Chapitre 4

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Elena


Je ne me suis finalement pas évanouie.

Pour me laisser digérer le choc, il m'a conduit jusqu'à ma dite chambre et m'a expliqué que les deux pièces que j'avais vues dans le couloir sont nos appartements et nos salles de bain respectives.

Je suis totalement déboussolée. À tel point que j'ai fixé le vide jusqu'à ce qu'il me laisse tranquille et que je m'écroule sur le lit. Le matelas est confortable, et la chambre est très spacieuse avec un lit grand format, une bibliothèque près de celui-ci, un large bureau, un espace assez étendu pour que je puisse faire ce que je souhaite ainsi qu'une minuscule cuisine au fond de la pièce. Tout ce qu'il faut. Mais pourquoi avoir initié un tel projet ? Qui pourrait postuler pour un job pareil ? Il ne faut pas avoir de vie privée pour accepter. Peut-être que mon malheureux coloc d'observatoire a également été envoyé ici contre sa volonté. C'est évident.

Bon. Allez, Elena, ressaisis-toi, me dis-je en claquant mes joues.

Quatre semaines, ça peut passer plus vite que je me l'imagine. Je dois essayer d'être relativiste au moins une fois dans ma vie. Sinon, je risque de perdre tous mes cheveux avant le coup de téléphone de Robinson dans trente et un jours – fin de mon supplice.

Je soupire et tire ma crinière brune vers l'arrière.

Si j'avais refusé, je serais sûrement repartie avec un carton entre les mains, rempli de mes affaires, plutôt qu'un billet d'avion pour le Chili. En d'autres termes, soit j'acceptais ce test, soit je disais adieu à la NASA. C'était une option inenvisageable. Je ne me suis pas battue toutes ces années pour réussir un petit temps et m'arrêter là. Ma carrière a encore tellement à m'apporter. Je ne dois pas me focaliser sur cette erreur.

Je mentirai tout de même en prétendant ne pas être effrayée par la suite. Est-ce que je retrouverai mon poste de chercheuse ? Est-ce que je serais assignée à la surveillance satellite pour le restant de mes jours ?

Je ne sais pas de quoi sera fait mon avenir après les quatre semaines de mise à pied, mais une chose est certaine : je ferais tout pour redorer ma carrière et enterrer cette bêtise.

Quitte à m'excuser auprès de Robinson et de tous les bureaucrates présents à cette réunion. Quitte à promettre de ne plus jamais évoquer la lune. Parce que je ne sais pas ce que je deviendrai sans la NASA, sans cette adrénaline qu'on ne peut connaître ailleurs que dans une équipe de recherche spatiale.

Je souris en me rappelant l'odeur de nos bureaux. Les fous rires de notre équipe après une pause. La sensation indescriptible d'avoir mis la main sur une piste. De tout rapidement noté sur notre tableau pour commencer les calculs et pointer nos regards sur l'éventualité d'un quasar supermassif.

Je vis pour l'astrophysique.

Je dois me ressaisir. Mon grand-père aurait voulu que je fasse une carrière aussi grande que la sienne, j'en suis certaine. Il aurait été fier de moi. Enfin... Sauf en ce moment. Là, il doit me regarder d'un mauvais œil.

Le reste de la journée, je suis encore en congé forcé. Je n'entamerais le travail que demain. Avec...?

Je redresse la tête. Je crois qu'il ne m'a même pas donné son nom.

Peu importe.

Je prends une douche et m'enferme à double serrure dans ma chambre. Je feuillette les livres qui ont été mis à ma disposition. Quelques règles de bases sur l'utilisation d'un télescope de ce calibre, des manuels d'astrophysiques et d'astronomies. Sérieux ? Ils me prennent pour une lycéenne qui a besoin de manuels pour se rappeler les principes de physique ?

Les étoiles dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant