5 part 2 - VICTOR

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Un mardi de décembre :

Lorsque j'arrive en retard au cours de littérature, j'ai le droit à un regard noir du professeur et il me fait signe de me dépêcher d'aller me trouver une place. Seulement rien que pour le voir grincer des dents, je prends tout mon temps avant de m'installer.

Bon, je me retrouve malheureusement à côté de la pimbêche de la classe, pimbêche qui me fait un sourire. Rouge à lèvre rouge, joues roses, cheveux lissés, peau bronzée, des bagues à chaque doigt, elle a tout des meufs too much.

— Salut, moi c'est Alexandra, lance-t-elle en me regardant comme si elle allait me bouffer.

C'est du level. Du sacré level... Je m'apprête à la rembarrer lorsque je me songe qu'elle pourrait m'aider à  faire passer le temps. Ouais, elle pourrait devenir ma première distraction dans ce nouveau lycée.

— Salut, moi c'est Victor et Vic pour les intimes, réponds-je sans me démonter et en la fixant tellement qu'elle se met à frissonner sans se cacher.

— Je suppose que je t'appellerai Vic assez rapidement dans ce cas.

Je réprime un rire. OK, elle ne perd pas de temps. D'habitude, c'est plus mon genre ce type de répartie. Au moins, je viens de rencontrer ma roue de secours. Dès le deuxième jour de cours, ce n'est pas mal, non ?

Je n'ai même pas encore ouvert mon cahier (ouais aujourd'hui je vais essayer de jouer au mec sérieux, enfin c'est en projet du moins) qu'Alexandra se penche déjà vers moi pour me faire un tour de classe des yeux. De sa voix de pétasse (désolée, je ne peux qualifier son timbre autrement) elle me dit qui selon elle, autrement dit la plus sublime de la classe, est fréquentable et qui ne l'est pas.

C'est à nouveau à ce moment que je songe que mes amis me manquent.

Sortir avec des nanas de son genre ne me dérangeait pas avant, mais j'avais mes amis à la sortie des cours pour reprendre un bon souffle. Alors que là, je n'aurai rien d'autre que le silence de ce studio immense qui me semble plus qu'étranger. Je n'aurai même pas ma mère pour me sentir mieux.

Roue de secours trouvée ou pas, je suis encore loin d'être bien dans mes basques.

***

Une demi heure plus tard, alors que le tableau est rempli de notes et que le grincement de la craie a fait saigner mes oreilles bien trop de fois, le prof demande de faire passer des feuilles.

 — Nous allons maintenant nous intéresser au texte sur la culture qui vous est distribué. Mais avant tout, je voudrais savoir comment nous devons procéder.

La classe devient silencieuse tandis que le professeur regarde chacun de nous. Je soupire et le regarde fermement. Cette méthode que les autres élèves ont tendance à fuir marche plus que l'on pourrait le croire. La plupart du temps, les professeurs vous captent et votre regard leur rappelle à quel point il sera inutile de vous interroger.

C'est comme un défi. C'est comme si vous lui envoyez un message : vas-y, interroge-moi et tu auras le droit à une réponse de bouffon qui fera ricaner la classe comme si tu n'avais plus que des imbéciles dans la pièce.

Bien que le professeur ne connaisse pas encore ma manière de penser, je vois que mon plan fonctionne.

— Alexandra ? Expliquez-nous les différents types de raisonnement d'un texte, je vous prie.

La pimbêche à mes côtés soupire et lève les yeux au ciel. Je me demande soudainement pourquoi elle était assise toute seule alors qu'elle m'a dit avoir une cour phénoménale. Puis je comprends qu'elle m'attendait.

Les écorchés - Tome 2 : Seconde chanceOnde histórias criam vida. Descubra agora