CHAPITRE 21

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- PDV LIVAÏ -

À genoux devant le cercueil blanc que j'avais choisis pour elle, pur et délicat comme Belle l'était, les paumes maintenant fermement le bois qui le constituait, j'écrasais mon front contre la surface lisse et froide, incapable de rester debout plus longtemps, épuisé par le flot de larmes que je n'arrivais plus à arrêter. Je n'étais pas le seul à pleurer un être cher, dans cette pièce remplis de dépouilles des autres soldats morts au combat, mais je ne prêtais pas attention aux familles réunies pour un dernier au revoir, bien trop concentré sur ma femme, allongée, vêtue d'une robe blanche je lui avais passée ce matin même.

- Je suis là, Livaï, murmura-t-elle en caressant ma joue.

J'enfonçai un peu plus mon visage contre sa paume, profitant de ces derniers moments avec elle.

- Ne t'en vas pas, je t'en supplie, implorais-je.
- Je serais toujours là...

Dans un sursaut, je m'extirpais du lourd sommeil dans lequel j'étais plongé, et découvrit Belle, accoudée sur le matelas, me chuchotant de me réveiller de sa voix douce et brisée par le long somme de deux jours qu'elle avait effectué. J'enroulais mes bras autour de son buste, entièrement enveloppé dans des bandages qui maintenait sa poitrine et l'ensemble de sa cage thoracique, et la tirai contre moi, humant le parfum fleuris que dégageait ses cheveux. J'avais demandé à Hansi d'effectuer ses soins dans notre chambre, plutôt que dans l'infirmerie où plusieurs blessés étaient en convalescence. Belle avait besoin de repos et il était hors de question qu'elle partage une pièce avec d'autre personnes. Alors j'avais collé mon fauteuil au lit, attendant, impatient, qu'elle se réveille.

- Doucement, gémit-elle de douleur, j'ai sacrément mal aux côtes.
- Excuse-moi, petit coeur, répondis-je en desserrant légèrement mon étreinte, j'ai cru que tu ne te réveillerais jamais.

Elle se réfugia contre mon cou, s'incrustant un peu plus encore contre moi, tandis que je tirais ses jambes vers les miennes pour l'assoir sur mes genoux.

- C'est de ma faute, avouais-je en embrassant son front, je t'ai brisé plusieurs côtes en effectuant un massage cardiaque.

Elle se recula légèrement, juste de quoi pouvoir me regarder. Son œil droit était totalement recouvert de bandages, et mon cœur se serra en imaginant la souffrance qu'elle avait dû éprouver lorsqu'elle l'avait perdu.

- Tu veux dire que j'étais...?
- Morte, continuais-je à sa place alors qu'elle avait laissé sa phrase en suspens.

Je rabattais une mèche de ses cheveux derrière son oreille et vins caresser chaque parcelle de son visage dénué de tissus blanc.

- Je ne me souviens de rien, dit-elle dans un souffle, et les autres, tu as pu les sauver, eux aussi ?

Sa pupille m'implorait de lui apporter une bonne nouvelle. Mais je n'eus pas d'autres choix que de faire non de la tête, incapable d'émettre à voix haute ce qui la briserait davantage. Sa petite mine fatiguée se décomposa, et ses lèvres tremblèrent légèrement. Cependant, elle ne pleura pas, intériorisant la tristesse qui la submergeait.

- Je suis responsable de tout ça, se confia-t-elle en reposant sa tête contre mon torse, s'ils ont désobéis à tes ordres c'est à cause de moi.

Délicatement, j'enroulais une mèche de ses cheveux autour de mon index.

- Rien de tout ça n'est de ta faute, Belle. Un jeune a survécu, lui aussi, et il a pu nous raconter tout ce qui s'est produit en mon absence. Lorsqu'on a récupéré ton équipement tridimensionnel, on s'est rendu compte qu'un des câbles avait été saboté. Quelqu'un a tenté de te tuer, lui expliquais-je
- Je sais, dit-elle simplement, comme si tout ça était anodin, c'était Achille.

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now