VII - Un souffle brûlant

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Au galop, les trois cavaliers traversent la marée avant que celle-ci ne remonte. Les sabots des chevaux s'enfoncent dans la vase, ce qui, chaque fois qu'ils font un pas, éclabousse les alentours. Les nuages sont chargés en ce jour, l'air est frais. Les joues d'Aeria sont rosies par le souffle du vent. Les mèches de cheveux qui se sont échappés de son chignon virevoltent au rythme du vent, son corps est balancé d'avant en arrière sur le dos de son cheval et son coeur tambourine sa poitrine.

Elle regarde tout autour d'elle, dans la crainte d'apercevoir une petite boule blanche prise au piège dans les marées.

— Regardez ! crie Harold.

Il ralentit, Hervos et Aeria font de même, il pointe du doigt de toutes petites traces de pas, celles-ci sont facilement reconnaissables.

— Des pattes de chat... marmonne Hervos.

— Alors ne tardons pas ! La marée ne les a pas recouverte, cela veut donc dire que Flocon est dans le coin, grogne Aeria.

Sans attendre ses compagnons, elle tire les rennes de son cheval et reprend le galop. De toute façon, la marée est agitée aujourd'hui, elle monte et descend rapidement, il est impossible de savoir quand celle-ci les piégera. Les garçons la suivent, afin de ne pas la laisser seule. Sous ordres du roi, ils doivent la protéger, notamment Hervos.

Rapidement, ils quittent ce désert marécageux et galopent sur de l'herbe sèche et de la terre humide. Aeria tire doucement les rennes, se retrouve au trot et scrute les environs. Les arbres sont vieux, leurs troncs sont épais et secs, certains n'ont pas la chance d'être encore en vie. On peut apercevoir leurs restes, comme une dépouille, un tronc coupé en deux, ou bien brûlé complètement.

— Mais pourquoi Les Landes sont-elles si désolées... souffle Aeria.

— N'avez-vous jamais eu vent de la Guerre du Feu, Majesté ? rétorque Harold.

Cette dernière secoue la tête, elle n'a pas été à l'école longtemps et ses parents n'ont jamais souhaité l'instruire. Les livres qu'elle lisait était principalement des livres de sciences, elle ne s'est donc jamais intéressée à l'histoire et n'en avait pas besoin. Elle sait simplement que Les Landes ne font plus partie des Cinq Terres depuis bons nombres d'années.

— Cette Guerre fut sanglante et dévastatrice, commence Harold, il y avait Six Dragons, un pour chaque Terre et chaque Dragon possédait son Dragonnier qu'il choisissait selon le lien qui se créait entre eux. Lorsque le lien de Feu est scellé par le Dragon, alors ce dernier offrait une Armure à son fidèle.

Tout en avançant au pas et en scrutant les lieux à travers les arbres épais et dévastés de la forêt, Harold conte cette drôle d'histoire.

— Mais nous connaissons la soif des Hommes, ceux qui ne pouvaient bénéficier de l'Armure déclarèrent la Guerre aux Dragonniers et le pire dans tout cela, c'est que l'un d'entre eux était un traitre et menait l'assaut.

— Un Dragonnier ? demande Aeria en se penchant légèrement sur le dos de son cheval pour regarder derrière un tronc écorché.

— Oui, il suffit de vouloir conserver le pouvoir absolu pour tout détruire. Le Dragonnier s'est lié aux Hommes et s'en est pris à ses frères et soeurs. La Guerre de Feu a eu lieu dans Les Landes, les Dragons ont été vaincu grâce à de puissantes armes et si le Dragon meurt, le Dragonnier perd son armure et sans l'Armure, le Dragonnier peut être tué. Le lien qui uni les deux êtres est tel que l'un ne peut pas vivre sans l'autre.

— C'est malheureux... souffle Aeria. Comment peut-on vouloir détruire une telle espèce ? Reste-t-il des Dragons à ce jour ?

— Non, pas que je sache en tout cas. Ils se sont tous éteints, il n'y a rien de plus sanglants que des Dragons qui se battent entre eux et des armes suffisamment élaborées pour transpercer leurs écailles.

L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant