DANGEROUS BULLY

Chapitre 21

Adam

-Buckley ! Pour la troisième fois, arrête d'embêter tes camarades !

Le prof de science est en train de me foudroyer du regard. Cela fait maintenant depuis plus de dix minutes que je jette des boules de papier sur ma voisine de devant. Je me redresse sur ma chaise, prenant l'air faussement innocent. Le professeur lève les yeux au ciel avant de reprendre son cours. Je soupire bruyamment. Qu'est-ce qu'on se fait chier dans ce bahut depuis quelques jours. Sous prétexte que deux grognasses soient mortes, tout le monde tire la tronche. Quelle bande d'hypocrites. Des gens crèvent tous les jours et personne n'en a rien à cirer. Quoi qu'il en soit, je me retrouve dans de beaux draps à cause de cette garce. J'ai reçu ma convocation ce matin, je vais me faire auditionner vendredi par les flics. J'espère que personne ne m'a vu partir avec elle.

Je repense à la veille, je trépigne d'impatience à l'idée de ce qu'il m'attend après les cours. Je me demande dans quel état il doit être de son côté, terrorisé, j'espère.

La sonnerie retentit, je saute de ma chaise et sort de la classe sans attendre l'autorisation de mon professeur. Je n'en ai rien à battre de ce connard, j'ai une dizaine de vidéos de lui sur mon portable où il matte les seins des étudiantes, il sait qu'il ne peut rien me dire.

Je déballe à toute vitesse les escaliers pour rejoindre la seule chose qui m'importe dans ce lycée, l'entraînement de basketball. Je fais partie de l'équipe régionale depuis maintenant quatre ans. Je suis le meilleur. Jacob se débrouille plutôt bien mais s'il est capitaine de l'équipe c'est uniquement parce son père est bourré d'oseille et qu'il invite chaque année notre coach à ses soirées. Jacob s'en est souvent tiré grâce à son entourage. Nous sommes amis depuis la primaire mais au fil des années une rivalité s'est installée entre nous deux. J'ai toujours été celui qui a des facilités au sport et avec les filles mais il est celui qui conclue car il a l'argent. Je dois admettre que ça a pas mal contribué à ma haine des riches.

Je commence à m'échauffer sur le terrain avec l'équipe pendant que Jacob est en train de tripoter Emilia dans les estrades. Emilia était mon crush au collège et Jacob le sait parfaitement. Je tourne la tête pour ne plus les voir s'embrasser.

Nous courons et faisons quelques exercices d'étirement pour nous échauffer avant de démarrer un match amical. Je mets alors toute ma rage dans mon jeu, je mets un, puis, deux, puis trois paniers en moins de quinze minutes. Les personnes assises dans l'estrade m'applaudissent, y compris Emilia. Je suis couvert de sueur, je lève mon tee-shirt pour essuyer mon visage avec mon maillot tout en lui adressant un clin d'œil. Je la vois flancher au loin pendant que Jacob affiche une mine dépitée. Quel spectacle jouissif.

Lorsque l'entraînement est terminé, nous nous dirigeons dans les douches du vestiaire. Je prends du temps pour me laver, l'eau qui coule entre mes muscles courbaturés me fait un bien fou. Peu à peu, je vois mes coéquipiers quittaient les vestiaires pour qu'il ne reste plus que moi. Je finis par couper le robinet. Je sors de la douche en entourant une serviette autour de ma taille. Jacob est assis sur un des bancs du vestiaire, le regard planté dans le mien.

-Ca va mec ?

Je m'avance vers mon casier sans lui répondre pour autant. Je l'ouvre et en sort une bouteille de déodorant. Jacob est toujours en train de me fixer, il ne compte donc pas partir.

-Pourquoi cette question ?

Je lui parle tout en parfumant mes aisselles du spray. Jacob m'observe en détail, il semble hésiter à parler, ce n'est pas son genre.

-Et bien, on a tous remarqué qu'en ce moment t'es...différent.

Je repose la bouteille de déodorant en soupirant bruyamment. Je me masse la tête, essayant de ne pas perdre mon sang-froid. Jacob se lève et se rapproche de moi.

-Non attends, mec ! Ce que je veux dire, c'est que je m'inquiète juste pour toi. T'arrêtes pas de t'en prendre à ce gamin qui fait le poids d'une plume et t'es à deux de te faire virer. Je-je me dis que t'es peut-être perturbé par tout ce qu'il se passe, enfin ce qu'il s'est passé si tu vois ce que...

J'enfonce mon poing dans le casier, à quelques millimètres de Jacob. Je vois le visage de ce dernier se décomposer. Je m'approche de lui.

-Ne. Termine. Pas. Ta. Phrase.

Je finis par m'écarter, Jacob reste immobile. Je continue de le foudroyer du regard, je suis à deux doigts de perdre le contrôle.

-D-désolé Adam, je ne reparlerai plus jamais de ça.

Jacob n'attend pas de réponse de ma part et se précipite pour quitter les lieux. Je finis de rapidement m'habiller. Je regarde ma montre, il est déjà seize heures, mon rendez-vous m'attend.