XXI - Enlacée dans ses bras

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Aeria tire les rennes pour redresser le dragon. Il fond sur l'océan juste en dessous d'eux, si vite que le vent fouette violemment le visage de la jeune femme. Sa peau a rougie, la brûle et elle peine à garder les yeux ouverts.

Elle tire de toutes ses forces, grimace et grogne pour s'en donner encore plus.

— Remonte ! Pitié! Ordonne-t-elle.

Finalement, quand elle croit qu'ils vont s'écraser dans l'eau, le Dragon se redresse et laisse ses pattes griffues traîner dans l'eau. Aeria reprend sa respiration un instant, les reins douloureux suite à cette chevauchée catastrophique.

Le dragon bat des ailes pour reprendre de la hauteur puis tourne sur lui-même. Aeria glisse de la selle, elle s'accroche aux rennes comme elle le peut tout en poussant un cri de terreur.

— S'il te plaît ! Arrête !

Le dragon tourne une nouvelle fois sur lui-même, arrête de battre des ailes et se laisse tomber dans le vide à nouveau. Accrochée à une pique pleine d'écailles, Aeria est tétanisée, les yeux clos, les lèvres pincées, elle croit voir toute sa vie défiler sous ses yeux : de son enfance à aujourd'hui. Elle songe à ses parents, au peu d'amour qu'ils lui ont apporté, à toute cette violence qu'elle a connu et à ce semblant de sérénité qu'elle découvre ici, dans Les Landes.

Finalement, le Dragon se pose sur la terre ferme, la brutalité de l'atterrissage  lui fait lâcher sa prise, elle roule dans l'herbe sèche et la terre humide sur quelques mètres et finit à plat ventre, le corps endolorit. Elle reste immobile un instant, la joue écrasée dans la boue et rouvre les yeux, peinant à reprendre son souffle.

Le rugissement du dragon la fait se redresser tant bien que mal. La voilà sur le postérieur, la tête levée vers la créature qui vient de lui faire vivre un tas d'émotions contradictoires en quelques minutes seulement.

— Pourquoi... ? Souffle Aeria.

Le Dragon ouvre grand la gueule, du feu se forme au fond de sa gorge, menaçant de s'abattre sur elle.

— Non ! Crie-t-elle. Je refuse !

Elle se lève, la main en avant. Le dragon ferme sa gueule en faisant claquer ses mâchoires et penche sa gueule jusqu'à la hauteur de la jeune femme.

— Me brûler ne fonctionnera pas et tu le sais ! Les flammes ne me tuent pas !

Elle marque une pause et pousse un profond soupir tout en baissant son bras.

— Je comprends le message que tu tentes de me faire passer... les mors te sont douloureux... et tu souhaitais que je souffre aussi ?

Un grondement résonne du fond de la gorge de la bête.

— Je suis désolée... sincèrement...

Elle pose sa main sur son nez, la bête ferme les yeux un instant. Aeria se colle contre elle, sa chaleur est toujours réconfortante. Elle a toujours apprécié les animaux, quels qu'ils soient. Les dragons n'en font pas acception.

— Je vais te les retirer, mais tu dois me laisser monter sur ton dos. Je ne peux pas rentrer, je ne sais pas où nous nous trouvons.

En effet, ils se trouvent sur le haut d'une falaise, en contrebas, l'eau s'échoue sur les rochers avec une violence inquiétante et derrière, des plaines à perte de vue. Le dragon se couche, la gueule posée à plat sur le sol, afin de permettre à Aeria de le libérer des mors enfoncés dans sa chair.

Elle passe près de deux heures pour parvenir à les retirer. Le peu de force qu'elle a ne lui permet pas de les ôter aussi facilement qu'ils ont été installé. Elle doit tirer, tirer et encore tirer jusqu'à ce qu'ils se délogent de leur plaie. Le dragon se redresse, les chaînes reliées aux mors tombent sur le sol et le voilà qui déploie ses immenses ailes triangulaires tout en rugissant fièrement.

L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant