17 part 3 - VICTOR

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La poitrine de Poil de carotte se lève rapidement, trop rapidement. Elle panique. Ses mains sont plaquées contre le meuble. Elle est sous le choc. Et elle n'est pas la seule... Bordel, mais qu'est-ce qui m'a pris ?

Je porte mes mains à la tête et soupire avant de lui tourner le dos pour partir faire un tête à tête avec mon évier.

— Je... Je... bégaye-t-elle, la voix tremblante. Je suis désolée d'avoir parlé de ton père... Je vais te laisser maintenant. Excuse-moi de t'avoir dérangé. J'ai compris le message, j'y vais.

Tandis que je l'entends avancer vers le lit pour attraper ses affaires, je fixe le mur en face de moi. Poil de carotte attrape son manteau couleur bordeaux. Manteau qui avec ses chaussures à la Louis XIV, fait clairement d'une autre époque. Ensuite, la rouquine doit avoir les mains qui tremblent puisqu'elle râle après elle-même après avoir fait tomber quelque chose.

J'entends ses pas s'éloigner et alors qu'elle ouvre la porte, ma voix m'échappe :

— Attends.

Tout en essayant de paraître calme, je sors de ma cuisine et vais vérifier qu'elle soit toujours dans le couloir. Le manteau sur les épaules, le visage encore rougi, les cheveux indomptables, elle attend que je dise quelque chose, bien qu'elle ne paraisse pas très rassurée.

Alors sans un mot, je vais dans ma salle de bains à la recherche du ruban. J'ai songé à ne pas le lui rendre, mais je ne sais pas pourquoi, je me dis que je lui dois au moins ça.

Lorsque je ressors de la salle d'eaux et que je lui montre le tissu, Poil de carotte ne réagit pas comme je m'y attendais. Elle ne sourit pas, rassurée d'avoir retrouvé son objet fétiche (puisque je suppose qu'elle l'avait égaré par mégarde). Au lieu de cela, elle prend le ruban, le menton tremblant puis se mord les lèvres.

— Tu n'es pas obligée de partir si ton père n'est pas encore là. Je vais te laisser tranquille. Attends-le au chaud.

La rouquine me regarde comme si ce qu'elle devait faire était écrit sur mon front. On dirait un chat qui essaie d'évaluer la situation pour savoir s'il doit fuir ou attaquer.

Pas très sure, elle finit par refermer la porte et avance dans le couloir en me regardant, éternellement sur ses gardes. C'est le retour du regard craintif et effrayé, ce même regard qui m'a poussé à faire quelque chose que je ne comprends toujours pas. Si j'avais sauté sur Lucie, j'aurais pu comprendre. Cette nana est sexy et ne passe pas par quatre chemins. Mais Poil de carotte...

Alors que je rentre en conflit avec mes propres mœurs, l'intello me contourne puis se dirige vers la fenêtre. Silencieusement, je l'observe. Ses cheveux n'ont plus rien à voir avec ceux de son arrivée. Adieu le bandana autour de la tête, sa chevelure ressemble à une brosse à dent usagée.  Et même si ma comparaison n'est pas glamour, je dois avouer que cet état sauvage me titille un peu. Malgré moi, c'est le retour de mon délire de tresse rousse.

Sûrement angoissée, Poil de carotte passe une main sur sa nuque et le souvenir de ses lèvres contre les miennes ressurgit. Je secoue la tête pour me reprendre. Mais mes yeux arpentent déjà les lignes de son corps. Elle est plutôt grande pour une adolescente. J'ai l'habitude des petites, ce sont souvent celles qui ont le plus de caractère. Enfin disons qu'elles ont le caractère qui me plait.

Bon, niveau formes, il faut reconnaître que l'intello n'est pas très gâtée et ses vêtements d'une autre époque n'aident pas à la mettre en valeur. Comment à son âge, on peut se fringuer ainsi ? Je suis en train de me dire qu'elle n'a définitivement rien pour elle lorsque mes yeux s'arrêtent sur sa chute de rein qui est visible depuis qu'elle a croisé les bras et tiré sur son petit pull démodé.

Les écorchés - Tome 2 : Seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant