Chapitre 7

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Owen

Lorsque je pénétre dans mon salon, ma mère est en train de pianoter sur son macbook pendant que ma sœur, Jenna, était affalée sur le canapé, sur son téléphone. Je suis sûr qu'elle n'a même pris la peine de se rendre à la cérémonie du lycée, c'était bien son genre, égoïste et immature.

-Owen, tu m'expliques comment t'as perdu ta veste pendant une commémoration ?

Ma mère me regarde, inquiète. Mon explication bancale ne semble pas la convaincre. Elle semble encore plus jeune avec ses cheveux blonds peroxydés. Elle a eu ma sœur à à peine quinze ans, et moi à seize ans. Mon père décéda à peine un an après ma naissance dans un accident de voiture. Avoir une mère aussi jeune, présente des avantages et des inconvénients. Elle a toujours tout fait pour ma sœur et moi, mais il m'arrive d'envier mes amis qui ont un modèle familial plus conventionnel. Ma mère nous a habitué à nous responsabiliser très jeune, je lui en suis reconnaissant car je suis bien plus mature que les jeunes de mon âge, mais j'ai parfois le besoin de me sentir plus protégé.

C'est fréquent que les gens nous prennent pour des frères et sœurs, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

Ma mère claque des doigts sous mes yeux comme pour me faire revenir à la réalité.

-Allo, il y a quelqu'un ?

Je soupire et repousse sa main plus brutalement que je ne le voulais. Je continue de fixer la télévision, à côté de ma soeur, évitant de croiser son regard. Je l'entends souffler à son tour.

-Ok, sympa. Je pense qu'on a tous besoin de se détendre ce soir. Je vous invite à la pizzeria !

Ma sœur prononce le premier mot depuis le début de la soirée pour s'exclamer. Nous n'avons pas réellement le choix en matière de restaurants dans la ville. Il n'y a que des grills et des fast-food. Nous avons testé l'unique restaurant asiatique de la ville et nous étions restés cloués au lit pendant trois jours. Le seul qui se diversifie des autres est la pizzeria. Elle n'arrive pas à la cheville des pizzas new-yorkaises mais sa pâte n'est pas si mauvaise.

La voiture de ma mère se gare sur le parking du restaurant. Lorsque je sors du véhicule, mon sang se glaçe. J'aperçois la bande de mes tortionnaires à quelques mètres. Jacob et Adam ne sont pas présents, mais les trois autres garçons qui me martyrisent quotidiennement jouent au basket à seulement quelques mètres. Lorsque l'un d'entre eux m'aperçoit au loin, leurs railleries raisonnent dans toute la rue. J'entends leurs insultes habituelles fuser dans tous les sens, priant pour que ma mère ne s'en aperçoive pas. Lorsqu'ils la virent sortir de la voiture, ils se mirent à la siffler. Ces abrutis doivent la prendre pour ma sœur ou une amie.

Malheureusement pour moi, elle finit par tourner la tête dans leur direction et comprit que leurs injures me sont adressées.

-Allez-vous faire voire les morveux ! Si je vous revois, j'appelle vos parents depuis le commissariat !

Ma mère illustra ses propos en leur adressant fièrement son badge. Je me délecte de voir les visages des garçons se décomposer au loin. Lorsqu'ils réalisèrent qui elle était, ils s'empressèrent de détaler en courant. C'est ce que j'aime le plus chez ma mère, elle m'a toujours appris à ne jamais baisser la tête.

Nous rentrâmes tous les trois dans le restaurant, encore hilares par la réaction des garçons. Le serveur, un jeune homme d'une trentaine d'année, nous installa à la table ronde, la meilleure du restaurant. Je le soupçonnais d'avoir un faible pour ma mère, nous avons toujours le droit à un traitement de faveur à chacune de nos venues. Ma mère lui répond par un clin d'œil qui manque cruellement de subtilité. Elle commande un gin tonic pour elle et deux sodas pour nous. Elle tend la carte en adressant un sourire fatal au jeune homme. Elle adore jouer de ses charmes auprès des hommes. Elle est belle, et le sait. Elle a souffert pratiquement toute sa vie à cause de la gente masculine et ne loupe jamais une occasion pour en tirer profit.

Le serveur se racle bruyamment la gorge avant de disparaître dans les cuisines.

-Maman, arrête de chauffer le serveur, c'est super gênant !

C'est plus fort que moi, je dois mettre fin à cette scène insupportable. Elle s'exclame bruyamment dans le restaurant, ne manquant pas de nous faire remarquer dès notre arrivée. Ma mère est ce genre de femmes, dont vous ne pouvez pas passer à côté lorsqu'elle entre dans une pièce.

Elle reprend son sérieux et se penche vers moi sur la table, l'air grave.

-Bon sérieux, Owen, c'était quoi ça tout à l'heure ? On t'embête à l'école ? 

DANGEROUS BULLYWhere stories live. Discover now