19. Appels manqués

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24 septembre 2019 ~

- Nous passons à table.

20h pile sonne au moment où ma grand-mère prononce ces mots. Elle a toujours eu une horloge dans la tête alors ça ne m'étonne même pas qu'elle dise cela à la seconde près. Je me lève et attrape Livio pour l'emmener se laver les mains. Nous rejoignons la famille quelques minutes plus tard et j'installe mon garçon sur son siège.

Je prends place bizarrement à côté de mon grand-père. Cette place est habituellement réservée par mon père, mais j'ai l'impression que Piero l'en a empêché cette fois vue le regard de mon père. Noir, faisant comme s'il était supérieur, comme s'il faisait peur. Ce qui bien évidemment ne marche pas, et le ridiculise plus encore.

Le repas commence dans un silence gênant. Puis ma mère intervient et me demande de lui raconter mon voyage à Singapour. Ce que je fais, en n'omettant aucuns détails, même la petite soirée avec les pilotes et les appelle de Fabio.

- Papa rentre quand ? Demande soudainement Livio, qui n'avait pas dit un mot.

D'ailleurs, j'ai trouvé ça bizarre qu'il ne parle pas étant donné que c'est une vraie pipelette. Mais il a sûrement senti la tension et n'ose pas dire quoique ce soit pour éviter que les mots fusent sur un ton bien trop haut. Je souris à mon petit ange avant de lui répondre :

- Bientôt, il sera là pour Noël.

Ses yeux s'illuminent sous mes paroles pour mon plus grand plaisir et il me remercie. Nous reprenons le repas et arrive au dessert, je sens que les choses vont se corser.

- Tu comptes repartir ? Demande mon père. Première question, je réponds simplement avec un sourire hypocrite.

- Oui à la fin de la saison, pour la dernière course.

- Oh moi aussi, je veux venir !

- Bientôt mon ange, tu te rappelles ce que je t'ai dit ? Il hoche la tête et le regard de mon paternel change.

- C'est hors de question ! Il ne verra pas de course !

- Ce n'est pas à toi de prendre cette décision, c'est mon fils, pas le tien. Et il serait peut-être temps que tu t'en rendes compte.

- Baisse d'un ton avec moi, jeune fille.

- Quand tu admettras devant toute cette table pourquoi tu as fait cette conférence de presse.

Ma mère pose ses couverts et attrape son verre pour vider d'une traite son contenu. Ma sœur tourne la tête vers moi et fronce les sourcils. Le patriarche et sa femme ne disent rien et Livio me regarde avec des petits yeux.

- Pour que tu reviennes plus vite assumer tes responsabilités. Mais ça n'a pas marché puisque tu es rentré seulement aujourd'hui.

- Exactement.

- As-tu pris ta décision pour ton avenir ? Demande-t-il.

Deuxième question, je joins mes doigts et m'adosse sur la table, sachant pertinemment qu'il va détester cela, car on m'a enseigné à ne pas mettre les coudes sur la table.

- Non, pas encore et plus les jours passent, plus je me demande si je ne ferais pas mieux d'accepter directement la proposition de mon grand-père.

Le corps de mon père se raidit. Bien, j'ai toute son attention. Il n'y a plus qu'à lancer les piques pour voir de quoi il est capable devant notre famille.

- C'est vrai, personne d'autre n'est plus compétant que moi pour ce poste.

- Alizia...

- D'ailleurs, j'ai prévu une réunion avec les enfants du Conseil. De nouvelles idées ne peuvent pas faire de mal et en plus de ça je suis sûr qu'il serait ravi d'avoir un rôle dans l'entreprise.

EreditáWhere stories live. Discover now