La naissance d'une famille

2.3K 137 28
                                    


21 ans plus tôt


Pdv Jerry Baker

Sophie est enfin sortie de l'hôpital, mais elle n'est que l'ombre d'elle-même. Le verdict est tombé, jamais plus elle ne pourra porter d'enfant. Le choc est terriblement dur, autant pour elle que pour moi. Nous avions des rêves de famille, des idées plein la tête.

Tandis que je conduis vers la maison, Sophie reste silencieuse, le regard perdu dans le vide, et pour la première fois depuis notre rencontre, je ne sais que dire pour la réconforter. Il y a quelques semaines, son ventre commençait à s'arrondir, annonçant l'arrivée de notre premier enfant, nous étions si heureux et nous avions si hâte... Aujourd'hui, cette fausse-couche nous a, à nouveau, asséné un grand coup.

Enfin arrivés chez nous, ma femme descend sans un mot et rentre sans m'attendre. Je ne saurais dire si ma souffrance est due à l'état de ma femme, ou la perte de notre bébé. Certainement les deux... Je ne me suis jamais senti aussi démuni, mon cœur est si lourd, si serré. J'ai l'impression d'étouffer...


Quelques jours plus tard

Cela fait trois jours... Trois jours que Sophie s'est enfermée dans la chambre d'ami, sans en sortir. Je ne sais plus quoi faire. Je voudrais la prendre dans mes bras, la serrer contre moi, lui rappeler que je suis là, que je serai toujours là, mais comment suis-je censé faire si elle ne veut plus de moi ?

Je voudrais tellement lui parler, entendre son rire, voir son sourire... C'est dingue comme les choses les plus simples de la vie peuvent nous manquer lorsqu'elles disparaissent. Mon cœur me dit de rester devant sa porte jusqu'à ce qu'elle craque, mais j'ai tant à faire pour le haras et le club. Les chevaux attendent, et moi j'hésite comme un adolescent, devant une porte fermée, le poing en l'air. Mon esprit tourne à grande vitesse. 

Est-ce que je devrais encore la laisser seule ? Dois-je aller vers elle, ou même m'imposer ? Soudain, une faible voix se fait entendre de l'autre côté de la porte.

- Tu comptes rester là encore longtemps ? Dit-elle.

- Ma chérie...

- J'ai juste besoin d'être seule...

- Mais je...

- Jerry, me stoppe-t-elle. Tout ce que tu pourras dire ou faire, ne pourra combler le trou dans mon cœur, provoqué par mon chagrin.

Ces mots sont si durs à entendre que mon cerveau met quelques interminables secondes à comprendre leur signification. Mes épaules s'affaissent, et avant que les larmes jaillissent, je sors d'un pas lourd de la demeure pour errer parmi les rangées de boxs. Le temps commence à se rafraichir, l'hiver sera rude cette année, mais rien ne sera aussi dur que l'épreuve que nous vivons à présent, Sophie et moi.

Plusieurs heures plus tard, après m'être occupé de la paperasse habituelle de gestion du haras, je me dirige vers la stalle de mon étalon, Uta, pour le penser et tenter de me détendre. J'ai arrêté la compétition de dressage depuis longtemps mais je continue régulièrement les entrainements, par pur plaisir, et Uta est un vrai champion. Sa robe est baie cerise et sa longue crinière brille sous les rayons du soleil couchant. C'est un magnifique Selle-français. Mais lorsque je rentre dans son box, je remarque immédiatement qu'il n'est pas dans son état normal. 

Très anxieux, il donne des coups de sabots sur la paroi en bois le séparant du box de droite, où se trouve la jument de Sophie, un autre Selle-français alezan nommé Nilacta. Cherchant à comprendre l'origine de cette animosité, j'y jette un coup d'œil, pour découvrir qu'il est en réalité vide !

Un Amour InattenduWhere stories live. Discover now