Chapitre 12

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Elena



Pourquoi faut-il que ce soit ce matin que mon logiciel décide de planter ?

Je grogne en martelant mon clavier. Grâce à la luminosité parfaite de cette nuit, les clichés enregistrés par le télescope sont d'une qualité merveilleuse.

Alors pourquoi, cher logiciel de reconnaissance et de mesures distancielles, tu décides de me faire péter un câble ?!

Je tape, encore et encore, sur toutes les touches. Il faut dire que je suis aussi à bout émotionnellement. Je ne dors plus beaucoup ces derniers temps. Un certain regard bleu azure s'immisce dans le moindre de mes rêves, même les plus intimes. Après mon cœur, me voilà à présent trahi par mon cerveau. À quel moment dans une vie, on en vient à perdre le contrôle de son corps pour des choses aussi futiles ? Ça me passe au-dessus de la tête.

J'abandonne et repousse ma chaise en soupirant. Ian se marre juste à côté et je lève les yeux au ciel.

C'est ça, rira bien qui rira le dernier, comme on dit.

Son talkie-walkie émet soudain un bruit étrange, suivi d'une voix :

Ian ? Ouais, c'est encore la parabole. Tu peux venir, s'il te plaît ?

Il attrape l'objet et verrouille la fréquence pour répondre à son interlocuteur. Puis, il me jette un coup d'œil et affirme d'un air faussement épuisé :

— Aaah... Que feraient-ils sans moi ?

Ma bouche s'ouvre sans mots. Ses lèvres s'étirent en coin et mon cœur – cet idiot – sursaute.

NON ! Ça suffit ! Il n'est pas attirant, Elena, arrête avec ça, m'avertis-je moi-même.

Il disparaît dans le couloir de nos appartements avant que je n'aie pu dire quoi que ce soit.

J'attends que la porte bétonnée se referme entièrement pour pousser un râle de frustration et taper du pied. Oui, il me rend dingue.

Le silence de la pièce, seulement bercé par le souffle des appareils, me gagne. Je suis seule. Il n'est pas prêt de revenir avant un bon petit moment. Pourquoi ne pas en profiter pour mettre mon plan à exécution et partir à la recherche de ses défauts les plus insoupçonnés ? La recherche, c'est mon truc ! Ils feront oublier à mon esprit pervers, et visiblement perturbé par la situation, les choses qu'il croit ressentir.

C'est ainsi que, munie d'un carnet que je récupère dans ma chambre, je fonce me cacher dans la sienne. J'ouvre doucement sa porte et pénètre sur la pointe des pieds – jusqu'à me rendre compte que j'ai l'air ridicule. Je me redresse et allume la lumière. La seule fenêtre de nos appartements se trouve malheureusement dans les salles de bains. D'après le manuel que j'ai trouvé le premier jour, ce nouveau système d'immersion pour scientifique inclus peu de lumière pour éviter de nuire à l'observation du télescope.

Aucun sens, nous sommes d'accord.

Les attraits de son intimité se dévoilent peu à peu à moi. Son lit en vrac dont la couverture traîne à moitié par terre, son tapis de course qui doit lui permettre de garder la ligne malgré toutes les cochonneries dont il s'empiffre et son bureau jonché de différents livres de photographies et d'astronomie ainsi que plusieurs objets divers – tous en forme d'astronaute.

Note à moi-même : ce gars est mordu.

Je prends soin d'éviter les vêtements éparpillés au sol tandis que je poursuis mon exploration. Il est aussi arrogant que bordélique.

Les étoiles dans tes yeuxحيث تعيش القصص. اكتشف الآن