Une rencontre étrange

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Je me réveille dans mon lit, avec une fille. Cécile je crois... Bref, c'est encore un coup d'un soir. Je la repousse négligemment du bras. Elle ronchonne et se couvre le visage de la couette.

- Allez bouge de là. Je dois aller bosser.

Je me lève et tire la couette, découvrant entièrement son corps. Sa nudité me fait sourire. Elle est pas mal. Pour une nuit. Elle ouvre les yeux et me fusille du regard avant de se lever d'un bond pour s'habiller. Elles font toutes cette tête-là, le lendemain.

- Tu aurais pu me laisser dormir encore un peu, se renfrogne-t-elle.

- Non. Hors de question, dis-je d'un ton sec.

- Bon... Est-ce qu'on va se revoir ? Dit-elle en enfilant son pantalon.

- Non plus. Je ne cherche aucune histoire. Quand je sortirai de la salle de bain. Je veux être seul chez moi.

Elle s'énerve de plus belle, m'assassinant avec son regard bleu azur. J'ai envie de rire mais me retiens. J'ai peut-être vingt-cinq ans, mais me caser, très peu pour moi. Je file sous la douche.

Une demi-heure plus tard, quand je ressors de la salle d'eau prêt pour le boulot, elle est partie. Au moins elle m'a pris au sérieux. Contrairement à celle de la semaine dernière qui s'était permise de rester contre ma volonté. Elle a d'ailleurs fini dehors à coups de pied au cul. Je me serre du café et le bois en lisant le journal. Il n'y a pas grand-chose d'intéressant aujourd'hui. Mes pensées dérivent vers cette nuit. Elle était plutôt sympa, avec un caractère franc et honnête. Sans parler de son talent au pieu, une vrai bombasse. Mais ça s'arrête là, je n'ai jamais eu envie d'aller plus loin. Je crois que ma relation la plus sérieuse a duré même pas une semaine. Je ne me suis jamais attaché, contrairement aux filles, qui ne voient que ma belle gueule. Je prends soin de moi, il n'y a pas de mal et tous les hommes peuvent le faire avec un peu de volonté. Bon, je vais être en retard, je dois y aller. Fini de rêvasser, il est temps de retrouver l'amour de ma vie !

J'arrive au haras une petite heure plus tard, et pour une fois je suis pile à l'heure. Sans attendre, je me dirige vers mon box mais je suis surpris de le trouver vide. Où est-elle ? Je file vers le bureau du patron, le vieux comme je l'appelle, d'un pas pressé et entre sans toquer.

- Salut fiston.

- Eh l'ancêtre, où est Joyce ? Dis-je en haussant le ton.

- Sois rassuré, elle est avec le nouveau. Il la chauffe avant ton entrainement.

- Le nouveau ?! Tu confies ma jument au premier venu maintenant ?!

- Ne monte pas sur tes grands chevaux, ce petit est doué. Il me fait penser à toi à tes débuts. Ils sont dans le manège. Sois gentil avec le gamin s'il te plait. Il veut faire du parcours d'obstacles, comme toi Aidan, dit-il avec douceur.

- Ok ok, ça va. J'y vais.

Oui, je fais de l'équitation depuis mes 5ans et c'est toute ma vie. Joyce, ma jument, est une selle français alezane de 7 ans. Je l'ai vu naître et je m'occupe d'elle depuis sa naissance. C'est ma beauté et bien la seule femelle que j'aime réellement. D'ailleurs l'idée que ça soit un petit débutant qui l'échauffe me fout sacrément en rogne ! J'accélère le pas jusqu'au manège. Je repère immédiatement Joyce, élégante, qui fait des tours à la longe au petit trot. Un jeune homme la guide avec douceur. Il n'a pas l'air mauvais. Il me tourne le dos. Je décide de me caller contre le mur derrière lui, et d'observer. Il se tient bien droit. Dans les un mètre soixante-dix, il est plus petit que moi. Il a l'air d'avoir les cheveux brun foncé, voir noir je n'en suis pas sûr. Il fait ralentir Joyce avec précaution. Je me redresse quand elle se retrouve à l'arrêt.

- Bien joué gamin, dis-je suffisamment fort pour qu'il puisse entendre.

Joyce se précipite vers moi et frotte son encolure à moi. Je la caresse tendrement. Le gamin se tourne alors doucement vers moi. Ses yeux sont transperçants, quasiment noirs. Je reste un instant bloqué sur son regard, avant de me ressaisir. Il me regarde de la tête au pied, comme s'il m'évaluait. A quoi joue ce morveux ?

- Je vais prendre la relève maintenant, dis-je en désignant Joyce d'un mouvement de la tête.

- Je dois attendre son propriétaire, dit-il d'un ton froid.

- C'est moi. Je m'appelle Aidan Baker, et toi le nouveau ?

- Sam, Samuel Reed.

Sans un mot de plus, il me tend la longe de Joyce et quitte le manège sans un regard vers moi. Il est étrange, ce gosse.

Comme tous les jours en fin de journée, je m'installe dans le chalet du haras où vit le patron, Jerry avec sa famille. Tandis que je revois mon parcours de CSO pour la prochaine compétition dans le salon, je suis interrompu par le vieux.

- Joyce a bien travaillé aujourd'hui, me dit-il en passant dans la cuisine.

- Elle est prête pour le prochain concours.

- Je te sers quelque chose ?

- Non merci Jerry.

- Et tu penses quoi de Sam. Il me parait prometteur.

- Je vais rentrer l'ancêtre, dis-je en évitant sa question.

Il m'accorde un bref signe de tête et je quitte le chalet. Je rejoins le parking avant de percevoir un mouvement dans la périphérie de mon champ de vision. Je fais volte-face, et découvre Sam qui m'observe d'un air absent.

- C'est toi gamin... Qu'est-ce que tu veux ? Je souffle.

- C'est Sam. Je me demandais si tu pouvais m'avancer d'un peu d'argent. Je te rembourserai.

- Hein ?!

Il est gonflé ce gosse ! Mais pour autant, il a l'air vraiment gêné de me le demander. Après un soupir, je sors mon portefeuille et lui file 50 balles.

- Ça ira ? Lui demandé-je, étonné d'être réellement inquiet pour ce gosse.

- Oui, merci.

- Pourquoi as-tu besoin d'argent ? Ta famille doit t'attendre...

Il reste silencieux. Maintenant que je l'observe, il n'a pas l'air en très grande forme.

- Quel âge as-tu, Samuel ?

- 17 ans.

- Et tu veux apprendre le CSO, c'est ça ? Tu as déjà fait de l'équitation ?

- Oui, et non.

- Jamais ?

- Non, je n'ai jamais pu.

- Hum... Bon demain, sois là pour 7h30 d'accord ? Je te donnerai des cours avec Joyce.

J'ai l'impression que je viens de faire une grosse bêtise. Il écarquille les yeux, surpris, avant de me faire un grand sourire. Je me surprends à lui sourire en retour. Je monte dans ma voiture en le laissant là, et quitte le haras, tout en ignorant le pincement inconnu dont mon cœur souffre. Qu'est-ce que ce mioche a de particulier ? 

Un Amour InattenduOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz