L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]

XXVII - L'écaille de Dragon

— Ne m'en veux pas pour ce que je vais faire... souffle Aeria.

Son Dragon est allongé dans les plaines enneigées près des Montagnes situées non loin d'Hazanel. Aeria s'agenouille dans la poudreuse blanche et glaciale, sort un petit poignard qu'elle gardait accroché à sa ceinture et pousse un profond soupir. Elle hésite un instant, finalement, elle enfonce la pointe de son arme sous l'une des écailles de son Dragon. Celui-ci reste couché mais pousse un long grondement mécontent.

— Je sais... je sais... ce n'est pas agréable.

Elle pousse sur sa lame jusqu'à réussir à décrocher l'écaille qui retombe dans sa main. La bête se redresse et lui jette un regard, ses yeux vifs et dorés toisent la jeune femme d'un air accusateur, du moins, c'est ce qu'elle ressent.

Aeria range son arme et ferme la main sur l'écaille brûlante de son compagnon. Elle s'avance vers lui et laisse glisser sa main sur son énorme tête. Le contraste des écailles noires sur celles dorées est très appréciable à admirer. Bien que cela lui donne un air féroce, Aeria ne peut que contempler son dragon avec admiration. Ces créatures sont singulières, uniques et incroyablement belles.

— Je ne ferai pas d'erreur, je te le promets. Je dois juste ramener cet homme à la vie pour connaître la vérité sur ce qu'il vous est arrivé.

Aeria marque une pause et observe la bête, de la fumée sort de ses naseaux à chaque respiration. L'hiver est installé et la chaleur de la bête fait contraste avec le froid environnant. là où elle est couchée, la neige a fondu et on peut apercevoir l'herbe verte juste en dessous.

— Si seulement tu pouvais parler et me le dire...  j'aimerais connaître ton nom, j'aimerais connaître ton histoire et faire en sorte que cela ne se reproduise plus jamais...

Elle soupire et baisse la tête, se mordillant les lèvres.

— Reste ici, je reviendrai vite pour te nourrir et pour aller voler. Tu dois te faire discret.

Le chemin du retour se fait à dos de cheval, ce n'est pas Étoile mais Aeria s'est familiarisée avec la monture que le roi lui a prêté. Son chat quant à lui, est enfermé dans sa chambre, avec de quoi manger, et faire ses besoins sans en mettre partout comme cela avait pu être le cas chez Natanaël.

Aeria traverse les rues d'Hazanel sous l'oeil attentif des plus curieux. Elle a beau porter une large capuche sur sa tête, il n'est pas difficile d'entrevoir quelques mèches de cheveux orangés, de quoi interloquer la foule. Cette couleur n'étant pas commune, ils se posent rapidement des questions et encore plus avec la missive reçue par le roi des Landes.

Elle retourne au palais rapidement, confie sa monture à un écuyer et traverse les corridors interminables de la demeure royale. Elle n'a pas revu Harold pour le moment et ne souhaite pas lui adresser la parole. Par sa faute, l'existence du Dragon a été révélé et il y a de fortes chances pour que cela soit divulgué d'ici peu.

— Majesté, commence Aeria en faisant la révérence, j'ai l'écaille du Dragon.

Le roi se lève de son trône, s'appuie sur son sceptre et s'avance vers la jeune femme. Aeria fixe le sol par signe de soumission et de respect, les mains tendues vers son roi, entreposée sur ses paumes ouvertes, l'écaille dorée du dragon. Le roi en semble émerveillé. Il prend de sa main tremblante l'écaille du dragon et la fait tourner entre ses doigts, afin d'en observer ses reflets.

— C'est incroyable que de se dire que je tiens dans ma main, l'écaille d'un Dragon, une créature oubliée de tous... Ils sont bel et bien réels.

— Il conviendrait de garder cela secret, rétorque la jeune femme.