Les étoiles dans tes yeux

Chapitre 16

Ian

Elle m'obsède.

Qui ? L'étoile ? Elena ?

Les deux, sans doute. La voir travailler ainsi sur ma découverte. Ses cheveux bruns ondulés qu'elle coince derrière son oreille ou dans un chignon, son froncement de sourcil, sa peau mate qui semble si douce, son grain de beauté juste au-dessus de la lèvre... Ouah. Je suis carrément attiré par ma prétentieuse et mystérieuse collègue.

La décharge dans ma poitrine m'a transpercé en croisant son regard déterminé face aux équations vertigineuses qu'elle écrivait sur le tableau blanc. Cette passion pour la recherche dont elle ne cesse de se vanter, on peut dire que je me la suis prise en pleine figure. J'ai été frappé par les émotions qui transpiraient dans ses yeux et l'intelligence dont elle a fait preuve. Elena est assez hors du commun dans son genre. Faire cette découverte avec elle, sentir l'adrénaline nous subjuguer l'un l'autre, au même instant... c'était indescriptible.

Ce matin, je n'ai plus les mots. Après une bonne nuit de sommeil, j'ai réalisé tout ça.

Enfin, et aussi ce qu'elle m'a avoué avant de m'abandonner aux bras de Morphée. À savoir que cet idiot de Chan a ouvert sa grande bouche et qu'il va profondément m'entendre !

Malgré tout, il n'a pas tort. J'ai eu beaucoup de problèmes avec les femmes dans mon passé. Quelles soient du corps de métier ou non. Femmes comme, parfois, hommes. Mes relations ne se sont jamais bien terminées et les amitiés, jamais durées. La cause ? Ma fichue célébrité que je n'ai jamais demandée, mais qu'on m'a imposé.

Je soupire en y repensant, ma gomme astronaute entre les doigts que je triture pour m'occuper.

Je n'ai rien contre leur genre à proprement parlé. J'ai seulement eu tellement de mauvaises expériences avec elles, que j'ai fini par m'en éloigner le plus possible. Parce qu'elles me courtisent, me dévorent du regard, m'admirent, me redoutent. Pour toutes ces raisons.

Mais, avec Elena... C'est si différent. On dirait que je suis une personne normale, qu'elle n'a pas peur de moi, n'ait pas intimidé par mon statut. Elle n'est peut-être même pas au courant de qui je suis réellement !

Je ne sais pas si c'est une super idée de commencer à craquer pour sa collègue de travail. D'autant que nous sommes presque en colocation, mais je ne peux m'empêcher de me poser toutes ces questions à son sujet. Je ne peux m'empêcher d'avoir ce petit pincement dans la poitrine lorsque son regard croise le mien.

J'ai bien cru devoir demander à ce qu'on me transfère au début, avec son caractère bien trempé et ses idées positionnées.

Comme quoi, la haine n'est jamais très loin de l'amour ?

Enfin, non. N'allons pas jusque-là. Je ne suis pas amoureux, c'est un bien grand mot. Je suis juste... mystérieusement attirée par cette femme à l'accent du sud et au visage étonnamment expressif.

Le soleil vient à peine de se lever tandis que je m'amuse à pivoter sur ma petite chaise de bureau, dans ma chambre. Je n'ai pas beaucoup dormi, il faut dire.

Je m'apprête à me diriger vers ma salle de bain lorsque mon téléphone portable sonne.

Face au nom qui s'affiche, le silence devient encore plus assourdissant.

« Le vieux »

La gomme m'échappe des mains, mon âme suivant sa course jusqu'au sol.