Chapitre 17

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Owen

Lorsque j'entre dans le bureau de Monsieur Hartman, j'aperçois immédiatement Adam assis sur l'un des fauteuils. Il me fusille du regard. Je m'assois à contre-cœur à ses côtés, je l'évite en fixant mes mains posées sur mes genoux.

-Bien Owen, je suppose que tu sais pourquoi tu es là. Lorsque je suis arrivé samedi au lycée pour constater l'avancée de vos travaux, et non seulement, il n'y avait personne, mais en plus de cela, de la peinture était étalée partout sur le sol. Je dois admettre que j'ai d'abord suspecté Monsieur Buckley pour ce désastre, mais ce dernier affirme que ce n'est pas lui.

Je comprends mieux à présent pourquoi Adam semble aussi en colère même s'il lui en faut peu. Je sens mon menton commencer à trembler. Pitié non, je ne dois pas surtout pas me mettre à pleurer. On attend de moi des explications, mais je ne sais absolument pas quoi dire.

-Oui Monsieur, c'est bien moi, je suis désolé. M-Mais je n'ai pas fait exprès ! J'ai entendu du bruit et j'ai eu peur, j'ai fait tomber le pot de peinture en partant.

Adam se met à rire bruyamment, il se tord sur sa chaise. Je l'entends souffler entre ses lèvres que je suis une tapette. Le sang me monte aux joues, je me sens terriblement honteux d'avoir eu peur pour si peu. Monsieur Hartman me regarde, les yeux plissés. Il semble pris d'empathie pour moi.

-Je sais qu'avec les événements de ce weekend, vous devez être tous perturbés. C'est pour ça que je ne vous en tiens pas rigueur pour cette fois. Par mesure de sécurité, nous ne sommes plus autorisés à vous laisser dans l'enceinte du lycée durant le weekend. Vous allez donc continuer votre tâche après les cours, le mardi et le jeudi. Madame Carter, la surveillante, passera régulièrement surveiller si tout se passe bien. Etant donné que les cours sont terminés à cette heure, vous allez pouvoir vous y mettre dès maintenant. Pas la peine de prévenir vos parents, nous l'avons déjà fait.

Je me ratatine sur place. Ma mère n'est même pas au courant de ma colle et lorsqu'elle va réaliser que je le lui ai cachée, elle va me tuer. Finalement je suis soulagée de ne pas rentrer de suite chez moi.

-Quoi moi aussi je dois rester ce soir ? Mais c'est cet abruti qui a fait n'importe quoi !

Le proviseur fait signe à Adam de se taire.

-Ca suffit ! Il me semble que vous n'étiez pas non plus présent lors de mon passage, Monsieur Buckley ? Cette punition vous ait attribuée à tous les deux ! Je veillerai à ce que ce ne soit pas Monsieur Irwin qui fasse tout le travail. Je vous connais, mon cher. Maintenant, sortez ! Madame Carter, accompagnez-les au gymnase, et surveillez-les de prêt, surtout celui-là !

Monsieur Hartman désigne du doigt Adam qui lève les yeux au ciel. Nous sortons du bureau du proviseur, la surveillante nous accompagne jusqu'au gymnase. Lorsque nous arrivons sur les lieux, de la peinture rouge est étalée partout sur le sol, je ne me souviens pas qu'il y en avait autant lorsque je suis parti, j'en suis même certain. Personne de l'établissement ne semble avoir touché à la scène, le pot de peinture renversé se trouve toujours là mais quelques mètres plus loin où je l'avais laissé. Quelque chose ne va pas.

-Bien je vous ai mis ici les produits pour nettoyer la peinture et les gants. C'est toxique donc vous êtes obligés de les porter. Je reviens très vite.

Madame Carter claque la porte du gymnase, me laissant seul avec Adam. Je n'ai même pas le temps d'ouvrir la bouche que ce dernier me balance sa paire de gants en pleine tête.

-C'est toi qui t'en occupe. Hors de question que je nettoie ta merde.

Il s'assoie au bord d'une fenêtre et l'ouvre en grand. Adam sort quelque chose de sa poche et le porte à sa bouche avant de l'allumer avec son briquet. Je frissonne à la vue de l'objet qui me rappelle de très mauvais souvenirs. Il me faut peu de temps pour reconnaître l'odeur du cannabis. Je n'en ai jamais fumé mais à force d'en sentir autour de moi à New-York, je peux l'identifier. Il prend une bouffée et la recrache en me fixant.

-Tu vas rester longtemps planté là ? J'te tue si on se fait encore punir !

Il prend un ton particulièrement menaçant qui a le don de me pétrifier sur place. Je ne me fais pas prier deux fois et m'empresse de me mettre au travail. J'enfile les gants et verse le produit sur le sol. Je regarde autour de moi, il n'y a que des torchons pour nettoyer. J'en saisis un et me mets à frotter le sol de toutes mes forces. Adam est toujours derrière moi, il ne prononce pas un mot. A chaque fois que je l'entends prendre une grande inspiration et recracher de la fumer, je sens des poils se dresser sur mes bras. Il me fait peur. La surveillante revient au bout d'une dizaine de minutes, j'ai déjà presque terminé de nettoyer le sol. Elle nous félicite et repart à nouveau pour mon plus grand malheur. Je rêverai de lui demander de rester avec nous mais Adam me tabasserait à la moindre occasion en représailles.

Lorsque j'ai enfin terminé avec le sol, je reprends la peinture du logo. Je tire avec difficulté l'un des pots de peinture. Sans grand étonnement, Adam se met à rire dans mon dos mais je l'ignore.

Je ne sais pas si finalement je préfère être seul dans le gymnase avec le tueur plutôt qu'avec lui.

Je regarde instinctivement en direction du fond de la salle, toujours plongée dans l'obscurité. Un frisson me parcourt.

-T'es encore en train de flipper ?

J'échappe un cri de surprise, Adam est juste derrière moi. Comment a-t-il fait ? Je ne l'ai même pas entendu se déplacer. Il s'approche de moi, m'obligeant à reculer.

-Toi aussi t'as peur de finir comme cette pute ?

Je vois à nouveau la folie apparaître dans ses yeux. Ce mec est un malade, comment peut-il parler de cette manière d'une fille qui a perdu la vie quelques jours plus tôt ?

Adam se passe la langue sur sa dent cassée, ce qui me fait tordre l'estomac.

-Déshabille-toi.

Il prononce cette phrase sur un ton froid et ferme, me laissant aucune autre possibilité. Je me mets à trembler. Non, ce n'est pas possible, il n'oserait pas s'en prendre à moi ici, pas avec la surveillante qui peut débarquer d'une minute à l'autre. Je sens une larme rouler sur ma joue.

-Adam pitié...

-DEPECHES-TOI !

Je sursaute au son de sa voix, elle est grave et effrayante. Sans réfléchir, je m'exécute. En larmes, je retire mes baskets, j'enlève mon tee-shirt puis je termine par mon jean. Je me retrouve, tétanisé par la peur, face à Adam qui semble se réjouir du spectacle, assis sur un banc. Le gymnase est énorme et à peine chauffé, je suis frigorifié, je tremble comme un verre de terre. Adam me scrute de la tête au pied en tirant sur son joint. Il se lève et jette le mégot par la fenêtre. Il se plante face à moi, me surpassant d'au moins une tête, et me recrache la fumée en plein visage. Étant donné que je ne suis pas habitué, je me mets à tousser et mes yeux me brûlent. Cela devait être l'effet recherché, puisque Adam semble s'en réjouir. Soudain, il m'attrape violemment par les cheveux. Il approche ses lèvres jusqu'à mon oreille.

-Tu sais ce que je te ferai Owen, si c'était moi le tueur ? 

DANGEROUS BULLYWhere stories live. Discover now