L'Orphelinat

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Pdv Aidan

Je me sens un peu coupable de ne pas lui avoir dit où je voulais aller, mais je craignais qu'il trouve ça bizarre de me rendre à l'orphelinat où j'ai passé quelques mois pendant mon enfance. Je n'aurais pas eu cette envie soudaine si ma mère n'avait pas ressorti ses albums. Après tout, les premières photos que mes parents ont prises étaient là-bas.

Je passe le portail en fer forgé, digne d'un bon film d'horreur, et bien sûr, l'endroit est géré par des nonnes. Je me gare et quitte le véhicule. La vue du vieux bâtiment me donne bizarrement un frisson dans le dos. Il est clair que cette bâtisse est plus ancienne que mes deux parents réunis.

Je secoue la cloche à l'entrée qui sert de sonnette. Même ça, ça n'a pas changé. Et ce n'est personne d'autre que la sœur Jeannette qui ouvre la vieille porte en bois. C'est elle qui m'a accueilli le jour où mes parents m'ont trouvé et amené ici. D'abord intriguée, elle me reconnait au bout de quelques secondes et affiche un visage surpris.

- Aidan ?! Aidan Bakker ?!

- Bonjour ma sœur !

- Je n'arrive pas à y croire. Oh viens-là dans mes bras mon grand !

Elle me serre contre elle puis me tient à bout de bras, en m'examinant.

- Je ne veux pas te vexer, tu as une bonne mine, mais... J'ai comme l'impression qu'il t'est arrivé quelque chose. Je me trompe ?

- Ah... C'est le moins qu'on puisse dire.

- Viens entre, on va boire une tasse de thé et tu vas me raconter tout ça.

J'entre dans le bâtiment, et elle me guide jusqu'au salon des sœurs. Plusieurs d'entre elles m'ont reconnu et serré dans leur bras, tandis que celles qui ne m'ont pas connu m'ont simplement salué.

Une fois installé, je raconte tous les détails des derniers mois de ma vie à sœur Jeannette, qui ne peut s'empêcher de verser quelques larmes. Elle me réconforte gentiment, et remercie le Seigneur de m'avoir sauvé. Je lui demande enfin :

- Ça ne te dérange pas ?

- Quoi donc ?

- Que je sois homosexuel.

- Humm... Certes je suis une servante de Dieu, mais je sais aussi qu'il existe de bien meilleurs parents homosexuels que certains hétéro, alors non, le fait que tu aimes les hommes ne me gêne pas. De plus, ce petit Samuel a l'air d'être quelqu'un de bien. Pourquoi n'est-il pas venu avec toi ?

- Je n'ai pas osé lui dire que je venais. Pas par honte, mais parce que je craignais qu'il ait pitié de moi, de cette partie de ma vie.

- Ce n'est pas de la pitié, mais de la compassion. N'importe qui éprouverait cela pour un enfant d'ici.

- Ouais... Je comprends... Vous avez combien de bambins en ce moment ?

- 17... Heuu non, 18.

- Un nouveau ?

- Une nouvelle, elle est arrivée la semaine dernière. La petite est tellement renfermée sur elle-même que j'oublie parfois qu'elle est là. La pauvre n'a pas dit un mot depuis qu'elle est ici. On ne connait même pas son nom. Et si on allait les voir ? Ils sont en pause actuellement, dans la salle de jeux.

- Oui, pourquoi pas.

Je ne suis pas super emballé à l'idée de rencontrer ces enfants malheureux, mais je me dis que voir un adulte qui est passé par la même épreuve qu'eux devrait leur donner de l'espoir.

Un Amour InattenduWhere stories live. Discover now