Chapitre 9

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Elena

Comment j'ai pu être aussi stupide hier soir ? Trop de caféine ? Une mauvaise nuit ? Un mélange des deux ? Il m'avait tellement retourné le cerveau la nuit précédente que j'ai – je ne sais pourquoi – trouver bon de lui sortir cette phrase pleine d'acide et de venin... Enfin, après tout, il l'a bien mérité !

— Bonjour mademoiselle Dawson, s'écrie une voix dans mon dos.

Je sursaute sur ma chaise roulante et me tourne face à l'intrus. Ce n'est autre que l'agent de sécurité en chef qui tient deux tasses fumantes dans ses mains.

Mon sauveur.

— Bonjour, Call !

Je me lève pour récupérer un des mugs qu'il me tend et savoure l'odeur délicieuse et amère d'un café bien serré. Comme mon grand-père l'aimait.

À cette pensée, mon cœur s'alourdit. Je repense à lui, donc aux paroles qui me sont revenues avant-hier, et donc à celles que Ian m'a balancé à la figure. Mon sourire s'efface et j'offre une mine affreuse à l'agent de sécurité.

Dans un soupir, je me réinstalle sur mon siège. Call m'imite et se place face à moi.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? s'empresse-t-il de demander en retirant sa casquette noire.

Pour la première fois, je remarque le peu de cheveux sur sa tête, pour ne pas dire aucun. Ça lui donne un certain charme qui s'accorde bien avec la forme de son visage mi-bienveillant, mi-dur. Un vrai nounours attentionné.

Un mince sourire, bien que peu enthousiaste, étire mes lèvres au bord de ma tasse.

— Ce n'est rien. Un simple désaccord entre collègues.

En réalité, c'est bien plus, mais je n'arrive pas à me l'avouer. C'est plus fort que moi, je ne comprends pas ce qui a pu mettre Ian en rogne et l'avoir blessé à ce point pour qu'il se retourne contre moi. Je secoue la tête et bois une gorgée, espérant que le café ravive mes pensées et efface ce brouillard énervant.

Call pince les lèvres et se laisse aller sur son dossier.

— Quand le feeling ne passe pas, il ne vaut mieux pas forcer.

Le pire ? C'est que le feeling passe étrangement plus qu'il ne devrait entre Ian et moi. C'est agaçant comme il peut être à la fois insupportable et à la fois si intrigant. Il en deviendrait presque attirant.

— Non, ce n'est pas ça... Disons qu'on n'est pas d'accord sur la véritable spiritualité de notre métier.

Ses sourcils se haussent sur son large front.

— Je suis perdu, avoue-t-il.

Son franc-parler me tire un petit rire. Et il en faut beaucoup pour réussir à raviver ma bonne humeur.

— Pour faire simple, il est convaincu qu'il faut aimer regarder les étoiles et être fasciné par l'espace pour vouloir faire de la recherche dans l'astronomie ! Vous y croyez ? ricané-je devant l'absurdité de mes propres mots.

— Ce n'est pas le cas ? demande-t-il, la tête légèrement penchée sur le côté.

Ma salive se coince dans ma gorge et je stoppe tout mouvement. Lui aussi ? Pourquoi s'attacher à une idée si simpliste ?

— Euh n-non... Enfin, on n'est plus des enfants qui rêvent d'aller sur la lune, marmonné-je.

Call émet un son, boit une longue gorgée chaude – j'ai mal pour sa langue – et répond :

Les étoiles dans tes yeuxOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz