DANGEROUS BULLY

Chapitre 12

Owen

Il est vingt-et-une heure lorsque je finis de me préparer pour la fête de Jacob. Mes poils s'hérissent rien qu'à l'idée de le voir. J'entends Hester qui me klaxonne depuis sa voiture. Je m'empresse de déballer les escaliers avant qu'elle n'attroupe tout le voisinage. Jenna m'attend déjà devant la porte d'entrée, impatiente.

-Grouille ! Ca fait dix minutes que j'attends !

Je lui réponds par un sourire. J'ai accepté de l'emmener avec moi, à la seule condition qu'elle ne raconte rien à notre mère sur ce qu'il s'est passé à la cantine et ma punition. Je ne sais pas combien de temps Jenna est capable de tenir le secret, mais je ferai tout pour que ca dure le plus longtemps.

Nous saluons notre mère en acquiesçant une dernière fois à toutes ses indications avant de s'échapper de la maison.

Nous passons le trajet à écouter de la musique et partager des fous rires. Je suis excité à l'idée de me rendre à une fête. C'est la chose la plus attrayante que j'ai faite depuis mon arrivée à Brodhead.

Une fois arrivés, Hester gare sa voiture devant la maison de Jacob. De là où nous sommes, nous pouvons déjà entendre la musique battre son plein. Des adolescents fument et boivent sur le trottoir. Une fille se fraye un chemin parmi eux pour aller vider ses tripes dans un tas d'ordures.

Nous regardons la scène l'air écœuré, avant de sortir du véhicule. Lorsque nous pénétrons dans la fête, tous un tas de sportifs et de pompon girls nous toisent du regard. Hester décide de prendre les devants, elle nous prend par la main et nous emmène jusqu'au bar à cocktails. Pendant qu'elle nous sert, mon premier réflexe est de chercher du regard Jacob mais pour mon plus grand malheur, je ne le vois pas. Une fois nos verres en main, je prétends devoir aller aux toilettes pour partir à la recherche de Jacob. Je pénètre dans la cuisine et je tombe nez à nez avec une fille, il n'y a que nous deux. Je la vois fouiller dans le frigo, je la connais. Elle est dans mon année mais pas dans ma classe, j'ai déjà eu des cours de sport avec elle mais je suis incapable de me rappeler de son nom. Alors que je suis sur le point de faire demi-tour, cette dernière m'interpelle.

-J'ai vu ce qu'il s'est passé à l'heure du déjeuner avec Adam, c'est qu'un connard, fais pas attention à lui.

Je soupire. Visiblement, il y a plus de personnes que je ne le pensais à ne pas l'aimer. La fille claque la porte du frigo après en avoir sorti une canette. Elle s'approche de moi et penche la tête sur le côté, comme pour mieux m'observer. Elle me tend la main pour se présenter, je lui réponds en la saisissant.

-Shirley Buckley, enchanter.

-Owen Ir...

Je m'interromps lorsque je réalise ce qu'elle vient de me dire. Attends, Buckley ? Comme Adam Buckley?! Je sens mon pouls palpiter dans mes veines. C'est impossible que cette raclure ait une sœur, je n'arrive même pas à concevoir qu'il puisse avoir une mère et un père.

Shirley ricane doucement lorsqu'elle s'aperçoit de mon expression.

-Eh oui, Adam est mon frère. Que veux-tu, on choisit pas sa famille, hein ?

Elle prononce ses derniers mots en tapotant sur mon épaule avant de sortir de la cuisine. Je suis sur le point de faire de même lorsqu'une large silhouette rentre à son tour.

Jacob se tient face à moi, me souriant à pleines dents. Ses cheveux sont plaqués en arrière et ses muscles sont cachés par un tee-shirt noir cintré, je manque de m'étouffer en le voyant. Je vois son sourire faner rapidemment pour faire place une expression contrariée. Il s'approche de moi et caresse ma lèvre du bout de ses doigts. Ma respiration se bloque, je suis incapable de bouger. Je crois qu'il ne réalise l'effet et les conséquences que peuvent avoir ses comportements. Je ne suis pas sûr de pouvoir me remettre d'autant d'émotions d'un coup.

-Qu'est-ce qui t'est arrivé, Owen ? On t'a frappé ?

J'essaie de fuir son regard, mais il est trop proche. C'est plus fort que moi, je me mets à trembler. Je peux sentir son souffle chaud contre ma peau, j'ai envi de l'embrasser, j'en meurs d'envi. Ses yeux bleus continuent de me fixer longuement, à l'attente d'une réponse qui ne viendra pas. Jacob soupire et malgré moi, il s'éloigne de moi.

-Ca te dit de faire une partie de ping-pong ? Mais il faut d'abord aller chercher à boire.

