Les écorchés - Tome 2 : Seconde chance

16 part 4 - PERLE

— Bon, on le commence ce cours ou tu te transformes en inspecteur ?

Il ne m'en fallait pas plus pour que je me reprenne.

— Oui, bien sûr, soufflé-je en quittant le couloir pour la pièce de vie.

Seulement je freine en réalisant que le fauteuil sur lequel je comptais aller m'asseoir est taché. C'est fou comment un imprévu peut déstabiliser.

— Ah oui, merde, c'est Lucie qui a renversé du vin hier soir et j'ai zappé de nettoyer.

C'est qui Lucie ? Sa mère ? Sa sœur ? Une amie ? Sa copine ? Il en parle comme s'il s'agissait de quelqu'un habituel en tout cas. Bon peu importe, ça ne me regarde pas.

— Ce n'est pas grave, je vais m'asseoir par terre.

Je regrette aussitôt mon annonce, car je ne pense pas qu'il ait passé le balai ne serait-ce qu'une seule fois dans cet appartement.

— C'est bon, t'as le canapé sinon.

Je ne suis pas forcément à l'aise à l'idée de m'asseoir sur ce canapé convertible, qui est d'ailleurs actuellement en position lit. Seulement je choisis tout de même cette option puis décide de me concentrer sur le cours.

— J'avais raison, le prof de philo a donné le sujet de dissertation, dissertation qui sera à rendre pour la rentrée.

Une part de moi est fière d'avoir vu juste. Bien évidemment, ce n'était pas très difficile de deviner les projets de monsieur Cénal, mais il n'empêche que je l'ai fait.

— Sujet qui est ? relève Victor.

— La raison et la liberté, réponds-je aussitôt tandis que je suis occupée à trier par ordre de priorité mes notes.

Cependant, parce que je réalise que sa voix paraissait proche, je relève la tête et essaie de masquer ma surprise. Il est assis, à côté de moi.

— OK, souffle-t-il en reportant son attention sur la pochette.

Malgré mon étonnement (après le coup de l'exercice envoyé par mail et juste qui plus est, voilà qu'il joue au garçon studieux ? Est-ce un piège ?), je m'oblige à rester concentrée.

— Madame Violet nous amène voir une pièce de théâtre et monsieur Cénal a loué ce DVD pour toi, pour que tu puisses te faire une idée de la représentation visuelle.

— Alors il n'est pas tout à fait pourri finalement ?

Comme je ne comprends de quoi il parle, je hausse un sourcil. Victor me regarde puis secoue la tête tandis qu'un léger sourire étire ses lèvres.

— J'ai entendu dire que tu as été exclu de ton ancien lycée ?

Non mais qu'est-ce qui me prend ? Depuis quand je répète les rumeurs balancées entre les murs de Sainte Anne ?

— Tu devrais laisser tomber la musique, c'est l'école de journalisme qui est faite pour toi.

La musique... Comment il... J'ai certainement dû en parler les deux fois où je lui ai donné cours. Oui, sûrement. Ceci dit, je trouve surprenant qu'il ait retenu cette information. Et surtout, je trouve que son ton n'était pas très sympathique.

— Haha, très drôle ! rétorqué-je avant de soupirer.

Un silence s'installe durant lequel je fixe mes notes.

— Écoute, si tu peux vraiment pas me blairer, fallait pas proposer à ma mère de me donner des cours !

— Non mais c'est la meilleure ça ! m'emporté-je en me levant, c'est toi qui ne peux pas me blairer !