Chapitre 4

262 16 0
                                    

Owen

-Alors le pédé, t'étais en train de mater quoi ?

-Hé ! Foutez lui la paix !

Hester se place devant moi pour faire face aux garçons. J'essaye de rétorquer quelque chose mais je suis encore sonné par le coup.

-Mêle toi de ton cul la pute si tu veux pas que ta sextape refasse le tour d'internet !

Hester s'effondre face aux menaces d'Adam ce qui provoque en moi un élan de haine envers ce dernier. Je me lève pour lui faire face à mon tour.

-Va te faire foutre Adam ! J'préfère être un pédé qu'un putain de gros bof !

Les traits d'Adam se déforment par la rage. Il s'apprête à me sauter dessus lorsque Jacob l'attrape par le bras.

-C'est bon laisse couler, Ad, tu fais chier, tu pourrais faire un effort aujourd'hui !

Mon cœur bat la chamade. Jacob vient de prendre ma défense. C'est la première fois qu'il intervient. Je sais que je ne dois pas m'emballer, qu'il l'a simplement fait par bonté mais tous mes sens sont en éveil et des tas d'images défilent dans mon esprit.

Adam continue de me fixer, toujours en furie, avant de finalement nous tourner le dos et de rejoindre le reste des élèves.

Jacob se tourne vers moi et m'adresse un clin d'œil. Je vois à son visage qu'il vit une journée difficile et je me sens désolé pour lui d'avoir des amis comme Adam, incapable de se contrôler.

-On se voit ce soir à la cérémonie, Owens.

Il m'adresse un sourire. Mon cœur loupe un battement. Je lui souris en retour, mal à l'aise. Il repart en trottinant vers le reste du groupe.

Hester qui s'est ressaisie entre temps, me donne un coup de coude en gloussant. Je me contente de l'ignorer, m'enfonçant sur place pour qu'elle ne s'aperçoive pas de que mes joues ont viré au rouge.

Aux alentours de dix-huit heures, tous les élèves se réunirent sur le stade du lycée. Une estrade est installée pour recevoir la famille et les amis d'Adrienne Hopkins. Je ne l'ai jamais connue, mais à en voir les nombreuses personnes présentes et la réaction de la majorité d'entre elles, Adrienne semblait être une adolescente classique, sans histoires et aimée de tous.

J'aperçois sur l'estrade Jacob, au côté d'autres proches d'Adrienne.

Les intervenants défilaient les uns après les autres derrière le pupitre. Chacun de leurs discours était plus déchirants les uns que les autres.

La photo de la jeune fille trônait sur la scène. Elle était belle, et si jeune. J'avais l'impression qu'elle était là, assise sur sa chaise, à nous observer.

Le proviseur introduit le dernier intervenant comme le frère de la défunte. Un sentiment de tristesse m'envahit lorsque je reconnus Hunter, un garçon discret qui était dans mon cours d'informatique. J'étais loin de m'imaginer qu'il avait vécu la perte d'un proche. Personne ne se souciait de ce qu'il pouvait se passer dans la vie du garçon au fond de la classe.

A l'heure prévue, chacun d'entre nous allume sa lanterne avant de la laisser s'envoler dans le ciel. Le silence qui plane est particulièrement reposant et permet d'honorer tous ensemble la mémoire d'Adrienne.

Ce moment sacré fut brisé lorsque j'entends des gloussements derrière mon épaule. Lorsque je me retourne, je découvre avec horreur que ces enfoirés ont accroché deux de leurs lanternes à ma veste que j'ai laissé par terre. Jacob n'est pas là, je suis persuadé qu'il ne les aurait pas laissé faire. Je tente de la rattraper mais c'est trop tard, elle s'est déjà trop élevée dans les airs.

-Ma veste !

Je sens des larmes de rage me monter aux yeux. Ma veste virevolte selon le sens du vent. Je tente de courir le plus discrètement possible à travers la foule. Je suis désespérément du regard mon vêtement s'envoler en direction des bois. Je n'ai jamais autant détesté ces enfoirés. Ils ne respectent même pas une commémoration.

Je m'enfonce de plus en plus dans les bois, m'éclairant à l'aide de mon portable. Le seul bruit qui résonne dans l'obscurité est le craquement des branches de bois sous mes pas. Les arbres cachent le ciel et je peine de plus en plus à voir ma veste à travers leurs cis. Je m'arrête un instant pour tenter d'y voir plus clair, en vain. Je regarde partout autour de moi et panique lorsque je réalise que je ne me souviens déjà plus de la direction par laquelle je suis arrivé.

Soudain, un bruit de branches cassées résonne dans l'obscurité. 

DANGEROUS BULLYDonde viven las historias. Descúbrelo ahora