XXIX - Une vie pour une mort

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Natanaël s'infiltra dans le château du roi, son visage était couvert de sang. Il n'avait eu aucune pitié envers quiconque s'était mis en travers de son chemin. Il avait égorgé, étripé, poignardé, étranglé, tous les soldats qui avaient tenté de l'arrêter. En lui était née cette même haine qu'il avait ressenti lorsque Gorgia fut tuée. La perte d'Hervos eut le même effet pour lui, certes, son ami était en vie, mais perdre son amitié qui lui était chère, avait réveillé en lui cette noirceur qu'il était parvenue à canaliser depuis sa rencontre avec Aeria. 

Il poussa brusquement les portes du château et avança dans le grand vestibule chaleureux. Quelques vases vides posés sur les meubles aux quatre coins de la pièce. La salle du trône qui se trouvait en son centre était fermée, les deux escaliers demi hors-oeuvres et qui s'entrecroisaient offraient à Natanaël de multiples possibilités : la salle du trône ou les pièces à l'étage. 

— LAUAN ! appela-t-il. 

Sa lourde voix résonna dans toute la demeure. Il respirait fort, tenait son épée tâchée de sang fermement dans sa main égratignée par les coups de poing qu'il avait infligé à ses victimes. Il passa sa main sur son front pour en essuyer la sueur mêlée à l'hémoglobine qui lui avait giclé au visage. Il avança d'un pas lourd, grimpa les marches des escaliers deux par deux, son souffle rauque, son coeur martelant sa poitrine, Natanaël n'aurait aucun scrupule. Il agissait de sang-froid, avec colère, dédain, vengeance. Il s'était trop reposé, il s'était trop assagi. C'en était terminé de jouer les bons maris, le gentil camarade, le roi des Landes revenaient, aussi impitoyable était-il. 

Il entendit du bruit dans l'une des pièces du fond du premier étage. Il ouvrit les portes par un coup de pied, scruta chacune des chambres et bureaux, à la recherche de sa prochaine victime. Il s'arrêta devant la dernière d'entre elles, s'apprêta à mettre un coup de pied dedans pour l'enfoncer quand on le retint dans son élan. 

— Non, attends ! 

Il tourna la tête, les mâchoires serrées, les veines de son cou saillaient. Lauan se tenait face à lui, dans le couloir sombre de la demeure, son épée en mains. 

— Je ne sais pas ce que tu cherches, fils, mais tu ne trouveras rien dans cette pièce. 

— Vraiment ? s'étonna Natanaël. Dans ce cas, tu ne vois aucun problème au fait que j'y entre. 

Avant même que Lauan ait le temps de répondre, il enfonça la porte. Dans cette petite pièce qui servait de garde meubles se trouvaient la femme du roi et son enfant, à peine âgé de quelques mois. Elle avait probablement accouché les semaines précédentes. Elle poussa un cri de surprise en le voyant, gardant son bébé contre elle, recroquevillée au fond de la pièce. 

— Natanaël, gronda Lauan, si tu fais quoi que ce soit à ma famille...

Son fils ne l'écouta pas, il entra dans la pièce, le visage de Lauan se décomposa aussitôt. Il put entendre les cris de sa femme puis Natanaël se positionna de nouveau dans le couloir, tenant fermement sa femme contre lui, la lame de son épée appuyée contre la trachée de la reine. Il fixait son paternel avec rancoeur, haine, peine et déception. 

— Ta famille ? pesta Natanaël. Combien as-tu eu de famille ? Ta famille, comme tu le dis si bien, n'a-t-elle pas été décimée par ta faute ? 

— NON ! gronda Lauan le visage renfrogné. Je t'interdis de dire de telles insanités ! 

Il avança de plusieurs pas, cependant, Natanaël appuya davantage sa lame contre la trachée de sa femme, ce qui la fit pousser un gémissement de terreur. Ses yeux étaient écarquillés, elle tenait en même temps son bébé qui pleurait et ses larmes roulaient sur ses joues rosies par l'émotion. Lauan s'arrêta aussitôt, les lèvres retroussées, défiguré par ses cicatrices. 

L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant