CHAPITRE 22

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- PDV LIVAÏ -

Les yeux brillants face à l'étendue de fleurs aux couleurs éclatantes, qui scintillaient presque sous les rayons de l'astre diurne, Belle ne prononçait plus un seul mot. Subjuguée par tant de beauté, elle resta immobile face à ce champs fleuri, les cheveux s'envolant doucement derrière elle, sous la légère brise qui s'abattait tranquillement sur nous. Sa bouche était légèrement entre ouverte, ébahie, éblouie par cette sublime nature qui nous offrait bien plus que tout ce que l'argent du monde pouvait le faire.

— C'est... magnifique, murmura-t-elle, envahie par l'émotion.

Une larme roula lentement sur sa joue, rapidement balayée par le vent. Elle avait toujours été très émotive, et je la reconnaissais bien là. Belle était de ses filles qui, malgré ce qu'elle laissait paraître, se laissaient facilement submergée par leur sensibilité. Elle avait beau réussir à jouer un rôle, faisant d'elle une femme froide et distante, elle était, en réalité, tout le contraire. Elle ne se dévoilait que devant les personnes chères à ses yeux, et prendre le temps de briser la glace qui l'entourait en valait la peine.

Elle était la petite créature la plus douce et attentionnée que j'avais pu rencontrer. Son comportement au sein d'un groupe qu'elle ne connaissait pas tranchait avec la vraie elle.

La vraie Belle n'était pas méchante. La vraie Belle n'était pas impassible. La vraie Belle n'était pas impitoyable.

Ma Belle était compatissante, fougueuse, expressive et amoureuse.

— On peut s'assoir tu crois ? Demanda-t-elle en s'accroupissant pour respirer l'odeur qui se dégageait des végétaux au bariolage harmonieux.
Évidemment, viens.

J'attrapai sa main pour l'attirer vers le centre de l'immense parterre de fleurs qui s'étendait à perte de vue et apposa ma veste au pied d'un arbre pour que l'on puisse s'y assoir. Adossé contre le chêne qui avait l'air d'être plus vieux que les murs qui entouraient le pays, j'invitais Belle à me rejoindre. Elle posa sa tête sur mes cuisses, s'allongeant perpendiculairement à moi, les jambes repliées. Sa robe glissa lentement le long de ses cuisses, dévoilant presque l'entièreté de ses jambes blanches et délicates. Si nous n'avions pas été seuls, j'aurais certainement rabattu le vêtement sur sa peau dénudée, mais personne n'avait l'air de rôder dans le coin, je n'avais aucune raison de laisser le côté mari jaloux et possessif prendre part à cette petite escapade romantique.

Isabel aurait adoré venir ici, affirma-t-elle en cueillant une fleur.
C'est certain, renchéris-je en passant mes doigts à travers ses cheveux qui s'étalaient sur mes jambes, et dont la cascade finissait dans l'herbe.

J'inspirais profondément avant de sortir la petite boîte que j'avais pris soin de glisser dans la poche intérieure de ma veste avant de sortir. Je n'avais pas encore eu l'occasion de lui offrir le cadeau le plus symbolique que j'avais pu lui acheter ces derniers temps, et je trouvais enfin le moment parfait pour le faire.

Nous n'avions pas eu de cérémonie, ni même d'alliances ou de bagues de fiançailles pour sceller notre union. Belle aurait mérité le plus beau de tous les mariages. Un mariage digne des comtes de princesses qu'on lisait aux gamins. Mais je n'avais pas pu lui offrir tout ça, dans ce monde souterrains où le crime était notre seule activité.

Belle ?

Son esprit avait l'air perdu dans la contemplation de toutes ces couleurs qui dévoilaient la beauté de cette nature qui, habituellement, n'était pas aussi propice à la floraison en cette période. Ces derniers jours n'avaient pas été aussi chauds qu'à l'accoutumée, pour un début d'automne, et les fortes pluies qui s'étaient succédées avaient permis aux végétaux de retrouver de leur éclats, après les sécheresses que nous avions traversé cet été.

BROKEN HEARTS Where stories live. Discover now