Chapitre 3

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Owen 

Lorsque j'arrive chez moi pour me laver et me changer, je remarque avec soulagement que ma mère est déjà partie au travail. Je me regarde dans le miroir de la salle de bain, encore sous le choc, pour constater les dégâts. Je soupire, c'est pire que ce que j'imaginais. Les frottements des tissus de mes vêtements contre les plaies pendant le trajet ont intensifié la douleur. Je m'aperçois avec cynisme que les marques ont réellement la forme de bonhommes souriants. J'espère qu'elles cicatriseront rapidement avant que quelqu'un de mon entourage ne le remarque. Je me précipite de me déshabiller complètement avant de rentrer dans la douche pour nettoyer les traces d'urine sur mon corps.

Depuis le début de mon harcèlement, je me suis toujours débrouillé pour que ma mère et ma sœur ne s'aperçoivent de rien. Adam s'arrange toujours pour me frapper à des endroits qui ne sont pas visibles. Cela fait maintenant deux mois que j'ai commencé les cours dans mon nouveau lycée. J'ai commencé, à la rentrée, les cours dans l'unique établissement de la région et le moins que l'on puisse dire, c'est que je souffre du choc des cultures entre les grandes villes et ce genre de patelins. Ma petite taille, mes lunettes de vues et mon corps fluet ont suffi pour attirer les foudres des bas-fonds du lycée.

Parmi tous mes harceleurs, Adam était de loin celui qui me terrorisait le plus. Cela avait commencé dès mon arrivée au bahut par de simples taquineries. Mais cela a rapidement dégénéré en moqueries pour que finalement cela ne devienne plus que de l'humiliation pure et dure. Au début, j'ai essayé de faire face aux brimades, feintant de rire avec mes harceleurs mais rapidement les choses ont dégénéré, j'ai finis par leur demander de cesser mais cela a marqué une nouvelle étape dans mon calvaire. Adam a adoré me voir le supplier et il est devenu alors peu à peu violent avec moi. Il m'attend tous les matins et les soirs avec ses amis pour me passer à tabac et me filmer sur son téléphone.

Cela fait des mois que mon quotidien est rythmé par leurs tortures physiques et psychologiques. Je n'ai jamais réussi à comprendre ce qui pouvait pousser l'être humain à commettre de tels actes, sans la moindre raison. Adam Buckley est l'incarnation du sadisme à mes yeux. Je n'ai jamais rencontré de personnes aussi diaboliques que lui dans toute ma vie. Adam se nourrit de ma peur et de mes larmes, il jubile à chacune de mes humiliations comme s'il a une rancœur démesurée envers moi. Pourtant, je n'ai jamais causé de tort à qui que ce soit. Adam est animé par le simple plaisir d'écraser l'autre et cela me dépasse totalement.

Évidemment, l'envi d'en parler à ma mère ne me manquait pas, mais Adam et ses amis ont un nombre incalculable de vidéos de moi dans des situations plus désavantageuses les unes que les autres. Je suis terrorisé à l'idée qu'elles se retrouvent sur le net si je parlais. Je sais malgré tout que la situation ne peut plus durer, il faut que je trouve un moyen de me sortir de cette spirale infernale.

Ils n'ont jamais été aussi loin que ce matin. Les sévices s'aggravent de jour en jour. Les tortures deviennent de plus en plus longues et intenses. A chaque fois que je pense qu'Adam a atteint sa limite, ce dernier s'enfonce encore un peu plus dans l'horreur.

J'arrive au lycée avec plus d'une heure de retard. J'entre, essoufflé, dans mon cours de chimie pendant que les élèves sont en train de s'installer. Je vois alors mon amie Hester me faire un signe à l'autre bout de la classe. Je me dépêche de m'installer à côté d'elle après l'avoir saluée. Hester fait partie de mes rares amis de Brodhead. Elle est devenue une paria lorsque Stanley, l'un des amis d'Adam, a fait fuiter une de leurs sextape. Le lycée est le seul de la région et les élèves, soucieux de leur réputation, ont un esprit étriqué malgré leur âge. Personne ne veut trainer avec « la fille de la sextape ». Cette mentalité m'échappe complétement qui ne voit qu'en Hester une fille profondément gentille qui a été victime d'une terrible injustice. Malheureusement, les choses sont souvent inversées.

DANGEROUS BULLYWhere stories live. Discover now