Chapitre 1

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Adam

Ma chambre est encore plongée dans le noir lorsque mon réveil résonne dans mes oreilles. Je pousse un grognement avant d'attraper mon téléphone, je coupe l'alarme et le balance brutalement à l'autre bout de mon lit. Je l'entends glisser sur la couette et chuter sur le sol. Je me résigne à vérifier si l'écran n'est pas cassé et tente de replonger dans mon sommeil quand quelqu'un vient frapper à ma porte. Putain décidément c'est une journée de merde qui commence !

-Adam, réveille-toi, tu vas être encore en retard !

Entendre la voix insupportable de ma sœur Shirley dès le réveil est la meilleure chose pour me mettre en rogne. Elle a un an de moins que moi, mais depuis quelques mois elle s'est convaincue de jouer la mère de subsistions pour mes frères et moi.

J'enfouis ma tête sous l'oreiller, priant pour qu'elle disparaisse mais Shirley toque à nouveau. C'en est trop pour moi. Cette idiote m'a cherché. Je fais un bond hors du lit et ouvre la porte pour me trouver face à face avec elle.

-Écoute-moi espèce de garce, recommence et je t'arrache la tête !

Le visage de Shirley se décompose, je m'exaspère lorsque je vois ses yeux s'humidifier. Je ne suis vraiment pas d'humeur à m'occuper de cette chouineuse. Je passe à côté d'elle en lui donnant un violent coup d'épaule. Avant d'entrer dans la salle de bain, j'entends ma sœur siffler entre ses lèvres :

-Quand est-ce que tu vas arrêter d'être un putain de connard ?

Je fais un effort surhumain pour l'ignorer et claque la porte derrière moi. Une fois sous la douche, je me savonne le corps et me shampouine les cheveux. Je prends une grande inspiration, tentant de me calmer. C'est aujourd'hui l'anniversaire de sa mort. Son visage sera affiché partout, elle va revenir me hanter comme un fantôme. Mon poing se contracte contre la paroi de la douche. Je ne dois pas attirer l'attention et être comme je suis d'habitude. Il faut que je me défoule et il n'y a qu'avec cet idiot que j'y arriverai. Lorsque je termine ma douche, je rejoins le reste de ma famille qui déjeune dans le salon au rez-de-chaussée. Mes frères, ma sœur et moi vivons ensemble avec mon père. Je me situe au milieu de la fratrie.

Il y a mes frères jumeaux, Andrew et Maxime, les jumeaux, âgés de dix-neuf ans, ensuite moi, dix-sept ans, Shirley quinze ans et Anthony, douze ans.

Depuis le décès de notre mère il y a quatre ans, tout a changé. Notre père, Robert Hopkins, passe ses journées à se bourrer la gueule, nous ne pourrions même pas survivre sans les aides sociales. Cela arrivait souvent que mes frères et moi se cotisent pour le remplir le réfrigérateur dans les fins de mois.

Lorsque j'arrive dans le salon, j'aperçois mon père qui ronfle bruyamment dans le canapé, un cadavre de bière à la main. Je le jauge du regard, un air de dégout sur le visage, cela faisait des années que mon père n'était plus qu'une loque à mes yeux. Je le détestais de n'avoir jamais eu la force de s'être relevé de la mort de notre mère.

Alors que mes frères sont en train de se chamailler à coups de coups de fourchettes, j'attrape un croissant sur la table avant de tourner les talons.

-Tu pars déjà ? C'est tôt pour les cours...

J'ignore la remarque de sa sœur et me précipite pour sortir de la maison.

Oui il est encore tôt, mais il est hors de question que cet abruti d'Owen me file encore entre les doigts. Cela fait maintenant deux jours que ce rat arrive à se faufiler hors de son immeuble avant l'arrivée de mes amis et moi. Et pour rien au monde, et surtout pas aujourd'hui, j'allais me priver du plaisir jouissif de le voir pleurnicher entre mes mains.

Lorsque je sortis de chez moi, mes amis Llyod et Stanley m'attendaient déjà, adossés contre un mur, cigarettes au bec. Après s'être salués, nous nous mîmes à courir vers l'immeuble qui se trouvait quelques blocs plus loin.

