Partie 1 | CHAPITRE 1. Les pénombres

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ISIS.

Colombie, Puerto Lleras, 18h00.

Plongée dans les pénombres devant un film militaire qui ne m'intéresse absolument pas. Je me demande à cet instant pourquoi je ne l'ai pas changé plus tôt ?

Certainement parce que je n'arrive plus à me concentrer ou à réfléchir convenablement.

Je ne sais plus produire toutes ces choses depuis un long moment, je m'y perds trop souvent dans mes pensées inquiétantes.

Une arme comme à mon habitude est placée à mes côtés où je dépose ma main fermement dessus. Je retire la sécurité et un bruit ténu en sort.

J'attends que quelqu'un vienne rester avec moi, ou j'attends plutôt son retour pour me sentir apaisée. J'ai toujours attendu de toute façon.

Attendre qu'on vienne me récupérer de cet enfer.

Attendre qu'on arrête de me torturer.

Attendre que ses coups sur mon corps s'interrompent.

Attendre le jour de mon évasion.

Et attendre de ne plus revoir son visage qui ne cesse pas d'anéantir mes nuits.

La porte d'entrée s'ouvre, laissant entrer dans le duplex une brise froide.

Sans attendre ou par instinct de survie, je braque l'arme en direction de l'entrée où j'aperçois mon ami qui se masse au même moment les tempes.

— Tue-moi ! Cela fera probablement chuter ma migraine, dit-il en refermant la porte derrière lui.

C'est inepte, j'avais conscience que c'était lui, car j'ai su discerner le bruit de ses pas. Mais j'avais besoin de déceler sa voix pour tranquilliser mon esprit.

Un garde se trouve à l'extérieur 24h/24, mais je me méfie... Carlos n'est toujours pas rentré du Mexique, et si ce n'est pas lui, ce n'est personne.

— Journée pénible ? Demandais-je en remarquant la fatigue sur son visage.

Il s'approche en s'enfonçant sur le canapé à mes côtés en empoignant une de mes barres au chocolat que je n'ai pas terminé.

— J'ai clairement une migraine abominable depuis ma cuite d'hier soir, avoue Javier.

Je tourne des yeux en étendant un pâle sourire.

— Et Andrea en pense quoi de tout ça ? Cameron a dû rentrer plus défoncé que toi, riais-je.

Il écarquille les yeux en orientant sa tête vers moi.

— Privé de sexe pendant deux mois, dit-il en s'étranglant comme si c'était un SOS.

J'étouffe sous mes rires à même de m'en faire mal au ventre. Cameron est le fiancé de la sœur de mon meilleur ami Ayden. Le pauvre ça ne fait pas un an qu'il est sorti d'un coma qui a duré deux ans et il se retrouve déjà privé de sa fiancée.

Il se saisit de l'arme en la tapotant sur le canapé.

— Carlos reviendra, Isis, dit-il dans un murmure pour tenter de me rassurer.

IsisWhere stories live. Discover now