16 part 2 - PERLE

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Un lundi de décembre :

Alors que la dernière semaine de cours avant les vacances de Noël débutent, j'arrive au lycée en affichant un air maussade. Parce que malgré mes nombreuses recherches, je n'ai pas retrouvé mon ruban.

Lorsqu'Anna m'aperçoit, elle fronce les sourcils. Elle sait que j'ai perdu mon précieux comme elle aime l'appeler. Aussi, elle se contente de me tendre un écouteur et malgré ma réticence, elle me fait comprendre que je dois obéir alors après un soupir, j'attrape l'objet rond et capitule.

Elle a lancé Love Story de Paul Mauriat. Je crois que j'ai arrêté de compter le nombre de fois où j'ai écouté ce morceau. C'est d'ailleurs moi qui l'ai fait découvrir à mon amie et à force de l'entendre, elle a fini par l'aimer.

Telles deux idiotes, nous rejoignons le lycée en avançant à pas de fourmis pour ne pas s'arracher un écouteur. Seulement malgré nos efforts, la séparation a lieu avant la fin de la chanson. Il faut dire qu'Anna est bien plus petite que moi.

Deux minutes plus tard, nous arrivons dans le couloir de philosophie.

Les écouteurs à nouveau dans les oreilles, mon amie commence à chantonner quelques notes et je prie pour que personne n'entende ses canards. J'ai découvert il y a de cela deux ans le peu de talent au chant d'Anna. C'était lors de son anniversaire. Elle était tellement euphorique devant ses cadeaux qu'elle a voulu chanter et j'ai essayé de cacher mes dents qui grinçaient et mes oreilles qui saignaient.

Au final, elle l'a compris. Mais elle m'a dit qu'elle s'en foutait. D'un autre côté, elle n'a pas tort. Elle vit pour elle.

Alors que je grimace à l'entente d'une nouvelle fausseté, Anna retire un écouteur. Ses yeux se posent sur mes doigts qui passent sur le fantôme du ruban de Samuel et elle soupire. Sous mon regard intriguée, elle s'assoit par terre, à côté de moi, puis se lance :

— Tu sais, je me dis qu'il était peut-être temps que tu te détaches de ce truc.

Je ravale ma salive. Je sais qu'elle a raison mais je ne peux pas me faire à cette idée. Je ne peux pas me séparer des souvenirs de Samuel. C'était la seule chose qui me liait encore à lui. Et même si de son côté, il semble m'avoir grandement oubliée, je sais que je ne suis pas prête à lui dire au revoir. Du moins pas à ce ruban.

***

A la fin du cours de philosophie, je ne suis pas surprise d'entendre que monsieur Cénal souhaiterait me parler. Depuis le moment où j'ai appris son plan diabolique et celui où la mère de Victor a dû lui annoncer la fin de leur collaboration, quelques jours sont passés. Je vais savoir s'il a digéré l'histoire ou pas.

— Je tenais à m'excuser pour le malentendu qu'il y a eu concernant le tutorat de monsieur Hark.

Tiens donc ? Un malentendu ?

— J'ose espérer que vous vous chargez de lui faire suivre les cours ? Malgré ce qu'il s'est passé, je serai embêté qu'un de mes élèves n'ait plus accès aux leçons.

Je ne sais pas pourquoi j'avais espérer qu'il présenterait ses excuses pour avoir essayé de m'arnaquer. Il a préféré le faire passer pour un malentendu et avec du recul je réalise que c'était évident qu'il présenterait les choses.

— Je fais suivre les cours, en effet. Victor ne devrait pas prendre trop de retard, enfin s'il travaille de son côté.

Ce dont je doute fort, ai-je envie de rajouter mais je me tais.

— Très bien.

Désormais mal à l'aise, je ravale ma salive et jette un coup d'œil à ma montre.

Les écorchés - Tome 2 : Seconde chanceTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon