XXVII - Destruction

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Depuis deux jours, sans s'arrêter, Natanaël, Hervos, Harold et quelques gardes du roi qui avaient décidé de quitter leur poste, travaillaient pour remettre en état les bateaux. Le peuple de Daghvïir n'était pas aussi nombreux qu'un peuple dans les six Terres mais il fallait compter au moins quatre gros navires avec le maximum de passagers à l'intérieur pour évacuer l'île toute entière.

Le sable dans lequel ils marchaient étaient souple, très fin, et blanc comme la neige. Cette île était merveilleuse de part sa beauté, sa conception. Les fleurs aux multiples couleurs, les gigantesques arbres et leurs feuilles démesurément grandes, leurs animaux... C'était un endroit magique, où un peuple magique existait.

Natanaël frotta ses mains écorchées tout en observant les navires mis à l'eau, ils avaient fait du bon travail, bien qu'ils étaient tous morts de fatigue. Les bateaux n'étaient pas en mauvais état, simplement échoués à cause des tempêtes et malheureusement, les étrangers qui survivaient se faisaient empaler sur une pique, comme tous ces corps décomposés à l'extrémité de la plage, tous accrochés à une pique, leurs vêtements sur leurs os picorés par les charognards.

— Irënia est partie chercher tous les volontaires, elle ne devrait plus tarder, déclara Hervos en se postant juste à côté de lui.

— Nous ne pouvons pas sauver tout le monde, grommela Natanaël. Quand je songe à tous ces animaux... j'espère sincèrement que les rêves d'Harold ne sont simplement que des rêves.

— Nous faisons notre maximum et c'est déjà une bonne chose. Natanaël, tu ne peux pas sauver tout le monde.

— Mais je n'ai qu'une seule hâte : celle de me retrouver face à Kaïs et l'anéantir.

— Et moi j'espère de tout coeur que ce jour n'arrivera jamais. Parce que je n'ai pas envie de perdre mon meilleur ami, mon frère... et parfois même, celui qui fut mon père.

Natanaël, surpris, jeta un regard à son ami. Hervos fixait la mer et ses vagues agitées, ses cheveux poivres et sel au vent, le visage sec à cause du sable et l'air iodé.

— Ils sont là ! s'exclama Anastasia.

Les deux hommes se retournèrent pour ainsi apercevoir des dizaines de personnes rejoindre la plage avec des baluchons, des bébés dans les bras, des enfants en bas âge... Tous venaient pour monter à bord d'un bateau, tous étaient prêts à quitter leurs Terres natales pour découvrir de nouveaux horizons. Mais parmi cette foule, le roi manquait et certains de ses fidèles.

Alors que son peuple grimpait à bord des quatre bateaux restaurés, Artys avait organisé un repas dans sa salle de trône avec les quelques fidèles qui étaient restés à ses côtés. Au menu ? De l'alcool, des fruits, des insectes grillés et de la convivialité.

Les gardes se chargeaient de faire grimper à bord les villageois. Il était nécessaire d'entrer dans l'eau agitée pour atteindre les échelles de chaque navire. La marée était basse et leur permettait de l'atteindre rapidement sans grandes difficultés. Il était également primordial de répartir les poids intelligemment pour éviter toute surcharge et empêcher le vaisseau d'avancer.

Heureusement, pour les deux bateaux échoués sur la plage, les Dragons étaient là pour les tracter dans l'eau et une fois sur les mers, les voiles improvisées se chargeraient du reste.

Irënia était montée à bord de l'un d'eux, son fils près d'elle. Sur la poupe du bateau, elle gardait son bras autour d'Amilièn, elle fixait son île, une part d'elle semblait espérer voir son père rejoindre la flotte mais il n'en fut rien. Alors qu'ils larguèrent les amarres, les voiles furent déployées. Celles restaurées avait été recyclé avec de vieux draps et autres tissus retrouvés sur l'île. Irënia serra son fils contre elle, la gorge nouée, l'air triste ne quittant pas son visage.

L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant