L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]

XIX - Retrouvailles inopinées

L'été commençait tout juste, le soleil ne se cachait plus à Valmont, la chaleur entrait dans les chaumières dès les premiers rayons le matin et ne disparaissait le soir, tard. Filërys et Hystërys avaient bien grandis durant le printemps, dorénavant plus grands qu'un homme adulte, il devenait de plus en plus difficile de les cacher. Natanaël songeait à leur trouver une cachette, quelque part dans les montagnes. Pour le moment, aucune visite ne venait déranger la petite ferme, mais il craignait, chaque jour, que quelqu'un ne vienne et ne découvre ces deux Dragons.

Ils étaient dociles, ils apprenaient, petit à petit, à cracher du feu et adoraient cramer leur nourriture pour la dévorer carbonisée. Rares étaient les fois où ils tentaient de quitter les lieux, pour eux, c'était leur maison, l'endroit où ils étaient nés et la petite famille d'Hervos était aussi leur famille.

Theodora s'était beaucoup liée aux Dragons, une amitié était née, elle adorait passer du temps avec eux et parfois, alors qu'elle partait cueillir des fleurs avec sa mère, les Dragons les suivaient, simplement pour garder un oeil sur elles. Hervos et Natanaël ne pouvaient savoir s'ils étaient capables de se défendre face à une armée, ils ne semblaient pas violents et n'en avaient pas non plus la nécessité en ces lieux si sereins.

Ce jour là, Natanaël avait ôté sa chemise, couvert de sueur, il coupait du bois pour en faire des réserves pour l'hiver et en conserver dans les cuisines, pour les fours. Il levait la hache et l'abattait brusquement sur les rondins de bois qui se fendaient en deux, sous la force de ses bras.

Il avait attaché ses cheveux, malgré quelques mèches qui retombaient sur son front et s'acharnait à la tâche. Depuis son rêve quelques semaines plus tôt, Natanaël ne cessait de travailler, cela lui permettait de passer à autre chose et lorsqu'il ne travaillait pas, il observait les Dragons, les entraînait, tentait de communiquer avec eux.

Theodora jouait non loin de là, avec les Dragons, Natanaël était bercé par ses rires et par les grognements des deux jeunes créatures. Cependant, le rugissement de l'un d'entre eux retint son attention. Il avait rugit et à la fois sifflé, comme un serpent. Natanaël, alors qu'il venait de placer un nouveau rondins de bois, releva la tête. Les deux Dragons se tenaient face à la colline, en contrebas, Natanaël put distinguer une silhouette, comme si quelqu'un, sur un cheval, s'approchait de leur demeure.

— Theodora ! Rentres les Dragons dans la grange et verrouille-la, vite !

La petite fille courut en direction de la grange et tira les portes.

— Hystërys, Filërys ! appela-t-elle, rentrez !

Natanaël était retourné à l'intérieur de la demeure pour récupérer une épée et regagna l'extérieur. La ferme était plutôt grande, construite sur deux étages, ils avaient de quoi tous vivre sans se marcher dessus. Il remarqua que les Dragons demeuraient immobiles, dont l'un gardait ses ailes déployées, en observant les intrus s'approcher de la demeure. Natanaël siffla, suffisamment fort pour capter leur attention, les deux bêtes se retournèrent vers lui.

— Rentrez dans cette grange ! Gronda-t-il.

Hervos, sa femme et sa petite fille n'étaient pas présents, de visite en ville. Les Dragons se dirigèrent vers la grange, durent se baisser pour passer les portes et Theodora fut aidée par Natanaël pour fermer et barricader les deux grandes portes. Il s'accroupit ensuite devant elle et posa ses mains sur ses petites épaules.

— Caches-toi dans la maison et ne sors de ta cachette que lorsque je te le dirai.

Elle hocha la tête, les yeux grands ouverts, visiblement terrifiée. Elle courut à l'intérieur de la chaumière, claquant la porte derrière elle. Natanaël avait installé le fourreau à ses hanches et dégaina son épée en s'avançant face à la colline qui se dévoilait en contrebas. Le cheval grimpait difficilement, comme fatigué et se rapprochait lentement de la chaumière.