XXVIII - Les Landes

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La neige commence à fondre et le printemps à prendre place, lentement. Dans les Cinq Terres, les feuilles des arbres repoussent, les fleurs renaissent, la verdure reprend sa place. Quand dans Les Landes, l'annonce du printemps est invisible, les sols dégèlent, la neige fond mais l'herbe ne pousse pas, les feuilles non plus et les fleurs n'ont plus leur place ici.

À travers ces étendues de Terre dorénavant isolées, sans peuple, seuls les animaux les plus féroces résident, comme les hyènes ou les loups qui sont chassés ailleurs, les petits rongeurs restent sous terre et les oiseaux ne volent plus au dessus des Landes.

Chaque village alentours a été déserté après l'annonce de leur roi, les Cinq Terres ont accueilli toute la population des Landes et le roi Lauan a fait porté une missive à ses confrères pour leur donner l'ordre de ne rejeter aucun citoyen des Landes, précisant dans sa missive qu'il ne souhaitait plus que quiconque ne soit rejeté sur leurs Terres.

Parmi ce silence monotone, les animaux sauvages peuvent entendre au loin, le fracas d'un outil sur du bois et ce, depuis des jours.

Natanaël continue de construire ses pièges, afin de protéger son château. Tout autour de la muraille, Natanaël construit des piques, au sol, pour ralentir les armées et en hauteur, reliés d'une corde qu'il faudra couper au bon moment pour les empêcher d'accéder à la forteresse.

Cela fait des semaines qu'il travaille dessus. Il a pu voir l'hiver passer lentement. Au levé du soleil, aujourd'hui, le roi des Landes frappe son marteau sur le bois d'un rythme régulier. Il a travaillé une bonne partie de la nuit, ne se laisse que peu de répit et n'en a que peu besoin, sauf quand il boit, ce qui arrive encore plus régulièrement à présent.

Il a retiré son manteau noir, sa chemise blanche est tâchée de crasse, humide de sueur, collant à sa peau et laissant entrevoir ses muscles bandés à force de consolider ses pièges.

Il s'arrête un instant, se redresse et fait craquer ses épaules. Il se masse la nuque et essuie son front d'un revers de la main, tout en observant les marées au loin. Il se trouve sur les murailles, finalisant la partie Nord de son domaine. Il sait qu'il pourrait être attaqué de toute part, bien que par l'arrière, cela est davantage compliqué à cause des marées, les sables mouvants sont impardonnables de ce côté.

Lorsqu'il s'apprête à reprendre son activité, quelqu'un l'interpelle.

— Auriez-vous l'obligeance d'accorder un petit peu de votre temps à votre ami ?

Natanaël se penche par dessus la muraille pour reconnaître Hervos au pas de sa grande porte fermée. Il esquisse un faible sourire puis fronce les sourcils, interloqué par sa venue.

— Ne bouge pas ! Lui répond-il, j'arrive.

Natanaël abandonne ses outils et rejoint son ami en contrebas, là où il lui ouvre les portes. Hervos lui adresse son plus beau sourire et pénètre dans la cour vide de la demeure. Natanaël referme les portes derrière lui et se frotte les mains, interrogeant son ami du regard.

— Que fais-tu ici ? Avec un baluchon, qui plus est...

Hervos regarde autour de lui puis se tourne vers le roi, relâchant son cheval.

— Je viens prêter main forte à mon roi.

Natanaël hausse les sourcils.

— Je t'ai dit de...

— J'aimerais que vous me voyiez comme un ami et plus comme votre serviteur ou votre garde, ni comme l'enfant que vous avez vu grandir. J'aimerais que vous me voyiez comme un ami. Ma femme est d'accord avec cela et dans mon coeur, je reste chevalier avant tout.

L'Armure du dernier Dragon [INTÉGRALE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant