CHAPITRE 13

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- PDV LIVAÏ -

Je la cherchai du regard depuis le début du repas. Mais elle n'était jamais venue. Je soupirai, repoussant mon plateau, l'estomac noué. Je n'arrivai plus à la comprendre, à la discerner. Et ça me faisait mal. Mal de ne pas être capable de lui venir aide. Mal de ne pas pouvoir la sauver de ses propres démons. Je la voyais s'enfoncer dans sa détresse, impuissant.

Je ne l'abandonnerais pas, évidemment. Et j'étais même prêt à plonger dans les ténèbres avec elle. Cette femme résumait à elle seule ce autour de quoi mon existence tournait.

Autour d'elle.

Amoureux n'était pas le mot que j'utiliserais pour décrire l'amour que je lui portais. Et j'avais beau chercher ce qui pourrait s'en rapprocher, j'en étais incapable. Rien n'était assez fort pour représenter ce que je ressentais pour Belle. L'univers lui même n'était pas assez vaste pour contenir tout ça. Mon cœur brûlait à la simple idée qu'elle puisse m'échapper. Passer ces dernières années sans elle m'avait détruit, et il était hors de question que je revive ça. Elle était de nouveau là, prêt de moi, et plus jamais elle ne me filerait entre les doigts.

Je n'écoutais plus la conversation qu'Erwin et Nanaba avaient entrepris sur les stratégies de l'expédition à venir, l'esprit bien trop pris par ma femme. Ils avaient l'air tous en effervescence à l'idée de franchir les murs une nouvelle fois, alors que ce ne serait qu'un bain de sang, qui n'aurait mené à rien, comme d'habitude. Je n'arrivais pas vraiment à comprendre leur engouement, et toutes ces vies perdues vainement me rendaient malade. On avançait à rien dans nos recherches, et on ne tirait rien de l'ennemi. Ils n'étaient qu'un tas de chair à abattre, même si Hansi était persuadée du contraire, en expérimentant tout et n'importe quoi sur les titans qu'elle arrivait à capturer vivant.

- Caporal-Chef Livaï ?

Je levais les yeux des petits pois que je malmenai du bout de ma fourchette, les posant sur Pétunia, postée devant notre table.

- Quoi ?
- Belle ne viendra pas ? Je lui ai réservé une place à côté de moi, m'expliqua-t-elle en pointant du doigt la chaise vide près d'Achille.
- Je ne pense pas, répondis-je simplement, aussi déçu qu'elle.
- Oh, je vois. Dois-je lui faire de la place dans ma chambre ?

Ses pupilles brillaient d'excitation à l'idée de partager son dortoir avec Belle, et pour cause. Elle passait son temps avec des hommes, l'arrivée de ma femme dans l'équipe devait ravivé son quotidien de soldate. Elle allait enfin avoir de la compagnie féminine.

- Pas pour l'instant, elle doit rester sous ma surveillance pour le moment.

Un sourire franc se dessina sur ses lèvres fines.

- Donc elle pourra peut être me rejoindre un jour ?

Elle sautillait sur place, et je roulais des yeux face à son comportement enfantin. À vrai dire, elle n'avait que dix-neuf ans et je ne pouvais pas lui en vouloir de se comporter ainsi.

- Sûrement. Va manger maintenant, lui ordonnais-je alors qu'elle réouvrait déjà la bouche pour débiter encore des conneries.

Elle hocha la tête, fit le salut militaire et disparu enfin de mon champs de vision. Cette gamine était un vrai moulin à paroles et lui coudre la bouche me démangeait souvent les mains.

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now