CHAPITRE 49

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BELLE

Malgré le brouhaha environnant et les secousses qui meurtrissaient encore plus mon pauvre corps, je souriais encore, amusée de mourir en ayant tout de même réussi à fermer la bouche de cette emmerdeuse. Je savais que jamais elle ne pourrait obtenir l'affection de Livaï, et cela suffisait à me rendre béate. Ma supposée mort nous avait séparés durant cinq longues années. Cinq années durant lesquelles il avait fait vœux de chasteté. Ses lèvres n'avaient embrassé que les miennes, sa langue n'avait glissé que sur ma peau, et ses mains n'avaient exploré que mes courbes. « Jusqu'à ce que la mort vous sépare » ne s'appliquait pas à nous, car même elle ne pouvait nous priver de l'amour inconditionnel que nous nous portions.

Blanche avait fermement empoigné son épée au creux de ses deux paumes. Elle n'avait visiblement vraiment plus le temps de s'amuser. Les bras levés au dessus de sa tête, et alors qu'elle était prête à m'asséner le coup de grâce, du sang m'explosa en plein visage, et la seconde d'après, son corps s'était lâchement écrasé sur le sol bleu de la grotte.

Je concentrais mes dernières forces sur mon oeil droit pour l'obliger à y voir plus clair. Livaï se tenait là, debout, une lame pleine de sang à la main. Il ne s'attarda pas une seule seconde sur sa victime, la dégageant sans ménagement d'un coup de pied pour lui laisser place prêt de moi. Ses genoux rencontrèrent le cristal, et son épée frappa le sol, dans une musique cristalline presque agréable.

— Tu... tu... tentais-je de dire, incapable de respirer correctement.

Il comprima ma poitrine de ses deux paumes, là où du sang s'échappait encore en grande quantité.

— chut, chuchota-t-il presque, comme si le seul son de sa voix pouvait davantage me blesser, ne fait pas d'efforts inutiles.

Ma poitrine se soulevait rapidement par petits à-coups. Chaque inspiration était une torture, et j'implorai Livaï. Je l'implorai de m'aider à en finir avec cette douleur abominable qui pulsait dans chaque partie de mon corps presque inerte.

— Tu... insistais-je malgré moi, tu... es... venu...

Une larme roula le long de sa joue, puis une autre l'avait suivit. Il ne changea pas d'expression cependant, revêtant cette moue légèrement inquiète, qu'il avait voilé d'un joli sourire pour me rassurer. J'étais certaine que son coeur se brisait à cette vision. Celle de sa femme presque morte, gisant dans son propre sang et incapable de respirer correctement.

— Je te retrouverai toujours, petit chat, maintenant tais-toi. Garde tes forces pour te régénérer.
— Je... je...

Il déposa sa paume droite contre ma joue, y transférant de l'hémoglobine par la même occasion.

— Ménage toi, Belle, s'il te plaît, implora-t-il, larmoyant.
— Je... ne peux... plus.
— Te régénérer ?

Je hochais doucement de la tête, si doucement que s'en était presque imperceptible. Chaque mouvement, même minime, accentuait l'agonie, d'autant plus que tout autour de nous avait l'air d'être sur ne point de s'écrouler. Je ne saisissais pas bien la situation, mais l'urgence se lisait sur le visage de mon époux.

— Tu y arriveras, tu n'as pas le choix.

Sa voix n'avait plus son ton habituel. Celui qu'il arborait constamment : calme, impassible, froid. Alors que le caporal-chef était indéchiffrable habituellement, à ce moment précis, chacune de ses émotions traversaient les vibrations que ses cordes vocales produisaient : tristesse, colère, inquiétude.

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⏰ Last updated: Jun 14, 2023 ⏰

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