J'ai déjà mon verre et la file pour les boissons a tripplé de volûme en quelques minutes mais je serai prêt à faire n'importe quoi uniquement pour le satisfaire. Oui, je sais, je suis pathétique mais ça m'est complétement égal. Je me précipite pour lui assurer que je m'en occupe et que je le rejoins dans le jardin. Jacob m'adresse un clin d'œil à faire tomber à la renverse avant de s'enfoncer dans la foule. Je me dirige vers le bar, presque en sautillant. Des tas d'émotions m'envahissent, je suis excité à l'idée de le rejoindre et de passer le reste de la soirée avec lui. Pendant que je suis dans la file pour les boissons, je balaye du regard les alentours, à la recherche de Hester et Jenna. Je les vois au loin parler avec deux garçons qui portent les maillots de l'équipe de basketball. Visiblement, elles aussi passent un bon moment, ce qui me donne le champ libre avec Jacob.

Au moins vingt minutes plus tard, mon tour arrive enfin, je prends deux bières en plus et m'empresse d'aller dans le jardin. Je suis étonné de ne pas voir jacob à côté des tables de ping pong comme nous l'avions entendu. Je regarde partout autour de moi mais la foule m'empêche de voir correctement. Des dizaines d'adolescents déambulent, à moitié ivres. Certains s'amusent dans le jacuzzi pendant que d'autres se roulent dans l'herbe. Je finis en fin par percevoir la casquette de jacob, au fond du jardin. Je fais quelques pas dans sa direction, prenant bien soin de ne pas renverser le contenu des gobelets jusqu'à ce que je me paralyse sur place.

Devant moi, Jacob est en train d'embrasser à pleine bouche l'une des filles de l'équipe de pompon girls. Ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas. Trop tard. D'énormes gouttent finissent par déborder de mes orbites. Tous mes membres tremblent comme dans tous les sens. J'ai l'impression d'avoir pris un coup de poignard en plein cœur. C'est encore en train de m'arriver. Moi, me créant de faux espoirs sur absolument rien et qui finit toujours pas être déçu. Je suis stupide. Non, je suis faible. Non, les deux. Mes poings se referment sur les verres et je sens la bière qui commence doucement à dégouliner sur mes mains. Jacob et la fille sont toujours en train de s'embrasser. De là où je suis, je peux voir leurs langues s'entremêler, ils ressemblent à des animaux, ils sont dégoûtants. Je vois la main de Jacob passer sous le tee-shirt de la fille qui se met à geindre comme une guenon. Pour une raison inconnue, je sens un sentiment de colère envers eux. Je décide de mettre fin à mon calvaire et tourne les talons avant qu'ils ne s'aperçoivent de ma présence. Je me mets alors à courir pour traverser le jardin et grimpe à toute allure les marches de l'escalier pour aller à l'étage. Je m'aventure à enfoncer la porte d'une chambre au hasard mais tombe sur une fille et un garçon en train de coucher ensemble . Je m'empresse d'en sortir et retente le coup avec la porte suivante, cette fois, elle donne sur une chambre vide. Je m'y enfonce et ferme la porte derrière moi avant de craquer. Je m'effondre sur sol de la salle de bain, j'y dépose les verres et enfonce ma tête entre mes mains pour me laisser aller. Mes pleurs résonnent dans la pièce mais je ne m'en soucie pas puisque personne ne peut m'entendre. Je me sens stupide de me mettre dans cet état pour un garçon qui ne m'a jamais rien promis. Je prends une grande inspiration pour me calmer et saisit un des gobelets, je le fixe avant de le vider d'une traite. Je retiens un hoquet mais une fois le gout amer passé, je sens une vague de chaleur m'envahir. C'est la première fois que je bois de l'alcool, c'est agréable. Je prends le second verre et le vide avec la même rapidité. Cette fois, je ne retiens pas un hoquètement mais je ne me sens plus du tout triste, je peine même à me rappeler pourquoi je pleurais. Je renifle le verre vide, je ne suis à présent plus vraiment sûr qu'il s'agisse de bière, moi qui ne boit pas d'alcool, il m'est impossible de le savoir. Je décide de me lever mais ma tête tourne fortement. Je manque de tomber mais je me rattrape au dernier moment contre le mur de la salle de bain. Je me reprends à deux fois avant de finalement réussir à sortir de la pièce. Une fois dans la chambre, je me laisse m'écrouler sur le lit.

Je ferme les yeux, prêt à sombrer, lorsque la porte de la chambre s'ouvre sur une énorme silhouette. J'entrouvre difficilement les yeux, éblouis par la lumière. Il me faut quelques secondes pour comprendre que la personne devant moi n'est nul autre qu'Adam Buckley.