Chapitre 15

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Elena



J'ai hésité à faire mon jogging ce matin, avec le vent de plus en plus fort chaque jour. Mais me voilà chaussée de mes baskets, à étirer mes jambes et mes bras, prête à courir pour me défouler. Quoi de mieux que de se dépenser au réveil pour extirper toutes les mauvaises ondes et les mauvaises pensées. La journée n'en sera que meilleure !

— Puis-je me joindre à vous ?

Je me retourne, surprise de cette voix grave qui contredit la musique dans mes oreilles.

— Call ! Bonjour ! m'exclamé-je en retirant mes écouteurs.

— J'espère que je ne vous ai pas fait peur.

— Du tout, non.

Il m'offre un large sourire timide. Il est tellement agréable et gentil avec moi. Sa présence apaise la tension dans mes épaules. Un ami compréhensif, voilà ce dont j'ai besoin.

J'acquiesce à sa demande et nous nous lançons en trottinant tranquillement. La brise soulève la poussière ocre du sol à chacun de nos pas. Au bout d'une bonne vingtaine de minutes, je m'arrête, dégoulinante de sueur et je sors ma mini gourde de la poche sur ma hanche.

— Vous ne vous débrouillez pas trop mal, dit-il.

— Merci ! Et vous avez de l'endurance à revendre.

— Toujours, madame, répond-il solennellement.

S'il avait sa casquette de sécurité, je suis certaine qu'il l'aurait penché pour imiter le geste militaire. Plus sérieusement, il a une carrure impressionnante. Je la distingue mieux sans ses vêtements habituels. Là, il s'est vêtu d'un débardeur sans manches et d'un short de sport. La sueur perle sa peau bronzée qui luit au soleil. Ses muscles sont saillants.

Je déglutis et hoche la tête.

— Ç'a des avantages d'être maître de la sécurité, j'imagine.

— On peut dire ça. On se fait le chemin inverse à la compèt' ?

Oooh, il touche un point sensible.

J'adore la compétition. Je range aussitôt ma gourde dans ma poche transportable et à mon tour, je souris de toutes mes dents.

— Que le meilleur gagne, agent Call.

Sur ces mots, nous échangeons un coup d'œil complice et nous partons à vive allure. Nos chaussures martèlent le sol chilien. Il me rattrape aisément, mais sur la dernière ligne droite en montée, lorsque l'observatoire se redessine derrière le voile flouté de la chaleur, j'accélère de toutes mes forces. Nous atteignons en même temps l'endroit où nous étions partis. Le sprint n'est pas vraiment mon truc d'habitude alors, même s'il n'y a aucun gagnant, je suis fière de ma remontée.

Cette bonne dose d'adrénaline était ce dont j'avais besoin pour me vider la tête.

Malgré tout, je n'ai pas la cinétique de Call. Aussitôt arrivée en haut, je m'effondre à genoux et j'inspire l'air à plein poumon. Je repousse les mèches collées à mon front et éclate de rire. Un rire sincère et nerveux à la fois. Un rire qui libère mes angoisses.

— Bravo, Elena, vous m'avez donné du fil à retordre !

Ma poitrine se secoue encore plus lorsqu'il me tend sa main pour m'aider à me relever. Il me ramène debout avec une facilité déconcertante. Les hommes baraqués ne m'attirent pas, mais je pourrais presque faire une exception pour l'agent Call avec le beau sourire qu'il m'offre.

Les étoiles dans tes yeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant