête de mon nez, couvrant le bas de mon visage, qu'il attacha à l'arrière de mon crâne.

— Super, j'adore avoir plus de boulot que les autres, maugréais-je à travers le tissus épais qui tombait sur mes lèvres.

Parés à faire face à cette saleté qui envahissait les lieux, il me tendit plusieurs chiffons et un balais, que je calais sous mon aisselle pour pouvoir tout prendre d'un coup.

— Commence par notre chambre, on est sûrs de bien dormir cette nuit. J'attribue le reste à l'escouade et je reviens t'aider.
— Oui, caporal-chef.

Il prit la direction de la porte, tandis que je me mettais déjà à l'ouvrage en commençant par désinfecter la commode qui pourrait déjà accueillir nos sous vêtements et pyjamas. Mais il fit demi tour et déposa son index sous mon menton pour me forcer à relever la tête.

— Je ferais en sorte que tu ne croises pas Eren, mais si c'est le cas, je t'interdis de t'en approcher, c'est clair ?

Je levais un sourcil, et le toisai d'un mauvais œil.

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now