17 part 2 - VICTOR

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Sortir de mes pensées est douloureux.

Je remarque que la main de Poil de carotte est toujours sur mon bras. Ses yeux sont toujours remplis de tristesse. Alors je retire ses doigts et vais m'asseoir sur mon lit.

La nuit commence à tomber. Les lampadaires sont allumés, leur lumière parvient même jusqu'à mon appartement.

— C'est affreux de perdre la personne que l'on aime et de la voir avec quelqu'un d'autre. Mais ça l'est encore plus quand celle-ci décède. Je suis vraiment désolée. Tu as dû vivre l'enfer...

Je regarde la rouquine. Elle se tient toujours debout entre la cuisine et mon salon. Elle affiche toujours cet air désolé et triste.

Après avoir maintenu le regard quelques secondes, elle avance vers le lit et s'y assoit.

— Je sais que ce n'est pas comparable mais... Il y a cet homme dont je suis amoureuse, Samuel.

Ça fait tilt tout de suite. Le mec du ruban.

— En fait, je l'ai toujours été, depuis l'instant où je l'ai vu. Il était en terminale et moi en seconde. Il était différent des autres, plus mature, plus intelligent. Et par je ne sais pas quel miracle, il s'est intéressé à moi.

Elle compte vraiment me raconter sa vie ?

— Notre histoire a été merveilleuse. Enfin, c'est vrai qu'il y avait un point noir puisqu'elle était secrète, parce que Samuel avait peur que mes parents pètent un câble en entendant que je sortais avec un garçon plus âgé. C'est ce qu'il disait en tout cas... Au final, il m'a larguée peu de temps avant partir à la fac. Apparemment, c'était pour mon bien, pour que je ne passe pas mon temps à attendre.

Alors le mec au ruban était un profiteur ? Ça ne m'étonne pas. Poil de carotte s'est fait avoir et en beauté.

— Je l'ai revu récemment. Durant tout ce temps, j'ai voulu être parfaite, j'ai voulu prévoir nos retrouvailles, durant tout ce temps je me suis préparée. Mais je n'avais pas prévu qu'il se marie et qu'il m'invite à son mariage, et encore moins que ce soit ma cousine qu'il épouse ! C'est moi qui les ai présentés. Et maintenant il faudrait que j'aille assister à leur union.

La rouquine semble éprouver du bien à se livrer. J'aimerais lui dire que je m'en fous mais en même temps, son histoire fait tellement pitié qu'elle est divertissante. Visiblement, elle ne se rend pas compte à quel point elle est en train de chier sur sa propre image.

Finalement l'intello de service n'a pas une vie parfaite. Elle n'a pas un imbécile d'Einstein à ses pompes. Elle est seule. D'un côté, ça fait du bien à entendre. Ça fait du bien d'apprendre que cette chienne de vie ne fait pas de cadeau, même à ceux qui donnent l'impression que tout va bien.

Comme je ne trouve rien à dire, je me lève et me dirige vers la cuisine.

— T'as faim ? demandé-je en ouvrant mon frigo.

— Non merci.

J'attrape une bière que je décapsule aussitôt. Je prends appuie contre le meuble de ma cuisine, bois une gorgée et regarde le plafond.

— Dis-moi, elle était comment ta Lili ?

Poil de carotte m'a rejoint. Elle se tient à deux mètres de moi et c'est à cet instant que je réalise qu'elle vient de passer de la pseudo-prof chiante à la pseudo-psy.

— Tu n'es pas obligé de répondre.

Comme unique réponse, je lui tends ma bière. Elle refuse d'un coup de main mais en me voyant lever les yeux au ciel, elle prend la bouteille.

Les écorchés - Tome 2 : Seconde chanceWhere stories live. Discover now