Je jete un coup d'œil à mon téléphone, Les cours ne commençent que dans deux heures, c'est impossible qu'il soit déjà sorti de chez lui. J'ordonne à mes amis de se cacher derrière des poubelles pour que notre proie ne nous repère pas depuis sa fenêtre. Un bonne vingtaine de minutes s'écoule avant que finalement la porte d'entrée de l'immeuble ne s'ouvre. Je dépasse ma tête des ordures et l'aperçois enfin. Je reconnais immédiatement sa silhouette frêle et maladroite. Cette capacité à paraître si facilement pitoyable et grotesque à la fin. Un corps si fragile qu'il vous donne l'envie de le briser en milles morceaux. Mon cœur s'accélère à la vue de celui dont je prends tant de plaisir à malmener, Owen Irwin.

La porte se referme derrière la fluette silhouette. Le regard d'Owen se dirige instinctivement vers moi, comme s'il avait immédiatement repéré la menace. Lorsqu'il me reconnait, son visage se décompose. Je suis satisfait de voir qu'uniquement ma vue lui provoque ce genre de réaction.

-Cet enfoiré est là ! Chopez-le !

Ma voix résonne dans la rue, Llyod et Stanley surgissent à leur tour. Nous nous mettons à courir en direction d'Owen. Ce dernier saute à pied-joint les trois marches du ponton de son immeuble pour gagner la rue. Un folle course poursuite commence alors entre nous à travers les passants qui se faisaient de plus en plus nombreux dans les rues.

En quelques mètres, je rattrape la distance qui me sépare d'Owen. Lorsque ce dernier s'en aperçoit, je le nargue avec un sourire provocateur avant de le frapper violemment dans les tibias. La vitesse de sa course accentue sa chute et Owen tombe brutalement au sol. Les garçons se mirent à glousser autour de lui. Il n'eut à peine le temps de se ressaisir que je l'attrape par le col de son tee-shirt pour le soulever. J'ai l'impression qu'il pèse le poids d'une plume. Si je ne le détestais pas autant, j'aurais presque pitié de lui.

-Où tu courais comme ça, Owen ? Ca m'fait de la peine, j'pensais qu'on t'avait manqué !

Je mime exagérément une expression de tristesse avant d'exploser de rire. Je tire violemment Owen par son vêtement pour l'attirer dans une ruelle, suivis de mes amis. Les garçons vérifièrent les alentours s'assurant qu'il n'y ait personne. Je jete à nouveau Owen au sol.

-Je vous en supplie, laissez-moi partir, je vous ai rien fait !

Le garçon tremble comme une feuille. Des larmes coulent abondamment sur ses joues. Son petit corps se secoue dans tous les sens. Je le regarde, fasciné et amusé, un large sourire pervers sur les lèvres. Comment peut-on être aussi faible ? Mes poils s'hérissent sur tous mon corps lorsque j'entends les plaintes du garçon, comme l'effet d'une douce mélodie. C'est exactement cette sensation que je cherchais tant, cette sensation qui me rend presque ivre de plaisir. Je ne me suis jamais autant senti vivant que depuis que je martyrise cette chose. Owen Irwin est un nouveau qui a commencé les cours à la rentrée, deux mois auparavant. Il est dans la même année que ma sœur, Shirley. Il vient de New-York et s'est installé à Brodhead avec sa sœur et sa mère.

Tous ces pompeux des grandes villes, que je vois à longueur de journée à la télévision, dévorés par leurs égos et leurs idées prétentieuses, se croyant intouchables et donneurs de leçons, méprisant les gens comme nous.

Oui, Owen représente à mes yeux, tout ce qui peut foirer dans une société et je jubile de prendre ma revanche sur ce déchet.

Owen ne fait pas de sport, il est végétarien, il passe son temps à lire des mangas et jouer aux jeux vidéos et le pire de tous, il est gay.

Il ne l'a jamais dit à qui que ce soit mais ça crève les yeux. Il a une corpulence de crevette et il ne traîne qu'avec des filles. Pour ne rien arranger, sa mère est la nouvelle commissaire de la ville, c'est pour ça qu'ils ont emménagé ici.

Il incarne le genre de types que j'ai toujours eu envi de frapper, et maintenant que j'en ai un entre les mains, je compte bien en profiter.

-Attrapez-le, empêchez-le de bouger. 

DANGEROUS BULLYWhere stories live. Discover now