Chapitre 11

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Ian


La porte claque.

Elle m'a claqué la porte au nez !

Tel un automate pas trop certain de ce qu'il pense, ni de ce qu'il est censé ressentir, je me retourne et m'adosse contre celle-ci. Mon cœur bat à deux cents à l'heure. Vitesse non autorisée pour un organe vital.

Ma salive a du mal à passer dans ma gorge. Je ne réalise pas ce qu'il vient de se produire. C'était une espèce de supernova ou de collision entre deux galaxies.

Quelque chose s'est remué à l'intérieur de mon corps humain. Pas comme dans Alien, non. Une sorte d'explosion de chaleur qui s'est répandue de mon torse à la pointe de mes orteils.

Une main contre mon palpitant, je vérifie d'être encore en vie.

Des femmes, j'en ai connu. Des corps, j'en ai touché. Des regards, j'en ai croisé. Mais, pas comme Elena Dawson. Elle me retourne, ni plus ni moins. Elle a ce truc étrange qui m'attire à elle. Elle joue avec mes émotions à longueur de journée, des hauts comme des bas.

Je déglutis et prends une profonde inspiration avant de retourner à mes occupations. Malgré mes recherches et ma documentation, je ne parviens à oublier son odeur de la journée. J'ai beau tourner les pages des archives du labo, vérifier des graphiques thermiques sur mon ordinateur et tenter quelques calculs de trajectoire de la lumière, c'est comme si mes pensées me dirigeaient constamment vers le brun de ses iris.

Je m'agace contre mes feuilles et les repousse vivement sur mon clavier. C'est un monde ça de ne pas pouvoir se sortir de la tête trente secondes de sa vie. Les trente secondes les plus longues, certes.

Je soupire et laisse tomber pour ce soir. Je vais me mater quelques épisodes de Startreck et tenter de m'endormir sans avoir son visage qui pop dans mon esprit tel un panneau clignotant de vidéo club.

Le lendemain matin, ou plutôt, le lendemain midi, je suis réveillée par un bruit strident et un petit crie.

Elle va finir par me faire avoir une crise cardiaque à mon si jeune âge !

Je tire mon drap et m'extirpe à toute vitesse de ma chambre. Je la retrouve accroupie dans le petit coin « pause » de notre espace travail. Face au placard à rangement de nourriture, Elena essaye de rassembler les débris d'un mug brisé au sol.

Ouf, ce n'était que ça.

À moitié encore endormi, je me baisse pour l'aider à ne pas se couper. Elle relève à peine la tête vers moi et récupère quelques morceaux de porcelaine dans sa paume. Elle est têtue comme une mule, c'est dingue.

Nos doigts se frôlent par inadvertance sur le dernier bout cassé et nos regards se croisent. Un battement plus fort que les autres secoue ma poitrine. Je cligne des yeux et racle ma gorge.

— Euh, tenez. C'est fragile ces machins-là ! m'exclamé-je.

C'est la seule chose qui me soit venue pour noyer un peu le poisson. Elle acquiesce simplement et dépose ses morceaux dans l'évier à côté des miens.

— Désolée, dit-elle.

— Pour ?

— D'avoir échappé le mug.

— Oh. Excusez-vous plutôt de m'avoir réveillé !

Cette fois, c'est un mauvais regard qu'elle me lance et je manque d'éclater de rire. Je me retiens de toutes mes forces, pinçant les lèvres.

Les étoiles dans tes yeuxWhere stories live. Discover now