Chapitre 15

212 11 1
                                    

Owen

Je suis allongé dans mon lit lorsque les premiers rayons du soleil traversent mes volets. J'ouvre à peine les yeux, un mal de crâne me foudroie. Soudain, je me rappelle de la veille. Je trésaille. Je n'arrive toujours pas à croire ce qu'il s'est passé. Est-ce que j'ai rêvé ? Pourtant tout me parait si réaliste malgré l'alcool. Des images de Jacob en train d'embrasser cette fille me reviennent et mon cœur se serre instantanément. Mais ce qui me tétanise le plus, c'est ce qu'il s'est passé après, dans la chambre. Adam m'a embrassé. C'est impossible, merde. J'ai dû délirer. Seulement je me souviens parfaitement, du goût de sa langue mélangée à l'alcool. Mais pourquoi a-t-il fait ça ? Il me frappe et m'humilie quotidiennement, et surtout, pourquoi diable me suis-je laissé faire ? Je n'arrive pas à croire que j'ai laissé mon harceleur m'embrasser et me ploter. Il doit avoir un problème chez moi. Encore hier midi il me frappait à la vue de tous et à cause de lui, j'ai été pun... Oh merde ! J'ai complétement oublié que je dois repeindre le gymnase aujourd'hui ! Je me précipite sur mon téléphone, il n'est pas loin d'être dix heures et je devais y être pour neuf heures. Je saute du lit et m'habille en coup de vent sans prendre la peine de prendre une douche. Je dois admettre que j'ai du mal à m'y résigner, je ne me suis pas lavé depuis la soirée et j'ai l'impression de toujours sentir l'alcool. Mais tant pis, je suis déjà trop en retard.

Je descends dans le salon, heureusement pour moi, ma mère est partie travailler tôt ce matin. Ma sœur doit être probablement encore en train de dormir, quelle chance. Je sors de la maison et grimpe dans le premier bus qui passe jusqu'au lycée. Pendant le trajet, l'angoisse monte. Je vais me retrouver seule avec Adam, c'était déjà une pensée qui me terrifiait mais maintenant avec ce qu'il s'est passé la veille, je suis carrément en train de paniquer. Le bus se gare devant le lycée et je descends. J'arrive à l'accueil où le gardien du bahut m'attend. Il semble être au courant de la punition puisqu'il se lève pour m'accompagner au gymnase. Une fois là-bas, il me montre les bâches à installer et les murs à repeindre. Il m'indique que je dois commencer par le logo de l'équipe de basketball. Le dessin s'est pratiquement effacé au fil des années et il doit à présent être repeint en rouge. Je regarde autour de moi, je remarque que tout le matériel nous y attend, les pots de peintures, les pinceaux... Je soupire, le gymnase est dans un sale état, on va avoir un sacré boulot, mais je aussi constate autre chose, l'absence d'Adam. Étant donné que j'arrive avec plus d'une heure de retard, je m'attends à ce qu'il soit là. Je suis naïf, c'était évident que ce batard allait me laisser tout le boulot. Le gardien finit par me laisser et me voilà seul dans ce gymnase, livré à ma corvée alors que je pourrais faire des tas d'autres choses de mon weekend. Je chasse ces pensées et décide de m'activer, au plus vite j'avancerai et au plus vite je serai débarrassé de cette tâche ingrate. Pendant la première heure, je m'applique sur mon travail. Je prends le temps de reculer pour admirer le logo, je dois admettre que je m'en sors plutôt bien. Je suis sur le point de reprendre de la peinture rouge lorsque mon téléphone vibre dans ma poche. Il n'a presque pas arrêté depuis que je suis arrivé au lycée. Je me suis juré de rester concentrer sur ma punition mais la curiosité l'emporte. Je sors mon téléphone et remarque que les notifications proviennent d'un réseau social dont l'emblème est l'oiseau bleu. Un réseau d'information où tout le monde se tient au courant sur tout ce qu'il se passe. Je vois le nom de ma ville en favori dans les recherches, ce qui me surprend énormément étant donné qu'il ne s'y passe jamais rien et que Brodhead semble être oublié du reste des États-Unis. Je clique sur le hashtag, ça parle d'une disparation. Je fais défiler les articles, je sens déjà mon cœur s'agiter dans ma poitrine. Une fille de mon lycée a disparu depuis hier soir. Je regarde les avis de recherche, Diane Scott. Je clique sur l'un des articles, au hasard.

« Diane Scott, une lycéenne de dix-sept ans, a disparu depuis hier soir après s'être rendue dans une fête organisée par l'un de ses amis.

La jeune fille habite à Brodhead, une ville située dans l'état du Wisconsin.

Ses parents ont signalé sa disparition à deux heures trente-huit du matin lorsque cette dernière n'est pas rentrée au domicile. Aucun de ses amis ne déclare l'avoir vu ou reçu de ses nouvelles depuis plusieurs heures, ce qui rend sa disparition préoccupante. Pour toutes personnes possédant des informations, merci de contacter le 09-XXXXXXXXXX. »

Mon cœur bat à toute vitesse. Elle était à la même soirée. J'essaie de me rappeler de qui il s'agit, un visage me vient vaguement à l'esprit. Je ne lui ai jamais adressé la parole mais j'ai dû la croiser au lycée.

Je ne veux pas penser au pire mais pour une raison inexplicable, j'ai un mauvais pressentiment. Cette fille faisait la fête à quelques mètres de moi, et maintenant, toute la ville la cherche. Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

Je sursaute lorsque j'entends un bruit sourd provenant du fond du gymnase. Je regarde partout autour de moi, des sueurs froides dégoulinent sur mon front. Les environs me semblent d'un coup austère. Malheureusement, je n'ai pas pris la peine d'allumer toutes les lumières et la moitié du gymnase est plongée dans l'obscurité. Je suis incapable de voir ce qu'il s'y passe dans le fond. Soudain, l'idée qu'une personne puisse s'y cacher et m'y observer depuis le début, me traverse l'esprit. Un frisson me parcourt l'échine. Non je ne dois pas paniquer, je ne suis plus un enfant. Il n'y a rien, ne sois pas une mauviette Owen.

Je me redresse et d'un pas incertain, je me dirige vers le centre de la salle, là où se trouvent les interrupteurs. Plus je m'y enfonce, et moins j'y vois clair. J'ai honte, mais je sens mes jambes trembler. Je n'arrive pas à contrôler mes émotions, je suis effrayé. Je fais un autre pas, encore plus lentement que le précédent, et là, un autre bruit sourd. Cette fois comme je suis plus proche, je peux l'entendre distinctement. C'est le bruit d'une haltère qu'on fait tomber au sol, j'en suis certain. Ce n'est pas anodin, ce mouvement a été provoqué par quelqu'un. Mon cœur est sur le point de sortir de ma poitrine lorsque je fais volte-face pour courir vers la porte de sortie. Je sais qu'on dit souvent dans les films d'horreurs qu'il ne faut jamais tourner le dos au danger, mais ça m'est égal, je veux fuir le plus loin possible d'ici. Au passage, je shoot dans un pot de peinture que je fais tomber. Même si je sais que ça risque de me causer des problèmes, il est hors de question que je fasse demi-tour. Je sors du gymnase, toujours en panique, je passe devant le gardien avachi sur sa chaise.

-Euh j'ai terminé pour aujourd'hui, faut que j'y aille !

Je me précipite hors du lycée et cours à pleins poumons jusqu'à ma maison. Je cours comme si quelque chose est en train de me poursuivre. C'est seulement arrivé chez moi, que je finis enfin par me calmer.

Ma sœur est en train de mangé un bol de céréale devant la télé, elle me regarde de haut en bas, interloquée de me voir débarquer à bout de souffle.

-Jenna ! T'as vu les infos ? Une fille a disparu à la soirée d'hier !

Elle ouvre grand ses yeux, visiblement elle n'est pas au courant. Je la vois sortir son téléphone pour consulter les informations.

-Ca alors, Diane... Elle est dans ma classe de sport !

Je vois une expression de tristesse parcourir le visage de ma sœur, effectivement ça doit lui faire bizarre. Je suis sur le point de lui raconter ce qu'il vient de m'arriver dans le gymnase lorsque le numéro de ma mère s'affiche sur mon téléphone.

-Allo Owen ? T'es où ? Bien, surtout ne sors pas de la maison avec ta sœur. N'en parle à personne, on vient d'avoir l'information, on a retrouvé une fille qui a disparu hier soir, elle est décédée. 

DANGEROUS BULLYWhere stories live. Discover now