Chapitre 35

44 4 0
                                    


Elena



Trois semaines plus tard,

Août.


Je manque de me brûler le bout du doigt en allumant cette satanée bougie. Je pose le verre bien aligné avec tous les autres et je range le briquet dans ma poche. Puis, je lisse ma robe avec nervosité.

Je ne sais pas trop ce que je fabrique, à vrai dire. Il s'est quand même écoulé presque un mois depuis mon rendez-vous avec Robinson. Le temps pour moi de réfléchir à sa proposition, de l'accepter – aussi surprenante fut-elle – et de tout mettre en place. La dernière étape, et pas des moindres, est de me confronter à lui.

Je racle ma gorge en fixant la lourde porte bétonnée au bout du couloir, toujours fermée. Les écrans d'ordinateurs à mes côtés indiquent 20 H. Normalement, il ne devrait pas tarder à revenir du poste de sécurité où j'ai demandé à Call de le tenir à distance, le temps que je... eh bien, prépare tout.

Je n'ai jamais été une grande romantique. C'est certainement la dernière chose que je pensais faire dans ma vie : une déclaration. Pourtant, me voilà, dans ma plus belle robe rouge, prête à lui jouer le grand jeu. Parce que si même ça ne suffit pas pour me pardonner, je ne saurais plus quoi faire.

Le grincement métallique caractéristique de l'entrée de l'observatoire réveille en moi un feu d'artifice. Je croise les mains dans mon dos et écrase mes phalanges pour contenir l'explosion dans mon ventre.

Il est là.

Toujours vêtu de son habituel blouse blanche de scientifique, il pénètre à l'intérieur et s'arrête net devant l'allée de bougie que j'ai mise en place. Son visage me parvient d'abord flou jusqu'à ce qu'il remonte lentement le couloir jusqu'à moi. Là, Ian se découvre entièrement et sa beauté mêlée à sa fatigue me frappe. Mes lèvres tremblent tandis que mon cœur s'affole.

Ne pas l'avoir vu pendant plus de deux mois a été un véritable supplice. Je m'étais attachée à lui bien plus que ce que j'aurais pu croire. Parce que, malheureusement, je n'avais pas compris tout de suite ce qu'il avait réellement représenté à mes yeux.

Les siens sont d'ailleurs entourés d'un voile sombre et de cernes marqués qui me fendent le cœur. Je sais que c'est ma faute s'il a autant souffert.

Je garde malgré tout la tête haute et bombe le torse à son approche. Il reste à bonne distance, scrutant les flammes des bougies qui nous enveloppent dans une ambiance chaleureuse.

— Elena ?

— Salut, Ian.

La surprise l'empêche encore de tout autre réaction et j'en profite pour commencer à parler la première.

— Je sais que...

Allez, du cran ! Je peux le faire !

Je ravale ma salive, transformée en bloc de béton, avant de reprendre.

— Je sais que tu dois me détester à l'heure actuelle. Ou en tout cas, m'en vouloir profondément.

Face à la vérité de mes paroles, ses poings se contractent le long de son corps longiligne.

— Je suis désolée de t'avoir brisé le cœur. Je suis désolée d'être partie, désolée d'avoir tout gâcher. Mais, Ian, je t'aime.

Je marque une pause, mon organe vital au bord de mes lèvres, le souffle court. Je l'ai dit.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now